Au secrétaire d'Etat chargé de la communauté algérienne à l'étranger, M. Belkacem Sahli, qui a critiqué les faibles transferts des émigrés algériens, ceux-ci répondent. Vox populi.
Les propos du secrétaire d'Etat chargé de la communauté algérienne à l'étranger, M. Belkacem Sahli, tenus lundi dernier au sujet des transferts de devises par les émigrés, les plus faibles au Maghreb, ont suscité de vives réactions sur la toile. Entre la rigidité du système bancaire et la plus-value que confère le marché informel, il y a surtout le manque de confiance que les émigrés nourrissent vis-à-vis des institutions et des banques algériennes.
Au cours d'une conférence de presse tenue conjointement la ministre de la diaspora de la République d'Arménie, Mme Hranush Hakobyan, M. Sahli avait déclaré que «les sommes qui transitent par le canal bancaire ne se hissent pas au niveau souhaité et, comparativement aux seuls voisins maghrébins, les immigrés algériens sont les derniers».
Surf la toile, Les raisons invoquées comme des obstacles au rapatriement d'argent sont multiples. Brahim Alioua renvoie la balle dans le camp du gouvernement algérien : «Est-ce que l'Algérie s'occupe des préoccupations des émigrés ' Non ! Et, comparativement aux magrébins, l'émigré algérien est celui qui paie le prix le plus pour aller visiter sa famille», écrit-il.
Que fait l'Etat algérien pour ses émigrés '
Dahman Dziri est ironique : «Cela me fait un peu marrer dans la mesure où seules les banques françaises promeuvent auprès des Algériens le transfert de leurs argent vers l'Algérie. Je dirais plutôt : que font nos banques à nous, tout comme nos gouvernants'».
Les pouvoirs publics auraient ainsi trouvé l'astuce pour traire ses émigrés, selon Samir Belarbi: «Notre banque, c'est Air Algérie qui pompe notre argent ». Mohamed Boucebha est du même avis : «Nous payons nos billets à partir de Paris jusqu'à 500 euros en aller-retour, alors que Marocains et Tunisiens les achètent à 120 euros au maximum. Les émigrés du monde entier ont leurs banques en Europe, comme les marocains et les tunisiens. Ils investissent à partir de leurs lieux de résidence, alors que pour nous, il n'y a pas de structures ».
« Pour les retraités habitant en Algérie, c'est la galère, quand ils vont percevoir leurs pensions », ajoute-t-il. « Tout est fait pour nous décourager à apporter plus de devises au bled. Déjà qu'au débarquement au port, nous sommes traités comme des moins que rien ! Puis, le marché informel confère une plus-value de 4.000 DA par 100 euros».
Le coût de la vie
A'ssa Stayfi, lui, estime que le coût de la vie et les conditions difficiles de la majorité des émigrés algériens vivant à l'étranger expliquent cette situation. «La majorité des Algériens sont des smicards en France. Cela sans parler des chômeurs et des clandestins. Il est impossible pour tout ce monde de passer des vacances en famille au bled en été. Ceux qui arrivent à le faire, c'est à crédit, ou bien ils mangeant des patates toute l'année pour faire des économies suffisantes», a-t-il indiqué. A'ssa fustige néanmoins les hommes au pouvoir : «Je ne comprends pas pourquoi l'argent des Algériens de la diaspora devrait être transféré dans des banques algériennes, alors que les réserves algériennes dorment à Washington, Paris et Londres. Tous les hommes au pouvoir ont des comptes en Suisse, en France ou en Belgique, voire dans des paradis fiscaux pour subvenir aux besoins des études, de divertissement et de soins de leurs enfants. Arrêtez de nous prendre pour des cons ! Continuez à voler, à détruire l'Algérie mais ayez la décence de la fermer !».
Banques archaïques et corruption
La bureaucratie régnante est l'autre mal des émigrés. «J'ai fait Tunis il y a 13 ans et j'avais pu utiliser ma carte visa. Je ne sais si ce moyen est fonctionnel en Algérie», s'interroge Kamel Rouabah.
Hamoudi Aures témoigne : «Je me déplace trois à quatre fois par an en Algérie. J'avais ouvert un compte devises mais, à chaque fois c'est le même casse-tête à l'arrivée. Il faut faire une déclaration de devise aux douanes algériennes, autrement on vous les saisit. Nettoyez devant vos portes messieurs ! Qui a créé le marché noir en Algérie' L'argent des retraités profite à qui ' Surtout pas au simple citoyen. Plutôt à ceux qui en amassent dans des valises à leur sortie comme Chakib Khelil & compagnie. C'est du mépris ! Je plains le pauvre touriste algérien qui n'a droit qu'à une misérable somme de 135 euros de change pour ses vacances. Faites vos calcul frères !». Hasni Charika renchérit : «Personnellement, je préfère garder les devises plutôt que les donner à des corrompus. Franchement, quand on voit que même l'Arménie fait mieux que nous ! C'est la honte !».
Menouar Bellabas est plus sévère. Il accuse les responsables algériens d'être « les premiers à exporter la monnaie locale sous forme de devises pour acquérir des biens immobiliers à travers l'Europe. De l'argent sale gagné grâce à la corruption bien évidement».
Manque de confiance dans les banques et marché informel
Mehdi Belarbi relativise : «Je pense que la réalité est tout autre. Le marché parallèle représente plusieurs milliards de dollars, et si on peut établir des chiffres réels, les Algériens seront au-dessus du lot.». Le poids de l'informel serait plus pesant, selon certains, et les sommes qui circulent au black en Algérie seraient plus importantes que l'argent transitant par le canal bancaire dans les pays voisins. «Nous sommes certainement les premiers au marché parallèle», fait remarquer Rachid Segheri. «Normal, vu le décalage entre le cours officiel et celui pratiqué dans le marché parallèle», tente d'expliquer Sofiane Boussalia. Chose que Malek Salah soutient, en accablant le gouvernement: «Les émigrés ont raison. L'Etat n'a rien fait pour eux. L'émigré ne peut investir dans son pays car l'Etat ne lui facilite pas la tâche. Il ne peut même pas avoir de logement, et il n'a, donc aucune raison pour faire confiance à cet Etat arnaqueur». Abdelaziz Djeffal, lui, souligne que l'argent est transféré autrement par les Algériens. «Ils transfèrent beaucoup d'argent, qui ne rentre pas en Algérie en tant que tel, mais sous forme de marchandises», ajoute-t-il.
Le secrétaire d'Etat chargé de la communauté nationale à l'étranger, M. Belkacem Sahli avait, en effet, tenu lundi une conférence de presse conjointe avec la ministre de la diaspora de la République d'Arménie, Mme Hranush Hakobyan au siège du ministère algérien des Affaires étrangères à Alger. Il avait déclaré que «les sommes qui transitent par le canal bancaire ne se hissent pas au niveau souhaité et, comparativement aux seuls voisins maghrébins, les immigrés algériens sont les derniers».
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Posté Le : 29/05/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Habib Ferhi
Source : www.maghrebemergent.info