Barzani futur président ?
Le choix de la Maison-Blanche pour un président kurde en la personne de Messaoud Barzani chef du Parti démocratique du Kurdistan (PDK) se profile comme le prochain choc politique majeur en Irak, selon des sources irakiennes bien informées. Cette option traduirait une volonté de « libanisation » de l?Irak sinon un syndrome yougoslave sous haute surveillance. La Maison-Blanche envisagerait, selon la même source, un schéma de représentation triangulaire ; un président kurde et deux vice-présidents pour les chiites et les sunnites. Cette perspective lourde de sens, grave en termes d?instabilité et d?insécurité pour toute la région, laisse perplexe. Elle expliquerait, en partie, cette somme d?efforts médiatiques déployée pour aiguiser les fractures communautaires de façon artificielle entre les chiites et les sunnites, alors qu?il s?agit de deux écoles doctrinales dont les membres se recrutent dans des familles communes. La question à laquelle il n?est pas envisagée de réponse pour l?instant, c?est le contrôle de la zone de production pétrolière avec son centre névralgique de Kirkouk pour lequel l?avenir est chargé d?incertitudes. Il demeure que l?hypothèse de la guerre civile est inenvisageable pour les Irakiens s?agissant d?un scénario externe. Les Américains qui assurent militairement l?occupation dans un lourd climat d?insécurité donnaient, jusqu?à l?heure actuelle, l?impression d?une carence en matière de projection d?avenir. Ce serait faux. Ces élections multipartites apparaissent comme l?avance d?un premier pion dans l?échiquier, un avant-goût du devenir de l?Irak. Il préfigure un processus de découpage selon un calcul élaboré, il y a une trentaine d?années, par l?ancien secrétaire d?Etat US Henry Kissinger, réactualisé par l?Administration Bush. Cette thèse justifierait la décision de maintenir de forts contingents américains sur le sol irakien pour les années qui viennent, peut-être bien au-delà de 2008. Bon nombre d?Irakiens pensent que le pourrissement de la situation dans leur pays obéirait lui-même à des calculs tactiques dans le but de neutraliser toute velléité de résistance à des solutions de division. On note le laxisme paradoxal constaté aux contrôles des frontières terrestres de l?Irak. Ce qui laisse planer le doute sur la volonté réelle d?éradiquer le terrorisme d?Al Qaîda et d?autres groupuscules qui agissent pour disqualifier toute résistance et tout sentiment nationaliste dans un pays profondément attaché à des valeurs laïques. Comme si les actes criminels qui frappent le plus souvent des cibles civiles, des soldats et des policiers irakiens, serviraient finalement une cause obscure pour légitimer la présence de l?armée américaine. La résistance nationaliste irakienne dont la voix est très peu portée par les médias lourds est résolument contre ces attentats criminels qui ne sont pas si aveugles qu?on le dit. Dans ce tableau pour le moins accablant, le déroulement du processus électoral apparaît comme une démocratie de façade dans un environnement de grande misère humaine. C?est ce qui explique la désaffection d?une majorité d?Irakiens pour les bureaux de vote, malgré une bizarre légitimation par fetwa des docteurs d?El Azhar qui ont accordé leur bénédiction proclamée dans les rues des principales villes irakiennes. En Europe où les conditions de sécurité sont optimales, les Irakiens ont massivement boudé les urnes avec 25% de votants. Les Irakiens ont des priorités vitales qui s?expriment en termes de sécurité et de respect. Même à l?époque de Saddam, ils n?ont jamais connu une si grande précarité, l?accès aux soins est gravement compromis, le chômage atteint des proportions de plus de 60%. L?armée et la police sont aujourd?hui les seuls débouchés pour la jeunesse. Ils se disent accablés et humiliés. Ils vivent sous un climat de terreur et d?angoisse. Ils attendaient mieux de la fin de l?ancien régime.
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 06/02/2005
Posté par : sofiane
Ecrit par : Rachid Lourdjane
Source : www.elwatan.com