Algérie

Les enjeux géostratégiques du Maghreb, pont entre l'Europe, les Etats-Unis d'Amérique et l'Afrique



Je tiens au préalable à remercier vivement Emile H. Malet, délégué général du Forum Mondial du Développement Durable, l'Amiral Jean Dufourcq, rédacteur en chef de la revue Défense nationale française, de cette invitation à laquelle j'ai été très sensible sur un sujet combien important qui engage l'avenir des deux rives de la Méditerranée.Aussi, cette présente contribution à l'occasion du 10e Forum Mondial du Développement durable, qui se tient à Paris ces 23-24 février 2012 au sein de cette prestigieuse école militaire des officiers, intitulée «Face à la Re-mondialisation, les enjeux géostratégiques du Maghreb, pont entre l 'Europe, les Etats- Unis d'Amérique et l'Afrique», qui constitue une brève synthèse, dont l'intégralité a été donnée aux organisateurs, pose la problématique du renforcement de la coopération Algérie-Europe-USA via l'Afrique face à la mondialisation. Pourquoi les USA et l'Europe ' Je pense, pour paraphraser les militaires, qu'il n'existe pas de divergences stratégiques entre l'Europe et les USA mais des divergences tactiques Et comme point d'appui, l'intégration maghrébine à laquelle je suis profondément attaché si l'on veut attirer des investisseurs potentiels, intéressés non par des micro-espaces mais par un marché de 100 millions d'habitants. Et ce en cinq parties interdépendantes : - des effets de la mondialisation : instabilité, précarité -la situation des économies maghrébines -les axes de la dynamisation de la coopération USA-Europe-Maghreb - Les perspectives -Et enfin l'urgence de rétablir la morale dans la gestion de la Cité I. Des effets de la mondialisation : instabilité, précarité Depuis que le monde est monde existent des turbulences, des ruptures et des adaptations sociétales, n'existant pas de sociétés statiques comme d'ailleurs en physique, évoluant toujours en dynamique, expliquant que le principal défi de nos sociétés a été toujours, et cela sera plus vrai en ce XXIe siècle, est la maîtrise du temps. Toute Nation qui n'évolue pas régresse forcément. Aussi, en ce début de 21e siècle, la pollution affecte tant le ciel, la terre, les océans, sacrifiant les générations futures au profit des générations présentes, posant les questions stratégiques intergénérationnelles sans oublier la problématique de l'eau, l'or bleu, qui non résolu engendrera des conflits et des guerres à travers tous les continents. En ce début de XXIe siècle, nous assistons à une concentration excessive du revenu (indice de Gini) souvent au profit des rentes, traduisant une profonde injustice sociale, remettant en cause le tissu de la cohésion sociale. à un déséquilibre entre l'économique et le social, flagrant tant au sein de la zone Nord qu'entre le Nord et le Sud. Selon une enquête de l'ONU, qui date de 2000-2001, cela a dû s'accentuer depuis avec la financiarisation de l'économie, les 1 % des personnes les plus riches de la planète sont en possession de 40 % des richesses mondiales. Pour la France, selon une enquête de l'INSEE de 2010, la moitié des ménages vivant en France détiennent 93% des avoirs (financiers, immobiliers et professionnels, bijoux, ?uvres d'art, etc.). Entre 2004 et 2010, les inégalités de patrimoine se sont accrues, le rapport entre le patrimoine moyen des 10% des ménages les mieux dotés et celui des 50% les moins dotés ayant augmenté de près de 10%». Cela n'est pas propre à la France, et cette concentration est généralisable à l'ensemble des pays de l'OCDE, surtout avec l'actuelle crise de l'endettement des Etats. Pour mon pays, l'Algérie, mais cela est plus accentué dans d'autres pays du Maghreb, 70% des travailleurs perçoivent moins de 300 euros par mois net, la cellule familiale, paradoxalement la crise du logement (regroupement familial) les transferts sociaux de l'Etat, (représentant 10% du PIB moyenne 2009-2011 fluctuant entre 150 et I68 milliards de dollars durant cette période) et des distributions de revenus sans contreparties productives via la rente des hydrocarbures permettent d'atténuer temporairement les tensions sociales. Au niveau mondial, selon les statistiques du FMI de 2010, les Etats-Unis d'Amérique, avec une population de 38O millions d'habitants, totalisent plus de 14 500 milliards de dollars de produit intérieur brut, sur un total mondial d'environ 63.000 milliards de dollars, et l'Europe des 27 pour une population de 500 millions d'habitants, environ 17 000 milliards de dollars, soit les deux zones pour 880 millions d'habitants sur un total de 7 milliards 6,16% représentent 50% de la richesse mondiale. Encore que cet indicateur est imparfait pouvant voiler d'importantes disparités tant interrégionales qu'intersocioprofessionnelles, l'IRH élaboré par le PNUD étant plus significatif et nous revenons au vieux débat des années 1970 inauguré par l'économiste français François Perroux qui différenciait croissance et développement et insistait sur les liens dialectiques entre l'Economique et le Social, ce dernier incluant ce que les politiques qualifient de justice sociale et les économistes d'équité, en conciliant les coûts sociaux et les coûts privés. Certains voient en la Chine le sauveur de la crise mondiale en ayant une vision purement monétaire en référence à ses réserves de change estimées en octobre 2011 à 3 201,7 milliards de dollars US dont une grande partie placées en bons du Trésor US en contrepartie d' exportations, expliquant la complicité économique entre les USA et la Chine et pourquoi pas un duo USA-Chine au détriment de l'Europe horizon 2020. Notons au passage que ce sont les deux pays les plus pollueurs de la planète, expliquant leurs positions à la dernière réunion de Copenhague. Pourtant, en 2012, encore qu'il faille reconnaître des progrès importants dans la maîtrise technologique, malgré la sous-évaluation du yuan, des salaires bas, ce qui lui permet de dynamiser ses exportations, la Chine connaît des difficultés malgré les apparences : inflation, endettement excessif, tenant compte de l'endettement des collectivités locales que voilent les statistiques officielles, tensions sociales dans différentes provinces. ayant un PIB de 5 800 milliards de dollars en 2011, 3e puissance économique mondiale, mais doit être ramené à la populations totale estimée à 1,34 milliard d'habitants pour avoir un ratio significatif. Pour preuve, l'indice du développement humain la ramène au-delà de la 100e place. De même, comme cela a été souligné hier par plusieurs intervenants, à l'intérieur de la zone Nord se développent des poches de pauvreté croissantes. Ainsi, face à ces turbulences où le monde se cherche n'ayant pas encore trouvé des mécanismes de régulation tant économiques que sociaux solidaires font de notre planète un monde particulièrement cruel et dangereusement déséquilibré. En cette ère de mondialisation, rapport social complexe, produit historique du développement du capitalisme, processus non encore achevé, où domine la suprématie de la sphère financière sur la sphère réelle, des distorsions entre les salaires en baisse dans le PIB supposés comme nous l'ont enseigné les fondateurs de l'économie être la source de la richesse des Nations, et les profits spéculatifs, en hausse, non ceux des véritables entrepreneurs producteurs de richesses, l'abondance et l'opulence y côtoient d'une manière absolument insupportable la pauvreté et le dénuement dont d'ailleurs la mauvaise gouvernance des dirigeants tant du Nord que du Sud est en grande partie responsable. Sur les sept milliards d'habitants que compte la planète, un cinquième - dont 44% en Asie du Sud - a moins d'un (01) dollar par jour de revenu. Quand on sait que, dans les 25 prochaines années, la population mondiale augmentera de deux milliards d'individus - dont 1,94 milliard pour les seuls pays en voie de développement -, et en surplus la détérioration de l'environnement qui menace beaucoup plus ces régions, on peut imaginer aisément le désastre qui menace cette partie de l'humanité si rien de décisif n'est entrepris. Face à cette situation de l'économie mondiale, le Maghreb dans son ensemble subit soit directement soit indirectement les effets de la crise, contrairement à la crise de 1929, étant en interdépendance. Comme le montre la crise mondiale actuelle qui sera de longue durée, où l'on assiste plus à des replâtrages conjoncturels alors que la crise est structurelle, l'ensemble du monde étant en transition, s'imposent des mesures d'adaptation, voire de survie qui ne concerne pas seulement l'économique, mais le social, le culturel et le politique. (Suivra)


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