Algérie

Les élus incapables de gérer les ordures à Constantine Citoyens et responsables se rejettent la balle



Les élus incapables de gérer les ordures à Constantine                                    Citoyens et responsables se rejettent la balle
Photo : Riad
De notre correspondant à Constantine
Nasser Hannachi
Les mots civisme et respect de l'environnement demeurent de vaines expressions dans la plupart des cités constantinoises. Pourtant, cette situation déplorable peut être changer et il est possible d'inverser positivement la tendance si les délégués des assemblées s'attelaient sérieusement à la tâche et travaillaient réellement à l'élaboration et la mise en place de mesures aptes à contribuer à la concrétisation du schéma directeur d'assainissement en service depuis 2007 et qui est censé apporter tous les outils nécessaires pour assurer le bien-être des citoyens Faut-il revoir à la hausse les budgets alloués au secteur de l'assainissement et de l'hygiène pour une meilleure prise en charge des cités ' Toute action sur terrain requiert un engagement humain mais aussi des moyens inhérents à l'accomplissement des tâches. La commune qui a les premières prérogatives en matière d'assainissement et d'hygiène souffre de manques en matière de logistique et de ressources humains. Les finances consacrées au volet ne parviennent pas, malgré leur importance, à couvrir toutes les dépenses inhérentes à la gestion des espaces, de l'avis des acteurs impliqués dans ce créneau.Rares sont les élus locaux qui ont manifesté leur désir de renouveler, voire solliciter, les pourvoyeurs de fonds pour dégager une enveloppe conséquente en vue d'assainir cette ville dont toutes les facettes sont ternies. Les plénières accordent peu d'importance à cette donne vitale qu'est l'environnement qui, s'il est sain et propre, permettra au Trésor de faire des économies en termes de budgets pour la santé. A bien y regarder, ce ne sont pas toujours les marchés auxquels on donne toutes les priorités qui sont porteurs de plus-values.Les élus confectionnent des avis en étroite collaboration avec les secteurs compétents. Rien n'est entériné sans le passage par l'assemblée. Mais si l'on excepte l'installation de nombre de bacs à ordures qui sont utilisés au niveau des centaines de points de collecte, il n'y a aucune stratégie se rapportant au cadre de vie. Sur les plans architecturaux, on trouvera toujours des arbres, du gazon, des espaces verts et aires de jeu dans les projets de cités. Mais une fois le projet réalisé et réceptionné, le site renvoie une image tout ce qu'il y a de désolant. On pourra chercher longtemps les points de verdure' Quand il n'ont pas été transformé eu cours de route en parkings, ils sont souvent détournés pour devenir des terrains bâtissables.
Et si on ajoute l'absence de civisme chez de nombreux citoyens qui, sachant qu'aucune autorité ne viendrait les rappeler à l'ordre ou les verbaliser pour agression de l'environnement ou manquement aux règles d'hygiène, se comportent comme de véritables troglodytes, jetant leurs ordures n'importe où, n'importe comment et n'importe quand, sans soucier de la propreté du milieu où ils vivent, on peut aisément imaginer ce que deviendra la cité une année seulement après son occupation, un vrai égout à ciel ouvert. Evidemment, le tort revient aux habitant, mais tout autant, et même plus, aux élus locaux qui sont incapables de prendre des décisions fermes et de les appliquer rigoureusement pour imposer l'hygiène et la propreté dans la ville. Il appartient aux autorités de donner l'exemple et de l'imposer aux citoyens. C'est ainsi, et seulement ainsi, qu'on créera les réflexes qui feront de tout citoyen un gardien de l'environnement.«L'hygiène ne relève pas seulement des services communaux. La population doit s'y mettre pour s'offrir un environnement sain», ne cessent de répéter les officiels. «Nous ne demandons rien de spécial au citoyen. On ne lui demande pas de trier ses ordures, mais juste qu'il fasse sortir ses sacs à ordures à temps pour éviter des amoncellement», ajoute B. Nourredine, responsable de l'hygiène et de l'assainissement au chef-lieu de la wilaya. Ce responsable mettra en exergue l'attitude peu élégante des citoyens qui ne respectent pas les gestes de civisme au point d'encombrer les espaces par des débris, toute matières confondues.Mais que font les responsables pour obliger les citoyens à respecter les règles ' Un responsable ne peut se contenter de dresser le constat de l'incivisme pour justifier la saleté qui empoisonne la vie et la vue des constantinois, et ne rien faire pour changer cet état de fait.Sur un autre volet, B. Nourredine se plaint du manque de moyens dont souffre la commune en ce qui concerne le matériel ou encore les ressources humaines. C'est pour ça que la commune travaille en étroite collaboration avec l'Entreprise publique communale pluridisciplinaire des travaux (Epcpt), conformément à un cahier des charges «relatif à la concession et à l'enlèvement des déchets solides urbains». Cette entreprise assure l'assainissement de 18 secteurs.Mais le travail de l'Epcpt n'arrive pas à bout des ordures. Dans les quartiers notamment populaires on peut voir des amoncellements d'ordures, gravats et autres détritus, sans que personne ne s'en inquiète outre mesure. La démission de la société civile aggravée par la passivité des collectivités et autorités locales, faute de moyens soutient-on, ont fait de Constantine une ville laide et inhospitalière.Pour certains élus, cette indifférence est due à l'absence d'un cadre organisationnel. «Les résidents des quartiers piétinent les gestes élémentaires d'hygiène», estime le vice-président chargé du volet assainissement et hygiène à la commune de Constantine. Il ne cesse de réitérer son désappointement sur le laxisme affiché chez certains citoyens qui font fi des horaires de collectes d'ordures et amoncellent leurs sacs noirs après le passage des bennes à ordures. Une mentalité qui nécessite plus qu'un civisme alors que les collecteurs repassent leur deuxième balai pour nettoyer la ville en l'espace de quelques heures. «Je pense qu'il importe d'aller loin dans la sensibilisation. Outre l'action souhaitable des comités de quartier, un canevas de mesures drastiques doit être confectionné pour mettre un terme à cet environnement lugubre qui enlaidi quelques quartiers Constantinois», confie un élu local. Et d'ajouter : «La commune qui débourse beaucoup d'argent en matière d'assainissement devra songer à amorcer ses dépenses. On ne peut pas continuer de répondre à un incivisme accru». D'autres voies envisageraient même de recourir à sanctionner les contrevenants par des taxes question de rétablir un environnement en dégradation continue. «Entre autres, c'est une mesure acceptable pour mettre un terme à des comportements qui ternissent l'environnement», dira un élu. Toutefois, la plupart des élus locaux et des acteurs impliqués dans l'assainissement évoquent le relief accidenté de la ville qui complique la tâche des intervenants, car rendant difficile l'accès à quelques quartiers. «Keff Chedad à titre d'exemple constitue un handicap pour nos équipes d'intervention. C'est pourquoi nous insistons pour que les habitants s'investissent davantage et respectent les horaires de passage des collecteurs et ce pour préserver le site propre», insiste notre même source communale.S'agissant du bénévolat, il reste faible à Constantine. Le mouvement associatif n'est pas présent dans ce domaine. «Pourtant, nous encourageons les diverses associations en les dotant de moyens nécessaires pour accomplir divers actions d'assainissement», déplore le responsable. Par ailleurs la wilaya de Constantine qui a adopté en 2007 le schéma directeur de l'assainissement et de l'environnement (comme édicté dans les textes du ministère en charge du secteur) après son approbation par les assemblées, a pu apporter un lifting progressif à ses aires aux abords des résidences et habitations. Un acquis qui doit se maintenir malgré les défaillances existantes au niveau de quelques municipalités en raison du manque de moyens.Des campagnes de sensibilisations sont lancées ça et là, des journées sont consacrées à l'environnement, mais peu est fait sur le terrain. Et on peut se cacher derrière la complexité du relief, le manque de moyens ou l'incivisme des citoyens. La gestion de la cité est, d'abord et avant tout, du ressort des élus et des autorités locales, c'est à eux de déterminer la marche à suivre pour avoir une ville exemplaire à tous les points et de l'imposer à tous les acteurs, de gré ou par la force de la loi' une main de fer dans un gant de velours pour mener, même à marche forcée, la collectivité vers le meilleur, en somme.


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