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Les Egyptiens intransigeants Edito : les autres articles



Les Egyptiens intransigeants                                    Edito : les autres articles
Les rapports entre les Egyptiens et l'institution militaire ne sont plus ce qu'ils étaient lors des manifestations de masse qui avaient conduit à la chute, en février dernier, du président Hosni Moubarak. On ne peut pas dire d'eux qu'ils étaient marqués par une forte suspicion, mais au moins une certaine prudence, rompant avec la sympathie à l'instant même où l'armée faisait irruption sur la scène politique. C'était son fameux communiqué numéro un. Le fait même qu'il soit ainsi répertorié amenait à penser que d'autres allaient suivre, et qu'en fin de compte, ce n'était plus une révolte, mais un putsch militaire. Depuis cette date, beaucoup de choses ont changé, jusqu'au sentiment de confiance qui a perdu de sa consistance. C'est d'ailleurs l'opinion qui est à l'origine de mesures majeures, les plus spectaculaires d'entre elles étant le procès de Hosni Moubarak, et l'attaque contre l'ambassade d'Israël au Caire.
La recette est bien simple, des manifestations massives sans que cela tourne à l'émeute, et c'est ce qui semble perturber l'institution militaire qui croyait pouvoir appliquer son programme politique avec un échéancier qu'elle aura elle-même élaboré. Sauf que cela ne marche pas comme prévu. Des milliers de manifestants sont revenus vendredi sur la fameuse place Tahrir du Caire pour accuser l'armée de gérer le pays de manière opaque et de perpétuer le dispositif répressif du passé. C'est grave comme accusation, et à deux mois de législatives aux modalités contestées, c'est un bien mauvais signal. «Nous ne voyons aucun changement. Nous avons fait partir le général Moubarak, mais nous avons gagné un maréchal», pouvait-on lire sur une pancarte, en référence au maréchal Hussein Tantaoui, ministre de la Défense de Moubarak, pendant vingt ans, et actuellement chef du Conseil suprême des forces armées (CSFA).
Les manifestants dénoncent en particulier la récente extension du champ d'application de la loi sur l'état d'urgence, pilier du système répressif du temps de M. Moubarak, alors qu'elle aurait dû être abrogée. Ils réclamaient également l'arrêt des milliers de procès de civils en cours devant des tribunaux militaires. Autant admettre que les revendications ne manquent ni d'ampleur ni de consistance. L'on se garde de parler d'échec ou de récupération de la révolte par l'armée, même si pour certains, elle ne fait pas l'ombre d'un doute. Mais celle-ci, rappellent certains analystes, a comblé un vide qui aurait pu être préjudiciable à l'Egypte.
C'est un très mauvais signe pour le pays surtout à l'approche des élections législatives contestées dans leur déroulement. Celles-ci, selon des partis, auraient dû être reportées tant que leurs modalités n'auraient pas fait consensus. Comme cette clause réservant un tiers des sièges à des candidats sans affiliation politique, l'Egypte connaissant ce qui peut se cacher sous l'étiquette d'indépendant. Jusqu'aux dernières élections, ce sont surtout les islamistes, dont le parti était interdit, qui utilisaient une telle couverture. Qui seront cette fois les nouveaux indépendants ' C'est aux tenants du pouvoir d'apporter les réponses appropriées. C'est le chef d'état-major de l'armée qui devait s'en charger à l'occasion de rencontres avec les responsables de plusieurs partis politiques.
L'exercice pourrait être difficile et cela pour des raisons liées à l'exercice actuel du pouvoir. Des questions sans réponse, mais desquelles dépend justement cette fameuse transition vers la démocratie. La chute de Moubarak a-t-elle entraîné celle de son régime ' La question revient avec insistance.


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