Les responsables du ministère des Moudjahidine et les victimes
algériennes et françaises des essais nucléaires français
à Regane, réclament des informations et des cartes des sites des dépôts des
déchets radioactifs qui ont affecté et affectent toujours la région.
D'autres personnalités et témoins des essais réclament des fichiers
individualisés sur toutes les victimes (les ouvriers qui étaient présents lors
de cette période et les noms des 150 prisonniers algériens qui ont été utilisés
comme cobayes humains).
C'est le message transmis aux
autorités françaises par les participants au 2e Colloque international sur «les
effets des essais nucléaires français dans le Sahara algérien», organisé, hier,
par le ministère des Moudjahidine au cercle militaire de Béni-Messous, à Alger,
en présence des experts et de la presse étrangère. Les participants ont
focalisé leurs interventions sur la nécessité d'obtenir des informations
précises sur les lieux d'enfouissement du matériel contaminé et des déchets
radioactifs dans le désert.
Pour les intervenants, des
équipements, des animaux qui ont servi aux expérimentations ont été
insuffisamment enfouis sous le sable et sans aucune indication de la part des
Français. Le ministre des Moudjahidine, Mohamed Chérif Abbas a, lors de son
intervention, déclaré que la problématique essentielle qui se pose est de
diagnostiquer scientifiquement le phénomène et d'analyser les résultats sur
tous les plans, l'impact de ces essais sur la faune, la flore et les humains,
afin de redonner vie à cette région meurtrie. Pour sa part, le président de la
Fondation pour la promotion de la santé et du développement de la recherche
(FOREM), le professeur Mostefa Khiati, a réclamé, au même titre, aux médecins
ayant enquêté sur cette question, des informations relatives aux conséquences
sanitaires des essais nucléaires français. Il a rappelé que la population
locale n'a pas été avertie ni avant, ni après, des effets de la radioactivité
des essais nucléaires. Des médecins ont repris les témoignages recueillis
auprès de la population locale, faisant état de l'utilisation de cobayes
humains. Selon des médecins et des témoins de la région «150 prisonniers,
d'autres parlent de 200, des moudjahidine pour la plupart, ont été ligotés à
des poteaux à environ 1 km de l'épicentre, pour voir les effets des radiations
produits sur eux ». Et de poursuivre « les survivants n'ont bénéficié après,
d'aucun traitement». «Les autorités françaises doivent nous fournir les
fichiers individualisés de tous ces prisonniers qui ont servi de cobayes et des
3.500 travailleurs algériens qui ont été affectés aux tâches les plus pénibles
pour la réalisation des essais et des expérimentations». Ces informations
seront-elles communiquées un jour, sachant que les autorités françaises ont
classé ce dossier «secret défense» ? Le Professeur Kathem Elaboudi, chargé des
études cliniques des victimes des radiations nucléaires en Algérie, a affirmé
qu'il n'est pas vraiment nécessaire d'attendre que les autorités françaises
nous fournissent des informations. « Nous avons des preuves cliniques, des
personnes de différentes générations souffrant de cancers de la peau,
d'atteintes oculaires, un grand nombre d'avortements chez les femmes et les
animaux, des naissances d'enfants malformés, des augmentations du taux de
stérilité et de graves conséquences sur l'agriculture et l'environnement»
a-t-il souligné. Le professeur Elaboudi se dit satisfait de la volonté des
autorités algériennes de rouvrir ce dossier. «On a lancé des études depuis 20
ans avec d'autres médecins sur les effets des essais nucléaires français, et on
n'a pas cessé d'interpeller les autorités pour briser le silence…aujourd'hui,
on est soulagé notamment avec les propos du ministre des Moudjahidine. Le
discours a changé» a-t-il indiqué avant de conclure «on doit comme l'a souligné
le ministre, sensibiliser et interpeller la communauté internationale sur la
nécessité de réhabiliter cette région et indemniser les victimes». Le ministre
des Moudjahidine, a affirmé que l'Algérie a les moyens pour acquérir la
technologie nécessaire pour la décontamination des sites exposés aux essais
nucléaires, mais elle a besoin d'aide de la part de la communauté
internationale car l'opération demande des moyens et beaucoup de temps.
«Les victimes peuvent déposer plainte auprès de l'ambassade»
Michel Verger, une des victimes
de Regane et président de l'association des vétérans des essais nucléaires
français a affirmé que les autorités françaises ont mis de côté 18 projets de
loi sur les indemnisations des victimes françaises, et ce, depuis des années.
Mais, après une lutte acharnée de la part de l'association, le ministère de la
Défense français a décidé de débloquer seulement 10 millions d'euros au profit
des victimes. Pas tout à fait satisfait, Michel Verger estime que cette loi a
été récemment suivie d'un décret d'application qui sera publié ces jours-ci. Un
décret d'application trompeur, puisque certaines victimes n'ouvrent pas droit à
ces indemnisations. Enfin, pour Michel Verger, il ne faut, surtout pas, baisser
les bras. Il propose aux victimes algériennes de déposer plainte auprès de
l'ambassade de France, à Alger. «Ce n'est pas un parcours facile, c'est un
combat de tous les jours, mais il faut tenter».
«La souveraineté ne dépend pas d'une seule génération»
En réponse à la récente
déclaration du ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, à
propos des relations entre l'Algérie et la France, le ministre des Moudjahidine
M. Chérif Abbas a déclaré «que la souveraineté nationale ne dépend pas d'une
seule génération». Si Kouchner estime que les relations entre la France et
l'Algérie seront plus simples, lorsque la génération de l'indépendance
algérienne ne sera plus au pouvoir, le ministre des Moudjahidine a estimé, pour
sa part que « la souveraineté nationale est une affaire de toutes les générations.
Ce constat est valable pour toutes les nations ».
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Posté Le : 23/02/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : M Aziza
Source : www.lequotidien-oran.com