Le dossier du vieux bâti ne cesse de susciter un intérêt particulier de la part des autorités publiques, que ce soit au niveau local ou de la part du gouvernement. Cependant, Oran continue de perdre ses anciennes bâtisses à un rythme inquiétant. Il ne se passe pas un jour, en effet, sans qu'on n'entende parler d'un effondrement dans l'un des vieux quartiers de la ville, avec son lot de familles sans abri. Plusieurs démarches ont été entreprises, mais la problématique du vieux bâti se pose toujours à Oran. Certains se demandent pourquoi les effondrements partiels ne touchent, en général, que les parties communes: terrasses et cages d'escaliers, entre autres? «Par manque de civisme ou de moyens, les parties communes ne sont jamais entretenues par les locataires», affirme un spécialiste. A cela s'ajoute un nouveau phénomène, «celui concernant les locataires qui provoquent eux-mêmes des effondrements partiels dans leurs habitations pour essayer de bénéficier, le plus vite possible, d'un relogement», nous confie une source proche de la wilaya d'Oran. Cette dernière nous a fait savoir que «lors des intempéries qui ont touché la semaine dernière notre région, un locataire dans un quartier populaire à Oran a été pris en flagrant délit, une massette à la main, en train de démolir une partie de sa maison». Dans le même contexte, notre interlocuteur a ajouté que la direction de la protection civile avait reçu des instructions de la part des services de la wilaya de ne délivrer des attestations de péril que lorsqu'il s'agit d'un «vrai effondrement». Les services de la sûreté interviennent en premier lieu et ce sont eux qui alertent les services de la protection civile. D'autre part, nos sources indiquent que c'est l'expertise qui peut déterminer si l'effondrement est réel ou provoqué. Même si ce nouveau phénomène a mis à nu la mauvaise foi de certains opportunistes, on ne peut pas dire que le problème du vieux bâti ne se pose pas à Oran. Bien au contraire et on ne peut aborder ce sujet sans rappeler le drame qui s'est produit, il y a trois ans, dans le quartier de Bel Air, lorsque plusieurs personnes ont péri suite à l'effondrement de leurs habitations. Plusieurs mesures ont été prises par les autorités pour parer à cette problématique. Néanmoins, les résultats restent en-deçà des attentes des centaines de familles vivant constamment en danger et ne peuvent fermer l'oeil au milieu de tout ce chaos, surtout durant la saison hivernale et ses pluies, de crainte que le pire ne survienne. Il y a deux semaines, au moins dix-neuf effondrements partiels se sont produits suite aux intempéries et trois personnes ont été blessées dans ces effondrements. A El-Hamri, au moins cinq rues sont bloquées par des tentes installées par les habitants dont les maisons ont été touchées par des effondrements partiels, dernièrement, rendant ainsi la circulation difficile. Contactés, les services de l'APC nous ont fait savoir qu'une enquête a été lancée pour identifier les vrais occupants de ces abris de fortune. A l'issue de cette opération, des mesures seront prises et les rues seront libérées. Par ailleurs et selon un bilan communiqué par la direction de la protection civile, soixante effondrements partiels ont été enregistrés durant les neuf premiers mois de l'année en cours, la majorité dans les quartiers de Derb, Sidi El-Houari, El- Hamri, Saint Eugène et Bel Air. Le pic a été atteint durant le mois de mars avec 14 cas, suivi du mois d'avril avec 11 cas, tandis qu'aucun cas n'a été enregistré durant le mois de février. Dans le cadre des mesures prises par l'Etat, Oran a bénéficié, dernièrement, de l'inscription d'une opération de restauration de 200 immeubles. Cette action qui vient à point nommé ne représente, en fait, qu'une goutte dans un océan, surtout qu'il s'agit d'une ville qui compte plus de 2.000 immeubles menaçant ruine, selon des statistiques de 2005, un chiffre qui a été sûrement dépassé. Cette opération a été précédée d'une réhabilitation d'environ 500 immeubles totalisant 5.000 unités dans le secteur urbain de Sidi El-Bachir et au centre-ville, pour un coût global de 250 millions de dinars. Une opération qui a connu de nombreuses difficultés dans son exécution, notamment le refus de nombreux occupants de laisser les agents de l'OPGI entrer dans les logements pour entreprendre les réparations ou vérifier l'état des cages d'escaliers, des balcons et des réseaux d'AEP et d'assainissement. Des difficultés qui ont entraîné des retards dans la finalisation du programme de réhabilitation. De son côté, l'APC d'Oran avait lancé des opérations d'expertise pour l'élaboration d'un diagnostic sur l'état de vulnérabilité du vieux bâti, et ce, conformément aux recommandations du ministère de l'Habitat. C'est ainsi qu'une commission du péril a été mise en place, dont la mission ne dépasse pas le constat. En outre, les travaux de réhabilitation totale d'un immeuble au quartier de Sidi El-Houari, dans le cadre de l'opération «Archimède», ont été lancés. L'îlot en question constituera un échantillon en perspective d'une éventuelle enquête qui touchera tous les immeubles du quartier. Du côté de la wilaya, des source affirment que «suite aux instructions du wali, l'opération d'assainissement et de lutte contre les tentes et les taudis qui défigurent l'aspect physionomique de la deuxième capitale du pays se poursuivra». Dans ce cadre, 38 familles sinistrées ont été relogées en septembre dernier par les services de la wilaya d'Oran dans de nouveaux appartements à Bousfer, El-Ançor, Boufatis, El-Braya, Sidi Chahmi, Boutlélis et Mers El-Kébir, entre autres. «Des actions similaires toucheront, prochainement, d'autres sites. Le traitement des dossiers est en cours», ajoute notre source.
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Posté Le : 13/11/2007
Posté par : sofiane
Ecrit par : J Boukraâ
Source : www.lequotidien-oran.com