Algérie

Les écoliers et le désamour du livre



Les écoliers et le désamour du livre
Décidément, l'école algérienne n'en finit pas de dériver et de nourrir les craintes et les angoisses des parents. Depuis quelques temps, en effet, un nouveau type d'apprentissage est né dans les écoles primaires, qui consiste à inciter les élèves de première année à apprendre les textes par c?ur plutôt que d'apprendre à déchiffrer les lettres. «Chaque jour, ma fille arrive de l'école avec un nouveau texte en tête ou à apprendre mais sans qu'elle sache le lire. Elle peut me réciter deux ou trois lignes mais sans faire la différence entre un ?'alif'' et un ?'jim''. C'est comme cela qu'on apprend aux enfants à lire désormais !», déplore ainsi la mère d'une enfant de première année primaire.Si pour certains enseignants les enfants sont supposés avoir déjà appris lesdifférentes lettres de l'alphabet arabe durant la maternelle et la période dupréscolaire, beaucoup de parents rejettent cette manière d'enseigner qui favorise l'apprentissage au détriment de l'assimilation et de la compréhension. «C'est vrai que j'ai du mal à comprendre cette manière d'enseigner, renchérit le père de l'écolière, mais il paraît que la méthode est utilisée dans toutes les écoles algériennes.»Méthode éprouvée ou simple lassitude des pédagogues devant l'ampleur de la tâche et la multitude des difficultés qui se dressent devant les enseignants ' Il reste que les parents d'élèves ne semblent pas croire que ce soit-là la meilleure manière d'apprendre à l'enfant à lire ni de l'amener à aimer le livre, comme le ministère de l'Education et celui de la Culture disent le souhaiter. «Les instituteurs n'aident pas leurs élèves à déchiffrer les lettres pour mieux les assimiler et ils semblent croire que c'est la mission des parents à la maison. Ce n'est vraiment pas raisonnable», soulignent des parents d'élèves inquiets de l'avenir de leurs enfants, particulièrement au regard des «résultats» auxquels l'école algérienne est parvenue ces dernières années.Quel rapport l'adulte de demain entretiendra-t-il avec le livre, sachant déjà que l'adolescent d'aujourd'hui n'est pas franchement attiré par la lecture et que l'enfant apprend à lire dans les conditions que l'on sait ' C'est toute la question qui se pose alors que, d'année en année, on note une nette désaffection des Algériens à l'endroit du livre, une réduction du nombre de librairies et une foultitude de difficultés qu'éditeurs et libraires disent rencontrer dans l'exercice de leur métier. «Inutile de se faire des illusions, les Algériens ne lisent plus et ce n'est pas la faute aux pouvoirs publics. La famille y est aussi pour beaucoup de même qu'Internet et la télévision. En fait, cesont les profonds changements qui ont bouleversé la société ces 20 dernières années qui sont derrière cette situation», soutient un enseignant universitaire en estimant qu'en l'état actuel des choses, il sera très difficile de rééquilibrer les choses.Heureusement, il reste quelques associations qui travaillent à arrondir les angles en tentant de restaurer les liens cassés entre l'enfant et le livre... S. O. A.




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