La participation, souhaitable, des forces démocratiques et de progrès aux
élections législatives n'a de sens que si elle s'insère dans une stratégie
politique d'ensemble, estime l'ancien secrétaire général du PAGS, M.Sadek
Hadjeres.
Critiquant une conception étriquée de la politique qui ne s'articule pas
sur les «préoccupations réelles» des gens, il souligne la gravité des menaces
induites par le contexte international et régional.
Pour Sadek Hadjeres, il est utile que les forces démocratiques
participent aux élections législatives du 10 mai prochain. A condition de
concevoir cette participation comme «un élément d'une stratégie politique
d'ensemble et de longue haleine…» visant à créer à terme un rapport de force
global, «une large hégémonie populaire en mesure de modifier radicalement la
nature et le contenu du pouvoir dans un sens démocratique et social conforme
aux intérêts de la société et de la nation». Ce genre de bataille,
souligne-t-il, n'est pas facile à mener en raison des écueils des «penchants
opportunistes» d'une part et du «faux radicalisme» de l'autre. Mais, c'est un
«effort» qui en vaut la peine afin de sortir des attitudes purement
«symboliques, attentistes et stérilisantes, dans lesquelles les pouvoirs
autoritaires, corrompus et corrupteurs, cherchent à enfermer les oppositions
légitimes». D'emblée, ce militant au long parcours met en garde contre la
tentation de faire de la participation ou non aux élections une «ligne de
clivage» entre les forces démocratiques et de progrès. Ce serait faire un
cadeau à peu de frais au pouvoir qui cherche à aiguiser ce genre de divergences
pour empêcher le développement, au-delà du champ des luttes électorales, d'un
«large courant unitaire». Les élections ne sont qu'une partie du combat.
L'enjeu pour ceux qui défendent les libertés individuelles et collectives, la
justice sociale, les droits humains et la souveraineté nationale, est de savoir
«s'unir et agir ensemble» autour des solutions «à apporter aux besoins et
revendications innombrables dont certaines sont vivement ressenties et sont au
cÅ“ur du drame national».
Tropisme politicien
Sadek Hadjeres constate et regrette l'existence d'une sorte de tropisme
politicien qui pousse ces forces à focaliser sur les « futiles évolutions dans
les sphères institutionnelles» au lieu de prêter attention «au mal-être
quotidien du plus grand nombre, aux grondements souterrains, aux saines et
brûlantes aspirations qui parcourent la société profonde, anciennes et jeunes
générations confondues, aux tensions et souffrances d'une société harcelée par
les tensions et problèmes locaux et planétaires».
Ce faisant, on développe une conception de la «politique à l'écart des
préoccupations réelles des gens ou avec le seul souci de les instrumentaliser».
Et c'est là, diagnostique-t-il, l'une des principales raisons qui «pérennisent
la chape de plomb réactionnaire interne et internationale dans laquelle étouffe
notre peuple».
D'autre part, Sadek Hadjeres met en relief le contexte international et
régional dans lequel se déroulent ces élections. «Ce serait pure myopie» de
l'ignorer et de refuser de les mettre en perspective et de les «replacer dans
le cadre géostratégique d'enjeux dont les deux volets, celui des évolutions
internes et celui des évolutions mondiales, se rejoignent».
Des «comportements plus qu'arrogants» à l'égard de l'Algérie
Ces aspects sont, selon lui, imbriqués à l'heure où il existe une
entreprise convergente destinée à «réduire et voler aux peuples du monde arabe
et de l'Afrique les fruits démocratiques, sociaux et de souveraineté durement
conquis et espérés avec l'indépendance». Il relève à ce propos le «comportement
plus qu'arrogant des diplomates, représentants des grands monopoles et
stratèges occidentaux envers l'Algérie» en soulignant que l'Algérie est
susceptible de subir l'un des traitements appliqués à la Libye, la Syrie ou le
Mali. Pour «survivre dans la paix et dans la dignité», le «devoir brûlant de
l'ensemble des protagonistes algériens (pouvoirs et oppositions, Etat et
société) est de partager la responsabilité commune à laquelle nombre d'acteurs,
civils et militaires, ont malheureusement failli en délaissant, dès la grave
crise de l'été 62, la voie de la lutte pour des solutions pacifiques,
politiques et démocratiques face aux crises nationales successives». Cela passe
par un retour «aux fondamentaux qui ont inspiré la lutte libératrice» et par la
correction des « écarts qui ont trahi une révolution nationale vers laquelle
allaient l'admiration et le respect du monde». Il y a une situation de crise
qui remonte à loin. L'impréparation politique et idéologique dans laquelle a
été engagée «l'insurrection légitime de 54», qui n'a pu être corrigée à temps
par les animateurs du Congrès de la Soummam.
Après l'indépendance, les «luttes sans principes pour le pouvoir» ont
empêché de tirer les «bonnes leçons». Au contraire, les détenteurs du pouvoir,
«plus attentifs aux leviers de domination et d'enrichissement qu'à la solution
des problèmes de société», ont aggravé l'état de crise endémique et son
retentissement négatif sur le civisme des citoyens. «Les fastes séquences des
conquêtes nationales et sociales des années 70, embrumées par l'autoritarisme répressif,
puis les réformes démocratiques et sociales du gouvernement Hamrouche en 1990,
avortées et sabotées par les courants rentiers et compradores, ont été un
contrepoids insuffisant au glissement néfaste tout en attisant les revanchismes
réactionnaires et néo-colonialistes », estime Sadek Hadjeres.
Pour un «Front du salut» National, Démocratique, Social et Souverainiste
Les différentes séquences de cette crise, affrontements armés de l'été
1962 et de 1963-64, coup d'Etat de juin 1965, répression sanglante d'Octobre
1988, répression du mouvement jeune kabyle de 2001, la guerre intestine de la
décennie noire 90 pèsent lourdement et ont pour effet de désarmer les Algériens
«les plus intéressés à la paix et la cohésion civiles, les plus motivés, les plus
résolus à prévenir et conjurer les catastrophes nationales montantes». Il faut,
estime Sadek Hadjeres, se mobiliser et débattre pour isoler ceux qui
chercheraient «à persévérer dans la voie du suicide collectif, des
affrontements criminels et des tractations politiciennes». Il appelle à agir
pour un «Front du Salut» qui, dans l'état actuel, «ne pourrait être ni
islamiste, ni laïciste, ni libéral, ni socialiste, mais ne peut être que plus
largement et avant tout : National, Démocratique, Social et Souverainiste. «Que
les adorateurs du Dieu argent et les valets prêts à s'inféoder aux
néocolonialistes y réfléchissent à deux fois et renoncent à s'associer aux
plans de déstabilisation d'une Nation qui a déjà beaucoup donné pour sa liberté
et son bonheur».
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 01/04/2012
Posté par : sofiane
Ecrit par : MSaadoune
Source : www.lequotidien-oran.com