Malik BoumatiDes dizaines de villages des hauteurs de la wilaya de Tizi Ouzou l'ont vécue, subie et ne sont pas prêts de l'oublier. La tempête de neige de janvier et février 2005 est restée dans les mémoires des villageois des montagnes de Kabylie, isolés du reste du monde pendant plus de quinze jours. Certains villages ont atteint un mois d'isolement. Ces derniers ont vécu même un problème d'approvisionnement en denrées alimentaires et en bonbonnes de gaz butane. À l'époque, les autorités n'ont pas su anticiper à l'annonce du bulletin météo spécial émis par les services météorologiques, mais la solidarité citoyenne et la disponibilité des élus locaux ont pallié à cette défection qui a failli coûté la vie aux villageois, particulièrement les malades qui nécessitaient des évacuations vers les établissements hospitaliers. Ce problème a été vécu dans la douleur par de nombreux villageois, notamment ceux des daïras de Aïn El Hammam, Iferhounen et Ath Yanni, sur les hauteurs de la wilaya. Dans le cas des évacuations de malades, les villageois étaient livrés à eux-mêmes. Pour les familles des malades à transporter vers les centres hospitaliers, il fallait compter sur ses propres bras et ceux des voisins et autres villageois. Tout le monde se rappelle de cette parturiente qui devait accoucher en urgence et qui a été acheminée à pied par des membres de sa famille et des voisins sur plusieurs kilomètres. Il faut dire que dans ce genre de situation, la solidarité villageoise ne souffre d'aucune ambigüité. Et les élus locaux, issus dans leur totalité de la communauté villageoise, se mobilisent également autour de leurs concitoyens, mais les faibles moyens dont disposent les communes en général ne leur permettent pas d'être au top face aux difficultés des villageois. Mais leur présence et leur disponibilité dans ces moments difficiles est appréciée par les citoyens. D'ailleurs, dans la région d'Ath Yanni, personne n'a oublié l'ancien président de l'APC, Rabah Tabeche, qui se démenait comme un fou pour rompre l'isolement des nombreux villages de la région. À l'époque, il est allé jusqu'à prendre un tracteur pour se diriger vers la commune voisine de Yattafen afin de rétablir l'électricité interrompue par les intempéries, alors que les routes étaient coupées de toutes parts. Mais les élus locaux n'ont que leur c?ur et leurs bras pour aider les villageois dans ce genre de situations, tant les moyens manquent aux communes. Depuis cet épisode, les pouvoirs publics ont appris la leçon et ont pris certaines mesures qui se sont avérées salutaires à l'occasion de la nouvelle tempête de neige enregistrée en 2012. En effet, plusieurs communes ont été dotées depuis la tempête de 2005 de camions chasse-neige et de différents outils de déneigement qui ont rendu facile la mobilisation contre la tempête que la région a connue sept années plus tard. Mais cela reste encore insuffisant en raison notamment de la nature géographique de la région. Les responsables locaux ont juste les moyens de rouvrir à la circulation les chefs-lieux communaux, les chemins menant vers les villages étant trop nombreux et escarpés pour être pris en charge en totalité. Il faut dire aussi qu'il y a un autre facteur qui facilite la vie aux citoyens habitant certains villages de la région : l'alimentation en gaz naturel qui avance dans la wilaya, malgré certaines difficultés liées au phénomène des oppositions. Une alimentation en gaz de ville qui permet aux villages d'être épargnés par la chasse problématique aux bonbonnes de gaz butane. Il restera aux autorités publiques de trouver une solution au problème de la scolarité des enfants en période d'intempéries. Un problème récurrent qui se pose à chaque fois que le ciel fait des siennes. Les écoles restent fermées en raison de la fermeture des routes dans le cas de chute de neige ou du risque encouru par les bambins en période de fortes pluies. Et dans ce cas, la disponibilité et la solidarité des élus locaux ne seront d'aucun apport pour les villageois, tant que des moyens plus importants ne seront pas mis à leur disposition, parce que les villages sont trop nombreux (plus de 1 300 dans toute la wilaya) et sont éparpillés, particulièrement sur les territoires des communes situées sur les hauteurs de la wilaya.M. B.
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Posté Le : 25/02/2015
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : La Tribune
Source : www.latribune-online.com