Algérie

Les effondrements continuent à Souika Un patrimoine national en déroute



Le récent effondrement, qui heureusement n'a pas fait de victimes, de tout un pan de mur du haut d'une bâtisse menaçant ruine, au niveau de la ruelle jouxtant la zaouïa «Essayda Hafsa» dans le quartier de Souika, et qui a obstrué presque totalement le passage aux riverains (Cf Le Quotidien d'Oran du 5 janvier courant), n'est pas, loin s'en faut, un fait anodin dont on peut sous-estimer les conséquences. Cet incident grave qui est survenu de nuit - même si depuis les services dépendant du secteur urbain de Sidi Rached, avec le concours des habitants du quartier, ont déblayé quelque peu les lieux -, vient rappeler, comme c'est souvent le cas dans pareilles circonstances, que le vieux bâti de la séculaire médina se désagrège inéluctablement sous l'effet du temps, sans doute, mais aussi et surtout à cause d'une réhabilitation grandeur nature, longtemps annoncée, et qui n'a jamais dépassé à Constantine le stade des bonnes intentions.  A la vérité, comme on a pu le constater de visu, et dans le prolongement de la venelle où l'effondrement a eu lieu, en allant vers la mosquée de Sidi Nemdil, il est loisible de constater les images apocalyptiques, comme si un fort séisme avait frappé l'enchevêtrement de bâtisses, affaissées les unes contre les autres et maintenues coûte que coûte, debout, par la seule force des échafaudages, installés là, plus pour conjurer le mauvais sort que pour «tenir en vie» vraiment des habitations encore occupées, faut-il le préciser, par des centaines de famille.  Alors que le danger mortel de l'effondrement de toutes les bâtisses alentour, les unes entraînant les autres, est plus que jamais présent, les multiples institutions et autres organismes concernés semblent, de notre point de vue, s'être achetés pour l'heure, bonne conscience en confortant le site par ce mécano instable de tubulaires improbables. Le fait avéré est que, depuis plus d'une décennie, tout le site en question est parti par pans entiers, le pâté de maisons de la rue de l'Echelle n'est plus que ruine et désolation, et la venelle menant à la zaouïa Hafsa aussi, en passant par Sidi Nemdil jusqu'au quartier d'Esseida... Vu du pont, c'est une partie importante de Souika, du côté de Sidi Rached, qui est devenue une topographie idéale pour un effondrement, en gros et dans le détail, qui se dessine à chaque hiver, font remarquer nombres d'urbanistes. A Constantine, il faut l'avouer, le plan permanent de sauvegarde de la vieille ville, comme son nom ne l'indique pas, n'a vraiment de permanent, au jour d'aujourd'hui, que les effets d'annonces cycliques, quand, les uns chassant les autres, les avis d'appel d'offres et la sélection improbable des bureaux d'études fleurissent au gré des saisons, tels des talismans dédiés par oukases administratifs au sauvetage autoproclamé de la mémoire. A noter que depuis près de trois années, tout ce beau monde, dont le maître-mot, ne pas perdre de temps, a fait long feu, est bien forcé de reconnaître, même à distance, que la sauvegarde à tourner au «sauve-qui-peut» et Souika, classée patrimoine national, est en déroute, affichant plus que jamais, ses ruines et ses maisons effondrées.


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