Les électeurs dépités !

Les wilayas ont réceptionné les listes des candidats aux élections législatives prochaines. La totalité des partis ont connu des contestations durant l'élaboration des listes des futurs élus de la Nation. Un exercice d'une rare difficulté, particulièrement pour les partis les mieux ancrés dans la société. Les ambitions personnelles ajoutées à la volonté de certains de rester au pouvoir ont participé à l'émergence de dizaines de milliers de candidatures. Le rajeunissement, l'alternance ou les échecs personnels n'ont pas eu droit de cité dans la confection des listes. La majorité des partis a présenté des noms connus pour certains et des dissidents d'autres formations pour d'autres. Ceux et celles qui n'ont pas trouvé de formations politiques pour les parrainer, ont choisi la voie des listes indépendantes. 41 partis politiques et des centaines de listes d'indépendants se disputeront les 462 sièges de l'APN.Il est certain que cette concurrence ne peut être qu'un signe de la vitalité d'une démocratisation en marche. Mais il est sûr que les motivations des uns et des autres divergent. Si quelques-uns sont là pour servir la Nation et défendre des idées, la majorité semble être motivée par le statut social et les indemnités parlementaires. La présentation des programmes se limite, pour l'instant, à de la phraséologie fortement teintée d'idéologie sans consistance. Rien sur les libertés ! Aucun mot sur la vision de la justice sociale ! Pas une idée sur la séparation des pouvoirs. Pourtant, les Algériens sont appelés à choisir des députés qui voteront la future Constitution du pays.Ces élections s'apparentent de plus en plus à une contre-révolution. Nous sommes loin du changement espéré. La médiocrité est telle que tout le monde aspire à tous les postes. La confusion des genres ajoute à la confusion des rôles. Le militantisme se confond avec l'appétit. La politique et son exercice ne deviendraient qu'un vaste fast-food où l'on se raconte des salades pour gagner quelques radis de plus, pour paraphraser une blague qui circule sur le net.Le scrutin voulu par le président de la République comme le plus transparent possible, va aboutir à une Assemblée des plus médiocres. Les députés du 11 mai ne seront pas meilleurs que les dépités de ce jour. Aucun n'est convaincant mais surtout aucun n'est convaincu par les combats qu'il doit mener et n'est conscient des défis qui attendent l'Algérie.La fonction législative a été tellement galvaudée que tous les médiocres et les frustrés se voient députés. Le règne du copier-coller, par la grâce de l'informatique, semble avoir atteint toutes les sphères de la société alors que l'on pensait qu'il était circonscrit au monde de la presse et de l'enseignement supérieur. Le nivellement par le bas est le pire destin pour une société. Il reste à espérer que les médiocres se démettront d'eux-mêmes dans un éclair de conscience ou d'une forte lassitude. Les Algériens, hélas, sont largement dépités par leurs responsables quel que soit l'endroit où ils travaillent.
A. E.