Algérie

«Les échanges commerciaux, reflet de la diplomatie»



«Les échanges commerciaux, reflet de la diplomatie»
Les appels à la diversification des partenaires commerciaux de l'Algérie se sont multipliés ces dernières années. Mais concrètement qu'en est -il'L'amélioration des équilibres macroéconomiques de l'Algérie durant la décennie 2000 (taux d'inflation à moins de 5% en moyenne par an, taux de chômage à près de 10%, niveau des réserves de change avoisinant 200 milliards de dollars), l'institution du Fonds de régulation des recettes (FRR) avec plusieurs milliers de milliards de dinars ainsi que la hausse vertigineuse des dépenses publiques, ont fait que les relations économiques avec plusieurs pays se sont nettement améliorées.C'est vrai que les investissements publics, de par leur niveau exceptionnellement élevé, ont pu tirer vers le haut la croissance économique et par conséquent attirer des investisseurs aussi bien nationaux qu'étrangers. Le marché algérien étant devenu plus attractif surtout grâce à la libéralisation du commerce extérieur, au démantèlement tarifaire et à la convertibilité commerciale du dinar, des relations d'affaires se sont nouées entre opérateurs algériens et partenaires étrangers dans plusieurs domaines.Une diversification s'est opérée ainsi par rapport aux partenaires traditionnels de l'Algérie que sont les pays de l'Union européenne. C'est ainsi que de nouveaux arrivants, comme les Chinois, les Turcs, les Sud-Coréens, les Indiens et d'autres se sont bien implantés en termes de volume d'affaires et souvent au détriment des intérêts des premiers. La Chine est arrivée d'ailleurs à se hisser au premier rang des fournisseurs de l'Algérie. Enfin, c'est le reflet des grands équilibres de la diplomatie algérienne.Dans les discours, on évoque régulièrement le partenariat privilégié avec certains pays. Quels sont réellement ces privilèges'En plus des importations de toutes sortes de marchandises, il y a surtout les gros contrats signés dans le cadre de la réalisation des plans quinquennaux de développement et qui ont touché beaucoup plus les infrastructures économiques et sociales (autoroute Est-Ouest, barrages hydrauliques, logements, centrales de dessalement d'eau de mer, lignes de tramway, etc.). L'octroi de marchés à des entreprises de tel ou tel pays pour des montants très élevés s'inscrit justement dans le cadre de ce qui est appelé un partenariat privilégié.C'est à ce titre que des opérateurs chinois et turques sont omniprésents dans le bâtiment et la construction, les Français dans les services (finances, hôtellerie, transport, etc.) et l'industrie manufacturière, la Russie dans la fourniture d'armements, les Américains et les Anglais dans le pétrole et le gaz, les Allemands dans la mécanique et la chimie, etc.Nous pouvons citer également les investissements directs (IDE) provenant de ces pays en plus de quelques-uns des pays du Golfe (Emirats arabes unis, Qatar et Koweït), mais dont les montants sont modestes et les flux irréguliers. En contrepartie, des exonérations fiscales et parafiscales sont accordées dans le cadre des régimes préférentiels liés à la promotion des investissements et des garanties sont offertes aux investisseurs.Avec la chute des prix du pétrole et la baisse de la production, à quels changements pourrait-on s'attendre en termes de partenariat commercial 'L'Algérie étant un pays mono-exportateur, les investisseurs étrangers scrutent les tendances haussières ou baissières des cours du pétrole brut pour faire leur anticipation de rentabilité. Actuellement nous sommes dans une conjoncture très difficile, où les indicateurs économiques sont de plus en plus dans le rouge. La rationalisation des dépenses publiques s'impose, ce qui se traduit par le gel ou carrément l'annulation d'un grand nombre de projets. Ce sera alors des contrats en moins pour les partenaires de l'Algérie.D'ailleurs, selon un rapport de la direction française du Trésor, les investissements français en Algérie ont diminué de près de 40% entre 2012 et 2014 par rapport à la période allant de 2008 à 2012.L'enjeu actuel est le financement de l'économie nationale pour faire face à la raréfaction des ressources. Les flux d'investissements directs étrangers constituent une source à ne pas négliger, à la condition d'améliorer l'attractivité de la destination Algérie. Mais pas uniquement. L'absence de vision économique à long terme et l'instabilité juridique (changement fréquent des lois et règlements) empêchent les investisseurs et les partenaires de l'Algérie à vouloir trop s'impliquer dans une économie qui semble ne pas renoncer à continuer à être arrimée sur le prix du pétrole.Quels sont les zones commerciales avec qui l'Algérie devrait conclure des accords en dehors de la Gzale et de l'UE'Il me semble que l'expérience de l'Algérie avec les zones de libre-échange (Gzale et Accord d'association avec l'Union européenne) ne soit pas concluante, car ce sont surtout les importations qui sont privilégiées. La tendance actuelle va vers plus de limitation des achats de l'extérieur.Des mesures protectionnistes sont prises à contresens en partie des accords commerciaux signés. En effet, la mise en place du système des licences d'importation, le durcissement par les banques des procédures de domiciliation bancaire, la dépréciation sensible du dinar, sont autant de paramètres qui freinent les importations.Par ailleurs, il y a lieu de reprendre le dossier de l'accession à l'OMC pour pouvoir s'inscrire dans un espace plus large mais avec plus de cohérence dans la politique commerciale extérieure, que ce qu'il y a actuellement. Il ne faut pas perdre de vue qu'il s'agit de préparer l'économie nationale à intégrer le système commercial multilatéral. Aussi, à moyen et long termes, il est impératif pour l'Algérie de diversifier ses exportations hors hydrocarbures.Sinon, la région maghrébine quoi qu'on dise, constitue un espace d'échanges commerciaux à privilégier malgré les entraves actuelles. De plus, les Etats-Unis offrent leur système général des préférences (SGP) dont l'Algérie est bénéficiaire, mais reste à la charge des opérateurs économiques de savoir tirer profit. Des opportunités commerciales existent aussi en Afrique, en Europe de l'Est et en Extrême ? Orient.


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