Algérie - Réglementations

Les enseignants du technique «auront le choix»



Les déclarations des ministres de l’Education nationale et de l’Enseignement professionnel au sujet de la réorganisation de l’enseignement technique se sont multipliées ces dernières 48 heures.

Hier à Alger, le ministre de l’Education nationale, M. Boubekeur Benbouzid, a déclaré que le transfert des enseignants de l’enseignement technique du secteur de l’Education nationale vers le secteur de l’Enseignement et de la Formation professionnels, prévu avant 2007, «ne sera pas obligatoire». Dans une déclaration à la presse, en marge d’une conférence organisée par le ministère en faveur des représentants des syndicats nationaux pour les informer sur le statut général de la fonction publique, dans le cadre de l’élaboration du statut des enseignants et des travailleurs du secteur, M. Benbouzid a rassuré les enseignants concernés que la décision de leur transfert vers le secteur de l’Enseignement et de la Formation professionnels «se fera en fonction de leur choix».

Il a en même temps souligné que «les enseignants qui seront transférés vers le secteur de l’enseignement professionnel garderont leur statut socio-professionnel». Le ministre a affirmé que «son secteur a besoin de près de 90% de l’effectif actuel des enseignants du technique», précisant que «les enseignants qui préfèrent rester sous la tutelle du ministère de l’Education nationale seront recyclés». M. Benbouzid a rappelé que «9.000 nouveaux postes budgétaires seront créés au courant de cette année pour les enseignants dans l’objectif de répondre aux besoins du secteur en la matière». Le transfert des enseignants techniques sera accompagné par celui des établissements de l’enseignement technique au ministère de la Formation et de l’Enseignement professionnels.

Pour justifier la décision de transfert de la tutelle de l’enseignement technique, le premier responsable du secteur de l’éducation dira que «90% des élèves ayant réussi au baccalauréat technique ont échoué dans leurs cursus universitaires en raison des lacunes de l’enseignement technique, ce qui a influé négativement sur leur intégration dans les spécialités de leur choix dans l’enseignement universitaire. Dans ce contexte, M. Benbouzid a annoncé «l’ouverture, à partir de l’année prochaine et pour la première fois, de nouvelles spécialités dans la filière maths-techniques». Le ministre a précisé que le cursus des étudiants du technique «sera sanctionné par des diplômes reconnus, au même titre que le baccalauréat». «Certains pourront ainsi intégrer la vie professionnelle, alors que les autres lauréats majors de promotion seront orientés vers l’enseignement supérieur pour obtenir «une licence professionnelle» dans le cadre du système LMD, a-t-il ajouté. De son côté, le ministre de la Formation et de l’Enseignement professionnels, El-Hadi Khaldi, a déclaré hier à Alger que «l’enseignement technique ne sera pas dispensé dans les centres de formation professionnelle mais plutôt dans des instituts supérieurs».

Il a déclaré en outre que «la carrière professionnelle des enseignants du technique restera toujours sous la tutelle du ministère de l’Education nationale». M. Khaldi a précisé que dans l’attente de la réalisation d’Instituts d’enseignement professionnel», des lycées ainsi que des Instituts nationaux supérieurs professionnels et de formation professionnelle (INSP et INFP) «seront mis à la disposition de l’enseignement technique».




Ce sont ce genre de réflexions qui ont fait sombrer l'Enseignement technique pour le remplacer par un système qui n'existe que chez nous et dont les résultats catastrophiques apparaissent actuellement lors des épreuves du BAC, puis à l-Université et enfin au niveau du marché du travail, particulièrement dans les milieux industriels. J'ai assisté à la soutenance de quelques candidats pour l'obtention de la Licence en mécanique, j'ai été sidéré en constatant le niveau extrêmement bas (pour ne pas dire catastrophique) des candidats. Candidats qui, il faut le souligner, ont tous obtenu leur diplôme et....avec des notes bien bien au dessus de la moyenne ; Alors que de mon point de vue, le moins mauvais d'entre eux ne méritait pas les 05/20. Un de ces malheureux étudiants n'arrivait pas à lire la "thèse" qu'il avait élaborée et écrite de ses mains.
Atman BOUHARIRA - Retraité de l'Enseignement Technique - ORAN, Algérie

15/08/2017 - 348052

Commentaires

article publié en janvier 2007 dans "le Quotidien d'Oran". il demande donc d'être quelque peu d'être actualisé. respectueuses salutations. RÉFLEXION SUR L’ENSEIGNEMENT TECHNIQUE EN ALGÉRIE I- PRÉAMBULE II- BREF HISTORIQUE III- ENSEIGNEMENT TECHNIQUE, ENSEIGNEMENT PROFESSIONNEL ET FORMATION PROFESSIONNELLE IV- LA MONDIALISATION ET SES CONSÉQUENCES SUR LE SYSTÈME D’ENSEIGNEMENT ET DE LA FORMATION V- CONCLUSION-SUGGESTIONS VI- LEXIQUE ------------------------------------------------------------------------------------------------ I- PRÉAMBULE Ceci est la réflexion d’un enseignant retraité, qui a passé une quarantaine d’années dans l’enseignement technique et qui a voulu parler du métier qui l’a passionné toute sa vie durant. C’est à l’occasion de rencontres avec d’anciens collègues toujours en fonction, que j’ai décidé de faire part de mon point de vue, espérant enrichir le débat, sur un sujet qui demeure une des préoccupations les plus importantes de l’éducation nationale depuis au moins les trente dernières années; pour notre pays autant que pour la quasi totalité des autres pays du monde. A la différence qu’ailleurs, le devenir de l’enseignement technique est une priorité majeure. Il faut dire que si la communauté de l’enseignement technique s’inquiète beaucoup des changements intervenus ces dernières années, l’incertitude sur la stabilité de leur poste de travail affole sérieusement les professeurs. Mais doit-on nous inquiéter seulement sur le devenir des enseignants? Partant de mon expérience en qualité de professeur technique, professeur chef d’atelier, professeur chef de travaux, de formateur puis directeur régional de deux antennes du CAMEMD durant les quatre dernières années de ma carrière; années durant lesquelles j’ai effectué plusieurs missions à l’étranger (Italie, France, Espagne, Angleterre), j’ai pensé pouvoir exprimer là un avis de terrain, espérant apporter une modeste contribution à l’éclaircissement de ce pan très important pour ne pas dire vital pour l’avenir de notre éducation et par extension, de notre industrie nationale. En l’absence de communication et d’informations concernant les motivations ainsi que les modalités du transfert de l’E.T à la Formation Professionnelle, j’ai inventorié une série de questions ou de préoccupations relatives à l’E.T auxquelles j’ai essayé d’apporter un embryon de réponse. - Quel est l’état de l’enseignement technique de notre pays aujourd’hui? - Pourquoi des changements? - Comment et sur quels critères sont élaborés les programmes et les horaires et par qui? - Qu’est ce qui a changé dans le monde et qui influe directement sur l’E.T.? - A-t-on tenu compte de l’élément éducatif de l’élève futur ingénieur, futur technicien ou simple ouvrier? - A-t-on simplement tenu compte de notre milieu industriel et plus généralement de notre marché du travail? A mon humble avis, il me semble que non. Et c’est ce qui a motivé cette réflexion. II- BREF HISTORIQUE L’enseignement technique a réellement vu le jour en Algérie dans les années vingt avec la création des écoles professionnelles. La formation des ouvriers se faisant jusqu’alors sur le tas dans les ateliers et usines privés; puis à la fin des années trente avec la création des centres de formation professionnelle des adultes (pour soutenir l’industrie de guerre). Ces écoles et centres étaient chargés de former, à travers un enseignement axé essentiellement sur la formation pratique, les ouvriers destinés aux rares petites usines ou entreprises implantées dans les grands centres ou aux ateliers de réparation de matériel agricole. Ces établissements accueillaient principalement des enfants de colons et quelques enfants de privilégiés algériens. Ceux-ci étaient plus facilement orientés vers la formation professionnelle que vers les écoles professionnelles. Ce n’est qu’à partir de 1945 que des centres d’apprentissage (CA) sont créés. Ils accueillent les élèves issus du primaire ne pouvant accéder au collège ou au Lycée. Ces derniers sont orientés vers les CA pour l’acquisition d’un CAP au bout de trois années d’études. L’enseignement dispensé comprenait environ 60% de travaux pratiques pour seulement 40% d’enseignement théorique. Ces établissements accueillent un peu plus d’algériens mais l’obtention du CAP n’était pour eux pas chose facile. A partir de 1958 les centres d’apprentissage deviennent des Cours Complémentaires d’ Enseignement Professionnel (CCEP), quelques collèges et Lycées techniques voient le jour dans les grands centres comme Alger, Dellys, Oran, Constantine et Annaba. Les collèges et les Lycées pour la formation de techniciens tandis que les CCEP pour les futurs ouvriers. L’accès pour les algériens devient plus facile dans les CA et CCEP que dans les Lycées ou collèges. Les diplômes délivrés sont le Brevet d’enseignement Industriel (BEI) ainsi que le Brevet Professionnel (BP) pour les collèges techniques, le Baccalauréat technique pour les Lycées techniques tandis que le CAP se préparait toujours en trois ans dans les CA et CCEP. Après l’indépendance, les CA deviennent Collèges d’Enseignement Technique (CET) puis Collèges Nationaux d’Enseignement Technique (CNET) où l’on prépare le CAP en trois années et où les programmes appliqués étaient ceux hérités d’avant l’indépendance (mise à part les matières sensibles telles que l’histoire, la Géographie…) En 1962 l’ENNEP (qui deviendra ENNET) est créée, pour assurer la formation des Professeurs Techniques Adjoints (PTA) ainsi que les Professeurs d’Enseignement Technique Théorique (PETT). L’école fermera ses portes au cours des années 70; elle est remplacée par l’ENSEP (qui deviendra ENSET) qui délivre la licence d’enseignement pour les professeurs techniques des Lycées techniques et Technicums. Il faut rappeler que vers la fin des années 60, le CAP est réformé, certaines spécialités disparaissent des CNET au profit de la FPA comme la plomberie, la menuiserie, l’ébénisterie, la maçonnerie, la mécanique auto, la ferronnerie-serrurerie etc… Les CNET gardaient pour eux les métiers de l’électricité et de la mécanique (ajustage, tournage, fraisage), qui deviendront par la suite mécanique générale option A et option B, et électricité bâtiment. Ceci, jusqu'en 1974 où les CNET disparaissent et avec eux les CAP (décernés depuis par la Formation Professionnelle seulement). Les CNET sont remplacés par les Technicums qui sont chargés de donner un enseignement modulaire de trois ans sanctionné par un Diplôme de Technicien (DT). Ces élèves étaient destinés soit alimenter directement le marché du travail, soit pour les meilleurs, un accès à l’université pour l’acquisition du diplôme de technicien supérieur (cycle court). Parallèlement, un bureau de recherche et de réalisations pédagogiques est créé à Oran «GÉCOPÉDAGOTECH». Un travail considérable a été réalisé; des programmes pour les technicums et les Lycées techniques sont élaborés. Ce bureau a été dissout avec le système modulaire dans les Technicums. Ce cycle n’a duré que trois années scolaires. Les technicums fonctionnent en parallèle avec les Lycées techniques, et utilisent les mêmes horaires, les mêmes programmes et délivrent les mêmes diplômes : le Baccalauréat de Technicien. Dans les années quatre-vingt les technicums ont proliféré à un rythme accéléré; les professeurs techniques adjoints sont intégrés dans le corps des professeurs techniques de Lycées techniques et le corps des Inspecteurs de l’enseignement technique et de la formation est créé. L’urgence a voulu que le seul critère de recrutement dans ce corps fût l’ancienneté en qualité de professeurs. Par ailleurs, durant les années 80-90 les horaires et programmes subissent plusieurs changements sans pour autant atteindre une véritable réforme ni même des sommets pédagogiques. Ces changements successifs ont toujours eu lieu sous la pression des universitaires et se traduisaient seulement par l’augmentation des horaires de mathématiques et de physique au détriment des travaux pratiques et des matières techniques. Ce système demeure jusqu’au résultat actuel que nous connaissons. III- ENSEIGNEMENT TECHNIQUE- ENSEIGNEMENT PROFESSIONNEL ET FORMATION PROFESSIONNELLE 1) L’Enseignement technique : Jusqu’en 2005, il a été conçu comme un enseignement «semi professionnel» du fait que les élèves sortant de ce système sont orientés vers le cycle court à l’université mais ne peuvent pas occuper un poste de travail directement en entreprise sans subir un stage ou une période d’adaptation plus ou moins longue; ce qui nécessite pour le recruteur, un investissement supplémentaire dont il pouvait se passer. En outre, les changements successifs d’horaires et de programmes n’ont jamais réussi à rendre cet enseignement à la hauteur de ce qu’il aurait du être; c'est-à-dire performant et en phase avec le niveau des entreprises qui elles, se sont quelque peu modernisées. 2) Enseignement Professionnel et Formation Professionnelle N’y a-t-il pas confusion entre Enseignement Professionnel et Formation Professionnelle? Quand on sait que les publics concernés par ces deux systèmes sont différents, que les méthodes pédagogiques sont différentes, que les objectifs de formation sont différents, que la durée de formation n’est pas la même, que l’organisation pédagogique des établissements n’est pas la même. S’agissant de la Formation Professionnelle, celle-ci s’adresse essentiellement à des adultes pour l’acquisition d’un métier dans un temps relativement court, afin d’occuper un poste de travail d’ouvrier qualifié; Tandis que l’enseignement Professionnel s’adresse aux sortants du collège pour suivre au moins trois années d’études en vue de l’acquisition d’un diplôme permettant, soit d’occuper un poste de technicien de niveau IV en entreprise, soit permettre la poursuite des études en institut universitaire pour une formation de technicien supérieur et pour les meilleurs, pouvoir aller jusqu’au diplôme d’ingénieur d’application. IV- LA MONDIALISATION ET SES CONSÉQUENCES SUR LE SYSTÈME D’ENSEIGNEMENT ET DE LA FORMATION Dans un écrit officiel de 1998, il est dit au sujet de la mondialisation et des mutations technologiques et la révolution de la communication:« Le monde contemporain, dopé par la révolution de l’information et de la communication, vit une accélération vertigineuse des connaissances, du savoir et des savoir-faire, eux-mêmes source d’innovations technologiques et de progrès social». «Le volume de la connaissance universelle double en moyenne tous les 10 ans et la moitié des données en technologie deviennent obsolètes au bout de cinq ans». «Dans un monde technologique qui tourne si vite, il n’existe plus guère de métiers parfaitement repérés et la crédibilité du système éducatif algérien résidera dans sa capacité à anticiper, conduire et maîtriser, conjointement avec les sphères de la vie professionnelle, l’évolution des métiers». Aucune connaissance acquise, ne peut l’être d’une manière absolue, définitive, l’apprenant doit avoir la capacité de revoir ses acquis en permanence, en tous les cas à chaque fois que de besoin. «Il doit apprendre à apprendre». Il est dit également: «Le développement accéléré des moyens de communication et des transports, l’intensification des échanges inter états, l’internationalisation des entreprises, la densification des rapports commerciaux et la mondialisation des enjeux ont bouleversé la vision du monde et conduisent aujourd’hui à la globalisation de l’économie mondiale». Par ce fait le marché du travail est amené à subir des changements qui auront une répercussion certaine dans le domaine de l’éducation et de la formation; s’imposera alors, une formation tout au long de la vie et le renouvellement régulier de l’enseignement technique et professionnel ainsi qu’un perfectionnement continu des connaissances et des compétences. «A moins qu’une réforme ne soit rapidement mise en œuvre pour accroître les performances du système éducatif, le pays risque de franchir le seuil du troisième millénaire insuffisamment préparé pour la compétition qui se dessine dans le cadre de la globalisation de l’économie mondiale, lorsque la croissance sera fondamentalement et plus que jamais basée sur le savoir scientifique et technique ainsi que sur les savoir-faire technologiques». A l’évidence, c’est d’une actualité brûlante. La plupart des pays, y compris les pays en voie de développement, ont depuis quelques dizaines d’années déjà, procédé à la réforme de leurs systèmes de formation et de leur enseignement technique en particulier. Cela à la lumière des changements économiques, sociaux et politiques induits par la MONDIALISATION. Au départ, la majorité de ces états étaient confrontés au même problème qu’était le décalage existant entre leurs systèmes de formation et le milieu industriel, lequel a évolué plus vite que l’E.T. C'est-à-dire que ce que nous enseignons à nos élèves est souvent dépassé par ce qui existe dans l’industrie. Ce qui nécessite des stages supplémentaires d’adaptation au poste de travail plus ou moins longs. Si chacun des ces pays a procédé selon ses propres impératifs à la réforme de son système de formation, tous par contre ont adopté une démarche généralement identique à quelques différences près. C'est-à-dire qu’ils ont tenu compte des bouleversements provoqués par la mondialisation sur le monde du travail. Tous ont élaboré une démarche rationnelle et sont arrivés à réaliser leurs objectifs, ou sont sur le point de le faire, avec plus ou moins de bonheur. Chez nous, le rapprochement entre l’école et l’industrie a été une préoccupation constante depuis au moins 1990 sans pour autant trouver une véritable solution à ce problème. Pourquoi? La réponse peut paraître simple de prime abord: le problème n’a pas été abordé sous tous ses aspects, et surtout sous l’aspect socio-économique. En effet, pendant longtemps nous avons pensé que l’institution des stages en entreprise ainsi que la conclusion de contrats de vente des objets fabriqués dans les établissements, allait régler le problème. Si ces décisions ont été sans aucun doute une bonne chose, il n’en demeure pas moins qu’on s’est vite aperçu que cela était insuffisant et que le problème était un peu plus compliqué. Nous devons savoir, par exemple, que la réflexion sur la conception d’un produit ou d’un service a complètement changé, que l’organisation de la production a changé, que les stocks de produits sont réduits au minimum, que l’on ne fabrique désormais que ce qui est potentiellement vendable et que ce produit pour se vendre, doit être conçu et adapté au besoin du client. Nous devons admettre que la gestion de l’espace et du temps est un élément très important dans la conception et la production; enfin que les notions fondamentales comme la précision, la rigueur, l’économie ainsi que l’esthétique doivent être inculquées très tôt à l’école et à fortiori dans l’Enseignement Technique et Professionnel. L’erreur serait de croire que ceci ne peut nous concerner, et considérer que notre enseignement et par extension notre industrie sont et demeureront attachés aux vielles méthodes du passé. Actuellement ni dans la définition de nos profils de formation, ni dans la définition des équipements technico-pédagogiques, ni dans l’élaboration des programmes d’enseignement il n’est tenu compte de ces changements. Beaucoup d’enseignants et de responsables pédagogiques, particulièrement ceux du technique se sont rendu à l’étranger à l’occasion de missions pédagogiques sous l’égide de l’inspection générale du Ministère ou de missions techniques sous l’égide du CAMEMD; ils auraient pu constater de visu ces profonds changements, cela aurait du les inspirer, ou éveiller leur attention; malheureusement cela n’a jamais été le cas… Autre incohérence : L’introduction de l’étude d’un logiciel de CFAO à partir de la deuxième AS. A-t-on pensé à ce que cela implique pour l’élève qui doit posséder certains pré requis comme par exemple, d’assez bonnes notions en informatique, en dessin assisté par ordinateur (DAO) et surtout de sérieuses notion en technologie des fabrications? Par ailleurs, nous avons pensé que l’introduction des machines à commande numérique allait moderniser notre enseignement technique. Là également l’opération s’est avérée insuffisante. Au sujet de la Commande Numérique: Depuis la mise en place des premières machines CNC en 1969, où six centres d’usinage de marque italienne ont été installés dans divers établissements à travers le territoire national, ceux-ci n’ont jamais fonctionné; de même que les tours CNC anglais acquis en 1982-83 puis en 1998 ainsi que quelques machines françaises. Sans compter l’insuffisance de la formation du personnel sur ce matériel, la technologie en ce domaine a considérablement évolué, ce qui a rendu toutes ces CNC complètement obsolètes. Dans les pays développés, la machine traditionnelle a encore sa place dans l’industrie, mais il faut savoir que la commande numérique a pris une place prépondérante dans l’organisation de la production en ateliers et cellules flexibles. Il est à noter cependant que les dernières machines CNC italiennes, au nombre de 37 acquises en 1999-2000, dont L’installation ainsi que la formation des professeurs, ont été assurées par une équipe d’enseignants et de techniciens du CAMEMD (tous algériens), ont suscité un intérêt et un engouement sans précédent et a permis à beaucoup d’enseignants du technique formés à cette technologie, de se rendre compte du retard pris dans le domaine de la fabrication mécanique. Ils ont commencé enfin à entendre parler d’ateliers et cellules flexibles, de productique, de Conception et Fabrication Assistée par Ordinateur (CFAO), de Gestion de la Maintenance Assistée par Ordinateur (GMAO), de spatialisation, de modélisation des pièces, des nouveaux procédés de conception et de fabrication, ainsi que des méthodes modernes de production et de gestion des fabrications. Autre domaine presque ignoré dans l’Enseignement Technique : La gestion de la qualité et la normalisation; Éléments essentiels dans le développement des entreprises. Une réforme est bien entendu conduite depuis quelques années. Mais touche-t-elle l’enseignement technique et comment? En effet, notre but essentiel est de former les futurs cadres, ingénieurs, techniciens, ouvriers dont aura besoin notre pays; ce seront les futurs concepteurs de notre industrie de demain. Donc puisque le monde du travail est l’utilisateur de ce «produit» que nous formons, pourquoi ne pas l’associer non seulement à l’élaboration des programmes d’enseignement, à la définition des différents profils de formation, mais à la réforme dans son ensemble. Cela me semble pour le moins essentiel. Par ailleurs, d’autres partenaires, en plus de spécialistes (pédagogues et psycho pédagogues), doivent être associés à cette réforme; comme il est procédé dans tous les pays, développés ou non; où des commissions englobant tous les secteurs de l’économie (Éducation nationale, industrie, administration, armée, syndicats, Université, parents d’élèves…), sont chargées d’élaborer la réforme de leurs systèmes éducatifs particulièrement dans son volet « Enseignement Technique». A titre d’exemple,voici un fait vécu : Lors d’un séminaire de formation des proviseurs et chefs de travaux à Béchar en 1995, je me suis élevé contre le fait qu’on m’ait chargé seul,(malgré toute l’expérience que l’on peut avoir), d’élaborer les programmes de trois matières techniques; programmes qui devaient être utilisés à l’échelle nationale. J’ai alors suggéré d’associer dorénavant, le milieu industriel à l’élaboration des programmes. Un responsable pédagogique s’est élevé et a affirmé : «nous n’avons pas à associer l’industrie. Car eux (l’industrie) c’est une chose et nous c’en est une autre». Je n’ai pas eu à lui répondre, l’assistance s’est chargée de le faire à ma place. C’est dire l’indigence de la conception de notre enseignement technique que se font certains responsables pédagogiques. De nos jours, quel que soit le pays, on recherche une plus grande participation des entrepreneurs économiques et des partenaires intéressés à la définition des orientations des systèmes de formation en général, ainsi que des objectifs pédagogiques et des programmes de l’enseignement technique ou professionnel. Ceci dans l’esprit d’une plus grande collaboration et d’une plus grande complémentarité de L’école et de l’entreprise. Ce qui doit être, a mon sens une attitude scientifique fondamentale dans un système de formation. V- CONCLUSION ET SUGGESTIONS Un enseignement technique ou professionnel ne peut être efficace et rentable que s’il tient compte des bouleversements induits par la mondialisation, s’il prend en considération l’élément humain, dans sa conception à tous les niveaux. C'est-à-dire inculquer à l’apprenant, une culture technique et technologique qui lui permettra non seulement d’apprendre un métier mais également de savoir travailler en groupe, réfléchir, raisonner, analyser, argumenter ; d’être capable d’innover, d’évoluer dans son métier au grès des progrès techniques et technologiques. A ce titre, notre enseignement technique ne peut être efficace et performant que s’il procède à la redéfinition des profils des formateurs à tous les niveaux; particulièrement ceux qui sont directement en contact des apprenants. C’est à dire beaucoup de professeurs et certains Inspecteurs de l’enseignement et de la formation qui actuellement manquent cruellement autant de formation technique pratique et pédagogique que de culture technologique. D’autre part, aucune étude, aucune proposition ni aucune réflexion ne peut être objective et réaliste sans une étude préalable de notre réalité industrielle et de notre marché du travail d’une manière générale. En effet, il semble qu’un important travail en amont doit être effectué. Un travail qui consiste à cerner avec le plus de précision possible la réalité du marché du travail dans tous ses secteurs; Qu’ils soient étatiques ou privés. Car c’est à l’enseignement technique (et professionnel) de s’adapter aux exigences socio économiques du pays et non le contraire. Une fois ce travail accompli, on pourra alors, passer à : - la définition du besoin de chaque secteur de notre économie. - la définition des différents profils de qualification; c'est-à-dire les profils décrivant les activités et les compétences exercées par un travailleur tel qu’il se trouve en entreprise. - La définition des profils de formation. Partant de la définition des domaines et des niveaux d’intervention de l’apprenant, définir les compétences à acquérir en vue de la délivrance d’un diplôme que l’on appellera (selon le niveau) Brevet ou BAC technique, de technicien, technologique ou professionnel. - L’établissement de « passerelles» pour ceux dont le niveau le permet, de continuer leurs études à l’université ou dans un institut de formation supérieure. - L’élaboration des objectifs pédagogiques de chaque profil, à la lumière de tout ce qui précède, puis passer à l’élaboration des programmes. Programmes cohérents qui ne soient pas figés mais évolutifs dans le temps en fonction des progrès dans tous les domaines scientifiques, techniques et technologiques. Toute nouvelle notion ou innovation doit être introduite dans les programmes même en cours d’année scolaire. - La redéfinition des équipements technico pédagogiques qui sont actuellement plus que conséquents mais qui demeurent sous-utilisés et souvent mal gérés; Alors qu’ils devraient simplement être adaptés aux nouvelles exigences économiques et pédagogiques ainsi que par l’actualisation des différentes matières techniques grâce à l’introduction de l’informatique à tous les niveaux (DAO, CAO, CFAO, GMAO etc…) sans pour autant abandonner les équipements conventionnels ainsi que les travaux manuels d’usinage qui gardent toute leur importance pédagogique. - A titre d’illustration, voici un cas exemplaire : lors d’une mission en Angleterre, et à l’occasion de la visite d’un centre d’ENSEIGNEMENT PROFESSIONNEL, en compagnie de trois responsables pédagogiques, notre toute première constatation a été un groupe d’élèves de 14 à 16 ans autour d’un grand établi, chacun devant son étau, en train d’apprendre à limer. Mais à trois mètres de là, est installé un grand laboratoire de CFAO avec 18 ordinateurs et trois machines à commande numérique. - Lors de la visite d’un autre établissement, le Collège Technique de Wrexham dans le pays de Galles, comporte toutes les spécialités industrielles connues. Là également les équipements traditionnels côtoient les machines et appareils de dernière génération. - L’introduction de nouvelles filières comme la productique mécanique, l’énergétique, la conception et la définition des produits industriels, la maintenance industrielle, la plasturgie, les structures métalliques, les métiers du secteur du tourisme, de l’hôtellerie, les métiers du secteur tertiaire etc… - Afin de rapprocher le plus possible l’école du milieu industriel, envisager la création de centres de ressources en génie électrique et génie mécanique*dotés d’un matériel tel que celui utilisé dans l’industrie. Instituer des stages en entreprises bien organisés et parfaitement encadrés (professeurs et tuteurs en entreprise). Ces stages devront être obligatoirement validés pour l’obtention des diplômes. Associer de responsables de l’enseignement technique lors de la conception des nouvelles constructions d’établissements d’enseignement technique afin qu’il soit tenu compte des spécificités fonctionnelles de ces structures éducatives. VI- LEXIQUE ET= Enseignement Technique CA= Centre d’Apprentissage CET= Collège d’Enseignement Technique CENT= Collège National d’Enseignement Technique CCEP= Cours Complémentaire d’Enseignement Professionnel FPA= Formation Professionnelle des Adultes ENNEP= École Normale Nationale d’Enseignement Professionnel ENNEP= École Normale Nationale d’Enseignement Technique ENSEP= École Normale Supérieure d’Enseignement Professionnel ENSET= École Normale Supérieure d’Enseignement Technique CAP= Certificat d’Aptitude Professionnelle PTA= Professeur Technique Adjoint PETT= Professeur d’Enseignement Technique Théorique BEI = Brevet d’Enseignement Industriel BP= Brevet Professionnel DT= Diplôme de Technicien DAO= Dessin Assisté par Ordinateur CAO= Construction ou Conception Assistée par Ordinateur CFAO= Conception et Fabrication Assistée par Ordinateur GMAO= Gestion de la Maintenance Assistée par Ordinateur CNC= Commande Numérique Conventionnelle CAMEMD= Centre d’Approvisionnement et de Maintenance des Équipements et Moyens Didactiques (Établissement National dépendant du Ministère de l’Éducation Nationale chargé du choix, de l’acquisition, de l’approvisionnement, de la maintenance et de la formation du personnel sur les nouveaux équipements pour tous les établissements scolaires, du primaire jusqu’au secondaire). *Centre de Ressources = Section technique ou laboratoire installé dans un établissement pilote et doté d’équipements réels (non didactisés) tels que ceux utilisés dans l’industrie. Ils peuvent être des Centres de Ressources en Génie Mécanique ou en Génie Électrique. Ils sont installés, pour des motifs économiques, à raison d’un centre par région. Leur utilisation est programmée pour le passage des élèves de tous les établissements techniques de la wilaya. Les cours théoriques sont assurés dans les établissements d’origine, tandis que les manipulations pratiques ont lieu dans les centres de ressources. FAIT à Oran le 15 Janvier 2007 Atman BOUHARIRA Retraité, Ex. Professeur Technique, Ex. Chef de Travaux, Ex. Directeur des Annexes CAMEMD d’ORAN et de TIARET. E-mail : atmanbouharira@yahoo.fr J'attends vos réactions; merci
Atman BOUHARIRA - Retraité de l'Enseignement Technique - Oran, Algérie

31/05/2012 - 33186

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