Quelle que soit l'issue de la première élection présidentielle post-Moubarak, l'Egypte va vers la confrontation entre les militaires et les Frères musulmans, sous l''il désabusé d'une grande majorité d'Egyptiens. La grande abstention lors de ce scrutin est l'indice d'une désaffection grandissante vis-à-vis du processus politique en cours, dans lequel l'armée joue un rôle de premier plan.
Tout a commencé il y a 16 mois avec une sacrée déflagration: une population opprimée est descendue dans la rue pour surprendre le monde entier (et se surprendre elle-même) en se soulevant contre son maître. Aujourd'hui, dans ces mêmes rues, on dirait que tout se termine en jérémiades.
Les 16 et 17 juin 2011, les Egyptiens ont participé à leurs cinquièmes élections nationales depuis mars dernier 'un deuxième tour des présidentielles pour départager le candidat des Frères musulmans, Mohammed Morsi, et Ahmed Chafiq, ancien commandant de l'armée de l'air, dernier Premier Ministre de Hosni Moubarak et symbole universel de l'ancien régime.
De l'enthousiasme à l'abstention
Pour parler franchement, tout cela était fort déprimant 'le ton des événements avait apparemment été donné par la décision d'un tribunal, deux jours avant les élections, de dissoudre le parlement pour cause de vice juridique et de remettre l'autorité législative entre les mains du Conseil Suprême des Forces Armées (CSFA).
La participation, constante le 16 juin, a plongé le deuxième jour. Les bureaux de vote sont restés ouverts deux heures supplémentaires dimanche 17 juin au soir, non pas pour cause de longues files d'attente mais plutôt pour tenter désespérément d'attirer quelques milliers de traînards et d'électeurs pas assez motivés.
Environ 1 heure 30 avant l'heure de fermeture prévue d'un bureau de vote aménagé dans une école de filles de Gizeh, dans la banlieue du Caire, j'ai vu passer quelques rares hommes, disparaissant complètement sous le nombre d'assesseurs et d'officiers de police.
Il y avait bien moins de joyeux électeurs secouant allègrement leur index maculé d'encre que lors des élections précédentes. Franchement, à aucun moment ce scrutin n'a donné à quiconque l'envie de secouer allègrement quoi que ce soit.
Bienvenue dans la nouvelle Egypte apathique. On peut l'imputer en partie à un épuisement électoral, en partie à un boycott actif, et en partie à une grande désillusion face aux choix proposés. Les possibilités apparemment infinies offertes par la révolution se sont réduites à une nouvelle épreuve de force entre un régime inchangé et les Frères musulmans.
Choisir entre la peste et le choléra
«J'ai l'impression de ne pas être là pour voter pour quelque chose. Je votre contre quelque chose d'horrible. Je crois que nous sommes beaucoup à le faire aujourd'hui» regrettait Ahmed Adel, charpentier de 32 ans, en sortant du bureau de vote de Gizeh dimanche matin. Il n'a pas voulu révéler pour qui (ou contre qui) il avait voté. Peut-être cela n'avait-il pas d'importance.
En fin d'après-midi lundi, Morsi annonçait une victoire serrée et ses supporters étaient déjà en train de faire la fête place Tahrir. Les résultats officiels ne devaient pas être connus avant 24 heures minimum, le camp de Chafiq avançait des chiffres différents, et certains avertissaient les Frères de ne pas déboucher tout de suite les bouteilles de jus de raisin pétillant.
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Posté Le : 21/06/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Ashraf Khalil Foreign Policy
Source : www.maghrebemergent.info