Les dons d’organes à Tlemcen: Briser tous les tabous

Les dons d’organes ont été au centre des débats, ce mardi matin, au centre hospitalo-universitaires de Tlemcen. C’est l’association locale «Bioloba » qui a été à l’origine de cette initiative que son président, Réda Bélifa, considère «comme un événement majeur et qu’il faudrait dès à présent briser tous les tabous afin de sauver des vies humaines».
Des représentants de la société civile, du mouvement associatif, des psychologues, des médecins spécialistes et des Imams ont assisté à ce séminaire qui se veut «un déclic et une prise de conscience pour une large sensibilisation de la société sur les dons d’organes». Selon le docteur Réda Bélifa «il existe des cas pathologiques où un simple don d’organes pourrait leur sauver la vie. Seulement la société n’est pas encore prête psychologiquement, plutôt à ne pas briser un tabou religieux, pour ce genre d’actions humanitaires» et de souligner «qu’il est du devoir de tous les acteurs de la société, notamment les Imams, de se prononcer ouvertement sur ce problème qui n’est nullement différent d’un don de sang ou de reins par les personnes vivantes». Mais pour les sociologues, présents parmi l’assistance, ont évoqué «les barrières spirituelles qui empêchent les familles de morts de procéder à la récupération de leurs organes» et de recommander «un réel débat national parmi les savants religieux qui doivent se prononcer ouvertement et clairement sur cette question afin de libérer la société de ce tabou».
D’autres ont mis l’accent sur la nécessité d’une législation courageuse à ce sujet comme cela été fait dans les pays européens et un partout dans le monde. A titre indicatif en Espagne il est enregistré chaque année 43,4 donneurs d’organes pour un million d’habitants décédés contre 28,7 donneurs pour le même taux en France. Notons qu’en France 57.000 personnes vivent grâce une greffe et qu’en 2017 il a été greffé 477 cœurs, 371 poumons, 1.322 foies et 3.617 reins. Tous ces organes ont été prélevés chez des personnes décédées.