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Les enfants et le Ramadhan, une relation passionnante Tipasa



Bilal et Maâmar sont voisins dans un quartier du centre-ville de Koléa. Tous deux sont âgés de 7 ans et tous deux ont pris la résolution d'observer le jêune cette année. « L'année dernière, j'ai jeûné le 27e jour du Ramadhan. C'était pour moi un jour extraordinaire. J'avais très soif, mais peu importait alors, car après El Maghreb, mes parents m'ont récompensé par des cadeaux que je garde jusqu'à maintenant. Cette année, je compte jeûner au moins 20 jours, car j'ai 7 ans » confie Bilal au 2e jour du Ramadhan. Si ce dernier a réussi à jeûner correctement le premier jour, ce n'est pas le cas de Maâmar qui, à peine 16h00, il se précipite vers le robinet pour étancher sa soif. Toutefois, ce « faux départ » Maâmar l'explique à sa manière. « J'ai commis une grosse erreur pendant la matinée du premier jour. Au lieu de rester sage à la maison pour regarder la télé ou jouer à la Play, j'ai passé mon temps à courir et jouer au ballon. Ce n'est que durant l'après-midi que je me suis rendu compte de ma bêtise. J'avais le vertige et la bouche sèche. Je n'avais plus le choix. J'étais obligé de rompre le jeûne avant l'heure » avoue-t-il. Quoi qu'il en soit, Maâmar a appris la leçon : « Même s'il a fait un peu chaud, j'ai réussi quand même à observer le jeûne le 2e et le 3e jour, car j'ai évité de m'exposer au soleil ou de jouer. C'était pénible et dorénavant je vais jeûner un jour sur deux ou peut-être un jour sur trois » promet-il. Ahmed et Madjid plus âgés que les premiers semblent moins éreintés de leur expérience qui n'est pas la première du genre. « J'ai 11 ans et je me suis bien préparé pour ce Ramadhan. Déjà, l'année dernière, j'ai jeuné 25 jours. A cause d'une rage de dent, je n'ai pas pu boucler tout le mois. Cette année je compte faire mieux » confie Madjid au sortir de la mosquée ce vendredi à Tipasa. Pour lui, il est désormais assez grand pour observer le quatrième pilier de l'Islam. « C'est une manière à lui de s'initier au monde des adultes. Personne ne l'a contraint à observer le jeûne. Il le fait de son bon vouloir et je respecte sa décision, tant que celle-ci n'impacte pas sur sa santé, car même à 11 ans, il est encore jeune » remarque son père. A l'instar de Madjid, Ahmed, 10 ans, de Hadjout, tient lui aussi à relever le défi. « C'est décidé. Cette année sera la bonne puisque jusqu'à maintenant j'ai fait un sans-faute » affirme-t-il. Néanmoins, son père veille au grain pour atténuer de son ardeur débordante. « Tout le monde à la maison l'a à l''il à la moindre faiblesse on interviendra pour le soutenir ou bien lui conseiller de boire. Tout est en premier lieu tributaire de son état » confie le père d'Ahmed. Et d'ajouter : « Pour Ahmed, il s'agit plus de concurrence avec les enfants des voisins. Il ne veut pas que l'un d'eux puisse pour ainsi dire le battre. Je me souviens que lorsque j'avais son âge j'étais têtu. Exactement comme lui ». Malgré son très jeune âge, Nina ne trouve pas de difficultés majeures à observer le carême. D'habitude elle passe la période du Ramadhan aux Etats-Unis où habitent ses parents. Cette année, la famille a décidé de passer le Ramadhan à Bou-Ismail, ville où habitent les grands-parents de Nina. « Pendant la journée, je ne sors pas de la maison. Je passe mon temps à lire, regarder la télé et réciter le Coran. En dépit de la chaleur qui règne, je ne sens rien du tout, car la maison de mes grands parents est dotée d'un système de climatisation » confie-t-elle. Même si Nina réside dans la banlieue de Washington, elle garde toujours des liens avec les traditions de ses origines. « Je suis musulmane et pour moi, c'est un honneur de faire la prière et d'observer le jeûne. » Pour Asma, une autre fille de Bou-Ismail âgée de 9 ans, il n'est pas question de déroger à la règle familiale. « Toutes mes grandes s'urs ont jeûné pour la première fois le mois de Ramadhan à l'âge de 9 ans. Maintenant c'est mon tour » argue-t-elle fièrement. Entamer le jeûne dès l'enfance, soit à partir de sept ans, n'est pas un phénomène nouveau dans la société algérienne. Bien au contraire, c'est une pratique bien enracinée, et cet acte qui s'apparente plus à une initiation dans le monde des adultes est généralement bien vu par les parents, tirant même une fierté de la prouesse accomplie par leur progéniture. Seulement, toute endurance a ses limites. Si on ne tient pas compte de cette règle vitale, le risque serait inexorablement grand pour ces petits jeuneurs que ni le physique, encore moins leurs perception insouciante du danger ne prédisposent à faire l'expérience sans un suivi rigoureux des adultes, car il y va de leur santé. A ce propos, l'avis médical est intransigeant. « Il ne faut absolument pas obliger l'enfant à faire le jeûne à tout prix, surtout lorsqu'il s'agit de jeunes âgés de moins de 8 ou 9 ans. S'ils en expriment le désir, il faut que les parents observent certaines règles fondamentales. La première est d'éviter à ce que l'enfant se déshydrate, notamment en s'adonnant à des jeux nécessitant des efforts physiques ou bien de s'exposer au soleil et à la chaleur » tient à conseiller un médecin de Bou-Ismail. Et d'ajouter : « Si l'enfant semble épuisé ou pris de vertige ou de maux de tête, il faut le forcer à rompre le jeûne. En résumant et en premier lieu, c'est aux parents qu'incombe la responsabilité ». Aussi, les enfants atteints de maladies chroniques, notamment ceux qui sont insulinodépendants ne doivent en aucun cas jeûner. C'est un conseil de médecin aux parents.


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