Algérie

Les enseignants affaiblis à Constantine



La cloche n'a pas sonné hier au lycée Jugurtha, l'un des plus anciens et des plus importants de Constantine. Les travailleurs chargés de l'intendance étaient en grève comme d'ailleurs ceux des cuisines qui n'ont rien servi à midi aux élèves demi-pensionnaires. 18 travailleurs sur 20 ont suivi le mot d'ordre de grève dans cet établissement bien que le mouvement soit initié par les enseignants. Les ouvriers professionnels (OP) de catégorie 3 payés en dessous du SMIG contre 44 heures par semaine ont rejoint spontanément le mouvement dans l'espoir d'être entendus par leurs chefs hiérarchiques. Parmi ces grévistes, on a rencontré aussi des éléments de l'UGTA qui se démarquent de la position de leur tutelle, « devenue un appareil sans âme et coupé de la réalité de la base », nous déclare un assistant que nous ne pourront nommer pour lui épargner des représailles. Quant aux enseignants, leur suivi était mitigé cette fois, quoique le taux des grévistes ait atteint 50% à Jugurtha et autant dans l'ensemble des établissements que compte la wilaya, loin du chiffre officiel livrés par le secrétaire général de la direction de l'éducation (DE) qui ne dépasse pas 18,33%. Quoi qu'il en soit, il est clair que la mobilisation a perdu du terrain dans le camp des enseignants si l'on compare les chiffres à ceux du dernier débrayage. La pression exercée par la DE et les menaces mises à exécution par les nombreuses sanctions ont eu raison de beaucoup d'enseignants, à l'image de ceux du lycée El Houria qui ont occupé hier leur fonction comme si de rien n'était. La mise au pas de cet établissement, jadis à l'avant-garde de la contestation, s'est faite avec violence après le bras de fer qui a opposé, l'année dernière, une enseignante et ses collègues au directeur de l'éducation et s'est terminé au profit de ce dernier. Le travail de la police politique effectué à chaque fois par des responsables obséquieux qui livrent les listes des grévistes à la DE a contribué également à l'affaiblissement du mouvement par l'isolement des grévistes qui pour la plupart ont reçu des mutations désobligeantes. Mais le mouvement a été miné surtout par le manque d'organisation et de concertation. D'ailleurs, nous n'avons pas réussi hier à mettre la main sur les représentants de l'intersyndicale, encore moins sur un membre des organisations impliquées dans la grève. Certains enseignants des plus connus sur le terrain des luttes syndicales et démocratiques ont même affiché leur déception face à l'échec de tous leurs appels au débat, nécessaire pour l'initiation et la conduite de ce type d'actions.
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