Les enfants dans les rues Démission des parents à Souk Ahras

Ainsi, l'innocence est confrontée à tous les dangers et autres dépravations.L'un des phénomènes des plus persistants à Souk Ahras est celui des enfants qu'on rencontre à longueur de journée au niveau des artères principales ou à proximité de certains édifices publics. Les bilans mensuels des services de sécurité font état de centaines de mineurs impliqués dans divers crimes et délits qui portent atteinte à la sécurité des citoyens et des biens d'autrui.
Au niveau de la mosquée El Atik, des enfants qui n'ont pas encore atteint l'âge de former une phrase correcte vous collent aux basques et ne lâchent prise qu'une fois leur v'u exaucé. Ils font la manche et ne savent pas le faire: des gestes et propos maladroits trahissent leurs réflexes infantiles. Renseignements pris auprès de certains citoyens, ces enfants seraient loués auprès d'une famille nécessiteuse à raison de 200 DA la journée. «Ce sont des apprentis mendiants récupérés auprès de leurs propres parents», nous confie un citoyen de la cité Ibn Rochd. Ceux qui sont à l'abri du besoin sont loin d'être casaniers. A minuit, des enfants qui ne sont pas en mesure de se défendre, arpentent les rues et se permettent des parties de jeux de hasard avec des adultes.
Au jardin public comme à la place des Martyrs ou celle de l'Indépendance, des faunes d'enfants s'aventurent au milieu des endroits sombres et des immeubles en chantier. «Je ne peux que garder l'administration qui me paye pour cela, mais, croyez moins, ces jeunes enfants n'iront pas loin», nous a affirmé un gardien de nuit qui a été témoin de plusieurs cas de dépravation de ces jeunes gens de la part des délinquants adultes. «J'ai vu des enfants qui sont visiblement aisés s'adonner à la consommation des psychotropes et d'autres qui ont carrément versé dans la débauche (') d'autres sont quotidiennement utilisés dans les vols par effraction», a-t-il ajouté avant de se poser, à juste titre, moult questions sur le rôle des parents dans pareils cas. Si ce veilleur a remarqué l'utilisation de ces êtres vulnérables dans les vols et autres forfaits, son voisin est témoin d'agressions physiques et d'atteintes multiples. «Dans plusieurs cas, des enfants sont entourés de prédateurs et de maîtres chanteurs qui leur imposent une dîme à l'insu de leurs parents et le pire peut arriver quand l'enfant errant n'a pas de père ou de frère pour intervenir en sa faveur», a-t-il indiqué. Fumer des joints ou des cigarettes sont deux scènes coutumières chez les enfants de Souk Ahras, la mode est plutôt aux agressions à l'arme blanche commanditée et à la vente des objets volés. Impliqués à bon escient par l'aîné du quartier, l'enfant mis en cause aura des années devant lieu avant d'atteindre la majorité et s'exposer à la responsabilité pénale.