Algérie

Les enseignants de tamazight voient rouge


Les enseignants de tamazight voient rouge
Les actions de protestation observées hier au chef-lieu de wilaya de Tizi Ouzou sont les deuxièmes après celles initiées par une dizaine d'établissements le 22 octobre dernier.L'appel lancé en début de semaine par le bureau de wilaya du Conseil national autonome du personnel enseignant du secteur de l'éducation (Cnapest) pour une grève et un rassemblement de protestation devant le siège de la direction de l'éducation de la wilaya de Tizi Ouzou a trouvé, hier, un écho favorable auprès des enseignants de tamazight de toute la région. L'appel en question a été soutenu juste après par l'Association des enseignants de tamazight de la wilaya de Tizi Ouzou mais aussi par le Collectif autonome pour la défense et la promotion de l'enseignement de tamazight. C'est ce qui explique le succès de cette action. En dépit d'un climat peu clément, notamment en matinée, ils étaient des centaines à s'être agglutinés devant le siège de l'Académie de Tizi Ouzou, dès la première heure, afin de prendre part au sit-in en question. Ce dernier intervient à un moment où cette frange d'enseignants se sent marginalisée et abandonnée à son triste sort. Il s'agit en quelque sorte du parent pauvre de l'Education nationale. Autrement dit, comment expliquer que tamazight soit encore une discipline sujette à une dispense, c'est-à-dire que son enseignement n'est pas obligatoire. Déjà que pour les autres matières, souvent il est difficile de convaincre les enfants de la nouvelle génération de suivre des études, qu'en serait-il d'une matière optionnelle' Ce sont là quelques échos recueillis, hier matin, auprès de certains enseignants ayant pris part à l'action de protestation. Lors de ce rassemblement, les initiateurs ont distribué des documents inhérents à la situation socioprofessionnelle et pédagogique difficile que vivent les enseignants de tamazight. Ces derniers agissent sous la houlette du Collectif autonome pour la défense et la promotion de l'enseignement de tamazight. Ce dernier s'est réuni en session extraordinaire pour examiner un certain nombre de questions relatives à l'enseignement de la langue amazigh à Tizi -Ouzou. Après la rencontre en question, plusieurs résolutions ont été arrêtées. Les concernés dénoncent ainsi avec la plus grande fermeté «le mépris de la tutelle réservé au dossier de l'enseignement de tamazight depuis 1995, année de son introduction dans le système éducatif, aucun bilan n'a été fait pour permettre une évaluation objective de son enseignement». Par ailleurs, les concernés s'indignent devant le refus des responsables de la direction de l'éducation de Tizi Ouzou de satisfaire les revendications objectives soulevées par les enseignants de tamazight et assurent la corporation qui lutte pour un enseignement digne de la langue amazigh de son soutien agissant et annonce sa participation au sit-in d'hier. Le même collectif a appelé les enseignants de tamazight, les chercheurs, les militants, à participer à la journée de réflexion sur l'enseignement de tamazight qui se tiendra dans les prochains jours. De leur côté, les enseignants de tamazight, réunis sous la houlette du syndicat précité pour examiner la situation de l'enseignement de tamazight dans les différents paliers de l'éducation, ont réitéré leur décision de grève et de sit-in devant le siège de la direction de l'éducation de Tizi Ouzou. D'ailleurs, ils ont même appelé l'ensemble des enseignants de tamazight, les enseignants des autres matières, les parents d'élèves, les étudiants ainsi que tous les militants sincères de la cause amazighe à s'associer à leur démarche pour exiger, encore une fois, la satisfaction des revendications. Ces dernières sont nombreuses. C'est le cas de l'affectation d'enseignants vacataires, à défaut de créer de nouveaux postes budgétaires, dans tous les établissements où il y a cumul de 10 heures supplémentaires ou plus, comme c'est le cas pour les autres matières, la révision de l'ensemble des emplois du temps anti-pédagogiques ainsi que l'instruction des responsables des établissements concernés par l'enseignement de tamazight à respecter dans son intégralité la dernière circulaire relative à l'enseignement de tamazight datant de mai 2009 et les inspecteurs de la matière au suivi de son application sur le terrain. En outre, il est revendiqué de mettre fin aux dispenses des élèves aux examens officiels (Bac et BEM en particulier) en se référant à la dernière circulaire et en instruisant avec insistance les chefs d'établissements concernés. D'autres points sont soulevés par les grévistes à l'instar de l'application de la rigueur dans l'établissement des besoins en nouveaux postes budgétaires pour chaque année scolaire et favoriser la consolidation en optant pour les établissements qui dispensent cette matière en premier lieu, l'ouverture des postes pour le recrutement d'inspecteurs de la matière, la dotation de bibliothèques des établissements en ouvrages pédagogiques se rapportant à la langue, la littérature et la culture amazighes ainsi que l'établissement d'un bilan de 19 ans d'enseignement de cette matière pour programmer sa généralisation sur tout le territoire de la wilaya. «Mettre définitivement fin au caractère optionnel de l'enseignement de tamazight dans le système éducatif et la programmation de l'enseignement de tamazight aux amazighophones à partir du préscolaire et prévoir son intégration dans l'examen officiel de la 5e sont encore des mots d'ordre sur lesquels insistent les contestataires. Dans le document rendu public hier, les enseignants de tamazight soulignent en outre: «Nous dénonçons le double langage et les mensonges des responsables au niveau de la direction de l'éducation de Tizi Ouzou concernant le dossier de tamazight et nous exigeons une commission d'enquête ministérielle concernant la gestion des postes budgétaires destinés à la langue tamazight». Rappelons que les actions de protestation observées hier au chef-lieu de wilaya de Tizi Ouzou sont les deuxièmes après celles initiées par une dizaine d'établissements le 22 octobre dernier. «Dans le cas où nos revendications ne seront pas prises en charge, cette fois-ci, nous seront dans l'obligation d'opter pour d'autres formes de protestation», avertissent les enseignants de tamazight dont une partie est constituée d'anciens militants de la cause amazighe et du Mouvement culturel berbère, donc connaissant parfaitement les sacrifices consentis pendant des décennies avant que cette langue ancestrale ne soit plus persécutée et n'ait sa place à l'Ecole algérienne.


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