Le Fonds monétaire international, par le biais de ses experts dépêchés à Alger au titre de ses consultations annuelles, a souhaité voir le gouvernement algérien cesser de jeter de l'argent par les fenêtres en exerçant une sorte de dumping social. Le FMI sait que la structure de l'économie algérienne n'est aucunement en mesure d'être à l'épreuve d'une hausse plus poussée de la dépense publique. Soucieux d'apaiser les tensions sociales qui se déclarent çà et là, le gouvernement avait adopté pour 2011 une loi de finances prévoyant une augmentation des dépenses de 25%.
Pour 2012, la dépense de fonctionnement prévue dans la loi budgétaire de l'année prochaine va croître de 7,4% comparativement à la LFC 2011 et de 10,3% en y incluant les incidences financières de l'application des régimes indemnitaires et des statuts particuliers, mais aussi du fait de l'incidence financière des charges récurrentes liées au fonctionnement des nouvelles structures.
Pour le FMI, ces dépenses supplémentaires seront préoccupantes en termes d'inflation et de déficit budgétaires.
Alors que la conjoncture économique mondiale impose aux pays vulnérables une cure de rigueur en attendant de voir le nuage de la récession se dissiper, le gouvernement algérien préfère brûler la chandelle par les deux bouts, en attendant de voir le vent du Printemps arabe épargner les branches du régime. Mohamed Bahloul, économiste, analyste et fondateur de l'IDRH d'Oran, contacté hier, n'y est pas allé par quatre chemins pour dire que le supplément budgétaire injecté par l'Etat est destiné à «répondre à une pression sociale de plus en plus grandissante». Notre interlocuteur a mis en garde sur sa lancée contre certaines dépenses qui s'avéreront «incompressibles» lorsque certaines infrastructures exigent «des plans de maintenance très coûteux».
Si le gouvernement n'a pas hésité à modifier, par le moyen de la LFC 2011, le budget prévu pour cette année, sans doute en raison des manifestations et du mécontentement exprimé par la rue, les analystes et les économistes redoutent qu'il fasse de même pour 2012, sous la pression de la récession mondiale, si les prévisions du FMI venaient à se concrétiser. «Cette récession pourrait entraîner une baisse des revenus extérieurs du pays et amènerait le gouvernement à réviser le plafond de ses dépenses», explique Mohamed Bahloul.
Les dépenses publiques représentent actuellement 70% du PIB. Une certitude, ces augmentations effrénées des dépenses, conjuguées à une réduction des recettes publiques due à divers allègements fiscaux, risquent de porter le déficit fiscal nominal à plus de 40%.
«Cette situation peut faire comprendre que, dans la conjoncture actuelle, le pays fait fonctionner l'économie par la dépense publique», commente Salah Mouhoubi, économiste et auteur de l'ouvrage Les vulnérabilités, cas de l'Algérie.
La mission du FMI, qui a séjourné depuis le 13 octobre à Alger, n'a pas manqué de souligner en gras les risques que fait peser la hausse des dépenses sur l'équilibre budgétaire de l'Etat.
L'institution de Christine Lagarde a émis le vœu de voir le gouvernement «rationaliser» la dépense et l'orienter vers les secteurs productifs de l'économie.
Autrement, la récession prévue par le FMI en 2012 aggraverait davantage «le creusement du déficit budgétaire du pays», avertit M. Mouhoubi. Si la morosité économique venait à se confirmer, «l'Algérie, comme en 2008, risque de subir les durs contrecoups de cette récession». En outre, l'injection d'autant de sommes dans l'économie, par le biais d'augmentation de salaires et d'autres programmes de dépenses, comporte un risque potentiel moins illusoire : l'inflation. Les risques ne sont pas des moindres. Mais il semble que la stabilité du régime n'a pas de coût, quitte à nager à contre-courant des préceptes les plus rudimentaires de l'économie.
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Posté Le : 30/10/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Ali Titouche
Source : www.elwatan.com