Par ARAB IZAROUKEN
Selon l'ancien ministre des Affaires religieuses et actuel président du haut conseil islamique (HCI), Bouabdallah Ghoulamallah, "un Algérien ne peut être que musulman". Quid alors de Raymonde Peshard, de Maurice Audin, de Maurice Laban, de Pierre Ghenassia, de Fernand Iveton, d'Henri Maillot et de nombreux autres morts pour que vive l'Algérie libre, indépendante '
Quid alors de celles et de ceux qui ont eu l'immense courage en dépit de leur situation, de leur origine, de leur confession, de leur croyance... de devenir, par la souffrance de la chair et le tribut du sang, algériennes et algériens '
Leur algérianité n'est pas le fait du hasard. Elle n'est pas non plus un legs. Leur algérianité est un choix réfléchi et pleinement assumé. Honnêtement, combien d'Algérien(ne)s "involontaires" auraient pu faire autant dans les mêmes conditions '! Quelle mouche vous a piqué M. Ghoulamallah pour vous abîmer près de 60 ans après l'indépendance, dans des "confondaisons" aussi sottes que périlleuses ' Pour un ancien haut responsable de l'Etat, déterminer la nationalité par l'appartenance religieuse relève au mieux d'une ignorance crasse, au pire d'une dangereuse provocation. Ainsi, pour vous, Frantz Fanon comme les époux Chaulet ou Annie Steiner ou... ou... ne peuvent être algérien(ne)s. Quelle ingratitude ! Quelle vilénie ! Oubliez-vous que c'est aussi grâce au sang versé de ces êtres de lumière, ces êtres d'exception qu'ils soient chrétiens, juifs (oui, oui... juifs), agnostiques ou sans religion et en totale communion avec leurs frères et camarades musulmans, que vous occupez aujourd'hui encore et à votre âge de hautes responsabilités dans cette Algérie indépendante certes, mais que vous polluez chaque jour davantage.
À la jeunesse héroïque qui redonne à l'Algérie ses couleurs, voilà ci-dessous la lettre émouvante d'Henri Maillot expliquant son engagement et son attachement à l'Algérie. Destinée initialement à la presse et donc à l'opinion française, voilà que par un retournement spectaculaire de situation dont l'histoire a le secret, elle constitue une cinglante réponse "post mortem" d'Henri Maillot au sieur Ghoulamlah et à ses acolytes. Elle commence ainsi : "Je ne suis pas musulman, mais je suis algérien d'origine européenne.
Je considère l'Algérie comme ma patrie. Je considère que je dois avoir à son égard les mêmes devoirs que tous ses fils." À lire et à méditer. Elle gagnerait à être enseignée dans les écoles de la République.
Lettre d'Henri Maillot à la presse
"L'écrivain français Jules Roy, colonel d'aviation, écrivait, il y a quelques mois : "Si j'étais musulman, je serais du côté des fellagha." Je ne suis pas musulman, mais je suis algérien d'origine européenne. Je considère l'Algérie comme ma patrie. Je considère que je dois avoir à son égard les mêmes devoirs que tous ses fils. Au moment où le peuple algérien s'est levé pour libérer son sol national du joug colonialiste, ma place est aux côtés de ceux qui ont engagé le combat libérateur.
La presse colonialiste crie à la trahison, alors qu'elle publie et fait siens les appels séparatistes de Boyer-Bance. Elle criait aussi à la trahison lorsque sous Vichy les officiers français passaient à la Résistance, tandis qu'elle servait Hitler et le fascisme.
En vérité, les traîtres à la France, ce sont ceux qui pour servir leurs intérêts égoïstes dénaturent aux yeux des Algériens le vrai visage de la France et de son peuple aux traditions généreuses, révolutionnaires et anticolonialistes. De plus, tous les hommes de progrès de France et du monde reconnaissent la légitimité et la justesse de nos revendications nationales.
Le peuple algérien, longtemps bafoué, humilié, a pris résolument sa place dans le grand mouvement historique de libération des peuples coloniaux qui embrase l'Afrique et l'Asie. Sa victoire est certaine. Et il ne s'agit pas comme voudraient le faire croire les gros possédants de ce pays, d'un combat racial, mais d'une lutte d'opprimés sans distinction d'origine, contre leurs oppresseurs et leurs valets sans distinction de race. Il ne s'agit pas d'un mouvement dirigé contre la France et les Français, ni contre les travailleurs d'origine européenne ou israélite. Ceux-ci ont leur place dans ce pays. Nous ne les confondons pas avec les oppresseurs de notre peuple.
En accomplissant mon geste, en livrant aux combattants algériens des armes dont ils ont besoin pour leur combat libérateur, des armes qui serviront exclusivement contre les forces militaires et policières et les collaborateurs, j'ai conscience d'avoir servi les intérêts de mon pays et de mon peuple, y compris ceux des travailleurs européens momentanément trompés."
HENRI MAILLOT
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Posté Le : 12/05/2021
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Arab IZAROUKEN
Source : www.liberte-algerie.com