Les enfumades de la tribu des Ouled Riah, perpétrées par l'armée française du 18 au 20 juin 1845 dans les monts de Nekmaria, à l'extrême Est de Mostaganem, sont considérées comme un crime d'extermination d'une population qui a refusé de se soumettre à l'ordre colonial.Cent soixante-quinze années sont passées après ce massacre ayant entrainé la mort de plus d'un millier de personnes, essentiellement des femmes, des vieux et des enfants, asphyxiées à l'intérieur de la grotte des Frariche, sur ordre du criminel Pelissier (1794-1864). Des études sur cette phase douloureuse de l'histoire nationale restent à approfondir pour dénoncer les actes criminels de ce sinistre personnage et rendre hommage aux victimes.
L'enseignant d'histoire contemporaine de l'université Ibn Khaldoun (Tiaret), le Pr. Mohamed Belil, rappelle qu'après avoir occupé les villes côtières du pays, la France coloniale a mené une politique de la terre brulée pour asseoir sa domination sur le reste du territoire national.
"Face à cette déferlante, les tribus locales n'avaient qu'un choix : se soumettre ou subir l'extermination", a-t-il ajouté, estimant qu'en ce mois de juin 1845, la France coloniale venait d'enterrer ses idées de liberté et sa prétendue mission civilisatrice en Algérie. Ses troupes armées avaient extermine une tribu entière et d'une effroyable manière dans le seul but d'étouffer toute résistance à ses plans expansionnistes et colonialistes.
Le même universitaire a poursuivi en précisant que "dans la métropole, le lobby militaire et colonialiste est parvenu à étouffer ces crimes et couvrir leurs auteurs en falsifiant la réalité révélée par plusieurs sources. Les auteurs de ces génocides ont été encouragés à poursuivre leurs menées dans d'autres régions. Ils ont eu même droit à des promotions".
Décoré et promu malgré ses crimes de guerre
Mohamed Belil a considéré que la période de gouvernance du Maréchal Bugeaud en Algérie, soit de 1840 à 1847 a été "la plus sombre et la plus meurtrière" eu égard aux massacres perpétrés durant ces huit années et à la politique de la terre brulée qualifiée de "pacification ". Ce sanguinaire avait mené une guerre impitoyable contre le chef de la résistance populaire algérienne, l'Emir Abdelkader.
"Le colonel Pellissier a été l'exécutant de la politique génocidaire de son chef Bugeaud en perpétrant des génocides sous le fallacieux prétexte de refus des tribus locales à se soumettre à l'ordre colonial et pour avoir fait preuve de résistance armée", a encore affirmé le même universitaire.
Il a rappelé que ce serviteur zélé du maréchal Bugeaud a été récompensé pour "services rendus" en accédant au grade de général, puis au poste de gouverneur général d'Algérie (en 1851 puis entre 1860 et 1864) avant d'être promu maréchal puis nommé ambassadeur à Londres.
De son coté, l'universitaire et historien Abdelkader Fadhel a estimé que ces enfumades constituent "un acte de traitrise" pour la classe politique et "un véritable scandale" pour les militaires, auteurs de ce crime perpétré contre les Ouled Riah et des membres de la tribu des Beni Zentis.
Le Pr. Fadhel a rappelé que la presse française avait dénoncé ces crimes et suscité l'indignation des intellectuels français et européens, à l'image du romancier Honoré de Balzac (1799-1850) qui a déclaré à un journal espagnol que "cet acte criminel ne peut être effacé des mémoires".
De son côté, le voyageur Allemand Heinrich Maltzahn (1826-1874) avait décrit , dans son ouvrage "Trois années en Afrique du Nord", sa visite de la grotte des Frariche et mis en exergue "les actes barbares de Bugeaud et de ses officiers dont les pages sanglantes ont été très vite occultées.
"Cette attitude d'oubli et cette amnésie sont à même un crime flagrant contre la mémoire", a estimé le même universitaire.
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Posté Le : 18/05/2020
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Algérie Presse Service
Source : www.aps.dz