Algérie

Les enseignants du technique reviennent à la charge



Les enseignants des lycées techniques ont demandé hier, et pour la énième fois, l'abandon du plan de démantèlement des lycées techniques et technicums, qui se poursuit dans le cadre de la réforme du système éducatif.

Les membres de la Coordination nationale des lycées techniques et technicums (CNLTT) se disent persuadés que l'enseignement technologique prôné par le ministère de l'Education ne pourra jamais remplacer l'enseignement technique notamment sur le plan qualitatif. Le porte-parole de la coordination, Bendaïkha Kamel, a abordé dans le détail ce qu'il qualifie de «dégâts» enregistrés suite à l'application du projet de restructuration de l'enseignement technique, en marge de la conférence de presse tenue hier au siège de la Ligue pour la défense des droits de l'homme.

Il a rappelé que la reconversion des lycées techniques et des technicums en lycées d'enseignement général a engendré un sureffectif de plus de 80% des professeurs de l'enseignement technique, soit 6.000 enseignants en sureffectif. Sans parler de la fermeture des laboratoires et des ateliers, laissant à l'abandon les équipements et les installations techniques achetés à coups de milliards. Les membres de la CNLTT ont également dénoncé, à travers leur intervention, le déclassement des enseignants des lycées techniques. Le porte-parole de la coordination a affirmé que les ingénieurs se sont vus rétrogradés, passant du statut de professeur ingénieur à celui de professeur d'enseignement secondaire. Et d'ajouter que les professeurs des lycées techniques, dont le dernier à une expérience de 20 années d'exercice, ont été classés à la même catégorie que les instituteurs des écoles primaires. Sans oublier les diplômés de l'Ecole normale supérieure d'enseignement technique qui, selon les conférenciers, se sont retrouvés sans avenir professionnel. Sachant que leur recrutement en tant qu'enseignant du technique devait se faire systématiquement.

Pour rappel, la Coordination nationale des lycées techniques a entrepris, depuis 2006, plusieurs démarches auprès de toutes les instances, y compris les partis politiques. «Mais en vain. Le plan de démantèlement de l'enseignement technique se poursuit au détriment d'un meilleur enseignement technologique et au détriment des enseignants du technique», a indiqué une enseignante affectée, contre son gré, au lycée d'Ibn El-Haïthem (enseignement général). Les membres de la CNLTT rappellent qu'ils ont déjà entamé des procédures en justice contre l'académie d'Alger qui avait procédé à des «mutations abusives des enseignants du technique sous prétexte de la nécessité du service».

Les enseignants du technique ont précisé que le problème du sureffectif persiste malgré les «opérations de camouflage» et qu'il sera plus ressenti dès septembre 2008. «Le ministère de l'Education nationale entamera la généralisation de la filière technique mathématique dès cette date. Ce qui va générer à coup sûr la dispersion des enseignants à travers les lycées d'enseignement général», ajoute Bendaïkha. Les contestataires de ce projet sont convaincus que l'enseignement technologique ne sera jamais bien dispensé dans notre pays. Les lycées d'enseignement général sont dépourvus, par définition, d'équipements technologiques spécifiques, de laboratoires et d'ateliers.

Enfin, les enseignants du technique affirment qu'ils ne vont pas se taire devant l'enterrement programmé de l'enseignement technique, qui reste pour eux un acquis considérable de l'Algérie indépendante. Ils appellent sereinement les pouvoirs publics à ouvrir le dialogue sur les perspectives pour un enseignement technologique et technique rénové et de qualité.






Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)