Algérie

Les enseignants au chevet de l'université


Luniversité algérienne est au bord de la faillite et les enseignants veulent le faire savoir en observant une grève de 15 jours, à partir du 30 mai. Le Conseil national des enseignants du supérieur (CNES) a tenu hier une conférence de presse afin d'expliquer la décision de débrayage, qui est autant motivée par la situation socioprofessionnelle des enseignants que par celle de l'université. « L'université algérienne d'aujourd'hui est une université où l'on tue des enseignants, où l'on poignarde des étudiants et où l'on marchande des notes », estime le secrétaire général du CNES, Abdelmalek Rahmani. Ce dernier qualifie la situation dans les universités de « tableau noir que les enseignants ne peuvent cautionner ». Et d'enchaîner : « Comment cautionner une université qui jette ses enseignants en prison pour un délit d'opinion ' » Le responsable syndical citera l'exemple du professeur Kouache qui, après une altercation avec l'adjoint du recteur de Khenchela, a écopé d'une peine de six mois de prison et a vu son salaire bloqué. « Aujourd'hui, il enseigne les mathématiques en Arabie Saoudite », note M. Rahmani.Ce dernier évoque également le cas de Rouaidjia Ahmed, de l'université de M'sila, qui a vu son salaire suspendu depuis 12 mois après la publication d'un article sur le journal El Watan. Poursuivant son constat sur le marasme que vit l'université algérienne, le secrétaire général du Cnes évoquera avec tristesse la célébration de la Journée de l'étudiant, qui a coïncidé à la faculté de Bouzaréah avec l'installation d'un show-room exhibant des véhicules.Un show-room exorbitant des véhicules à la faculté de Bouzaréah« C'est dégradant et lamentable que de constater un tel spectacle dans la franchise universitaire. Ceci reflète malheureusement l'état actuel du pôle universitaire censé dispenser le savoir et la connaissance », regrette M. Rahmani. Le même responsable syndical estime qu'« il n'existe pas de volonté politique pour faire de l'université un lieu de savoir ». Et d'ajouter pour appuyer la décision de la grève : « On ne peut pas nous accuser de ne pas avoir dialogué. Nous avons interpellé la tutelle qui a préféré ne pas réagir. » Abdelmalik Rahmani, qui établit un constat déplorable sur le secteur de la recherche en Algérie, estime qu'il n'existe pas de « volonté de faire participer l'université à l'effort national de développement ».Et d'indiquer que « l'enseignant universitaire et le chercheur aspirent à ce que l'université soit réellement un centre de rayonnement, mais cela ne saurait se produire avec des recteurs qui occupent leur poste depuis 15, voire 20 ans. On ne veut plus de cela, nous demandons une vraie démocratisation », a-t-il souligné. Au chapitre de la situation socioprofessionnelle des enseignants, le même responsable se demande « ce que devient le régime indemnitaire alors que le statut particulier a été promulgué il y a 14 mois ». « Ce n'est pas sérieux de renvoyer le débat sur ce régime à la tripartite et mettre l'enseignant au même niveau qu'un agent administratif », a-t-il ajouté. Interrogé sur le choix de la fin du mois de mai pour aborder le débrayage, M. Rahmani précise que l'impact de leur mouvement sera plus fort en raison justement de la période des examens. « Nous voulons nous faire écouter. Nous ne voulons plus de promesses, mais d'une réelle volonté politique », a-t-il tenu à dire.Dans un communiqué rendu public hier, la section CNES de l'université des sciences et technologies d'Oran appuie la décision de débrayage du 30 mai prochain et demande le départ du recteur par intérim de l'école d'architecture et de génie civil, et ce, pour « sa gestion arbitraire et autoritaire ». La même section syndicale accuse le recteur d'une série d'atteintes aux enseignants, notamment « le refus de coopérer avec les représentants syndicaux, l'application de ponctions sur salaire non justifiées, la révocation d'enseignants sans en référer à la commission paritaire' »-
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