Algérie

LES ELECTIONS DES AUTRES


Les Algériens ne l'ignorent pas : les élections en France, cela concerne les Français. Et eux seuls. Ils n'ont pas vraiment besoin qu'on vienne le leur rappeler, c'est une remarque superflue. Il est tout autant inutile de se demander pourquoi ils s'intéressent plus aux élections en France qu'en Grèce, où l'on a voté en général contre les partis qui ont imposé un remède sévère au pays.
Il y a de nombreux Algériens et Maghrébins en France qui ont été mis, par-devers eux, au centre de la campagne électorale et cela suscite un intérêt légitime pour cette élection et une préférence compréhensible pour le candidat socialiste. Après une campagne dure menée outrageusement sur les thèmes du Front national, beaucoup d'Algériens ont apprécié que les électeurs français aient signifié la fin de partie au président sortant. Les Algériens ont des parents et des amis en France. Ils sont soulagés de voir que le nouveau locataire de l'Elysée ne fait pas des immigrés le bouc émissaire de la crise. Ce n'est pas beaucoup, mais ce n'est pas rien. La campagne électorale de Sarkozy, menée sur des thèmes islamophobes et xénophobes, aura forcé l'intérêt des Maghrébins.
Mais au-delà de cet aspect «subjectif», l'intérêt pour les élections françaises tient aussi au fait qu'on perçoit parfaitement que les élections ont du sens et que les électeurs ne sont pas convoqués à une simple formalité. Ces électeurs peuvent peser encore sur le cours des choses, quoi qu'on dise de «l'affadissement» des démocraties et de la crise des systèmes de représentation. Même quand on fait dans l'hypercritique, il serait incongru de dire que Nicolas Sarkozy et François Hollande, c'est du kif-kif. Il y a bien une différence de fond que l'on pourrait qualifier «d'éthique» entre les deux hommes, celle-là même qui explique qu'un François Bayrou vote pour Hollande, même s'il considère que son programme économique ne mène nulle part.
Dans un pays comme l'Algérie où des élections ont dérivé vers la guerre civile, des destructions et la perte incommensurable d'une grande partie des élites formées depuis l'indépendance, on observe aussi une alternance qui fonctionne. Sans crise, sans violence et sans basculement dans les affrontements. En biais, on peut voir dans cet intérêt le fait que les Algériens ne soient pas dégoûtés «par principe » de la politique. Ils s'y intéressent quand ils perçoivent qu'il y a un enjeu sérieux et que les urnes servent à faire et à défaire des gouvernements et des pouvoirs. Mais ceux qui suivent la vie politique française savent qu'il ne faut pas envisager le résultat de l'élection présidentielle sous le seul prisme «idéologique ». Même si les dérives racistes et populistes de Nicolas Sarkozy ont révulsé une large partie de l'opinion, y compris dans son propre camp, sa défaite trouve principalement ses raisons dans la dégradation des conditions de vie de très nombreux Français. Il y a donc aussi dans cet échec de Sarkozy et dans la victoire de Hollande le rejet d'une politique antisociale et d'une préférence pour les nantis.


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