On ne peut isoler la sphère réelle de la sphère monétaire, le cours du dinar sur le marché parallèle entre 08/09 avril 2019 fluctue entre 213/214 dinars un euro et entre 187/189 dinars un dollar contre un cours sur le marché officiel 134 dinars un euro et 118/119 dinars un dollar. Que nos responsables visitent les sites où fleurit l'informel de l'Est à l'Ouest, du Nord au Sud et ils verront que l'on peut lever des milliards de centimes à des taux d'usure mais avec des hypothèques, car existe une intermédiation financière informelleLes mesures autoritaires bureaucratiques produisent l'effet inverse et lorsqu'un gouvernement agit administrativement et loin des mécanismes transparents et de la concertation social, la société enfante ses propres règles pour fonctionner qui ont valeur de droit puisque reposant sur un contrat entre les citoyens, s'éloignant ainsi des règles que le pouvoir veut imposer. Il s'agit de poser la véritable problématique, devant cerner les causes essentielles de la distorsion entre la valeur officielle du dinar et celle du le marché, écart d'environ 50% et donc de s'attaquer à l'essence du mal et non aux apparences. Je recense dix raisons essentielles Premièrement, l'écart s'explique par la faiblesse de la production et la productivité, l'injection de monnaie sans contreparties productives augmente le niveau de l'inflation. Selon plusieurs rapports internationaux, la productivité du travail de l'Algérie est l'une des plus faibles au niveau du bassin méditerranéen. Deuxièmement, le décalage qui existe entre la dépense publique et le faible impact sur le taux de croissance(, mauvaise allocation des ressources faute de planification stratégique, corruption à travers les surfacturations ou mauvaise gestion). Troisièmement, l'écart s'explique par la diminution de l'offre du fait que la crise mondiale, combinée avec le décès de nombreux retraités algériens, a largement épongé l'épargne de l'émigration. Quatrièmement, cette baisse de l'offre de devises a été contrebalancée par les fortunes acquises régulièrement ou irrégulièrement par la communauté algérienne localement et à l'étranger qui font transiter irrégulièrement ou régulièrement des devises en Algérie montrant clairement que le marché parallèle de devises est bien plus important que l'épargne de l'émigration. Ces montants fonctionnant comme des vases communicants entre l'étranger et l'Algérie renforcent ainsi l'offre. Il existe donc un lien dialectique entre ces sorties de devises dues à des surfacturations et l'offre, sinon cette dernière serait fortement réduite et le cours sur le marché parallèle de devises serait plus élevé, jouant donc, comme amortisseur à la chute du dinar sur le marché parallèle.. La hausse du cours actuellement montre que ce retour des devises s'est nettement ralenti et que la demande provient surtout de la sphère sociale ayant d'importants montants en dinars Cinquièmement, la demande provient de simples citoyens qui voyagent : touristes, ceux qui se soignent à l'étranger et les hadjis du fait de la faiblesse de l'allocation de devises qui demeure très dérisoire. Mais ce sont les agences de voyages qui à défaut de bénéficier du droit au change recourent elles aussi aux devises du marché noir étant importateurs de services. Majoritairement, elles exportent des devises au lieu d'en importer comme le voudrait la logique touristique comme en Turquie, au Maroc ou en Tunisie. Sixièmement, la forte demande provient de la sphère informelle existant une intermédiation financière informelle loin des circuits étatiques, expliquant le résultat mitigé de la mesure d'intégrer ce capital argent au sein de la sphère réelle. Septièmement, l'écart s'explique par le passage du Remdoc au Credoc, instauré en 2009, qui a pénalisé les petites et moyennes entreprises et n'a pas permis de juguler comme cela était prévu la hausse des importations qui ont doublé depuis 2009, tout en renforçant les tendances des monopoleurs importateurs. Nombreux sont les PME/PMI pour éviter les ruptures d'approvisionnement ont dû recourir au marché parallèle de devises. A cela s'ajoute les risques du financement non conventionnel, en cas de non-maîtrise, alimentant les segments non productifs, engendrant une inflation à terme qui risque de conduire à la dépréciation du dinar tant sur le marché officiel que parallèle. Huitièmement, beaucoup d'Algériens et d'étrangers utilisent le marché parallèle pour le transfert de devises, puisque chaque algérien a droit à un montant sur ses propres fonds sans passer par la banque, par voyage transféré, utilisant leurs employés pour augmenter le montant, assistant certainement, du fait de la méfiance, à une importante fuite de capitaux de ceux qui possèdent de grosses fortunes. Neuvièmement, pour se prémunir contre l'inflation, et donc la détérioration du dinar algérien, l'Algérien ne place pas seulement ses actifs dans le foncier, l'immobilier ou l'or, mais une partie de l'épargne est placée dans les devises. Dixièmement, beaucoup de ménages et d'opérateurs se mettent dans la perspective d'une chute des réserves de change achètent les devises sur le marché informel. La baisse des réserves de change fonction des entrées de devises des hydrocarbures représentant directement et indirectes avec les dérivées plus de 98%, qui tiennent la cotation du dinar à environ 70% Si les réserves de change tendaient vers zéro, en plus avec le recours accéléré au financement non conventionnel (plus de 31% du PIB à fin janvier 2019, selon le rapport du FMI d'avril 2019) qui accélérerait le taux d'inflation, le cours officiel serait d'environ 200 dinars un euro et le cours sur le marché parallèle tendrait vers 250/300 dinars. un euro. En effet, les réserves de change selon la banque d'Algérie ont évolué récemment ainsi : 2012 :190,6 milliards de dollars, 2013 :194,0 milliard de dollars, 2014 :178,9 milliards de dollars, 2015 :144,1 milliards de dollars, 2016 : 114,1 milliards de dollars, 2017 : 97,3 milliards de dollars et fin 2018, 79 milliards de dollars. 2.-Le dérapage du dinar (une dévaluation doit être avalisée en conseil des ministres) sur le marché officiel contredit les lois élémentaires de l'économie où toute dévaluation en principe devrait dynamiser les exportations hors hydrocarbures qui n'ont été pour les produits manufacturés d'environ 600 millions de dollars pour 2018, le reste étant constitué d'hydrocarbures et de ses dérivées. En Algérie le dérapage du dinar a produit l'effet contraire, les mesures monétaires sans les synchroniser à la sphère réelle au sein d'une vision stratégique tenant compte de l'évolution du monde, ayant eu peu sans effets sur les exportations et surtout les importations de biens (45 milliards de dollars ) et services(10/11 milliards de dollars an entre 2010/2018) soit au total, d'environ 55/56 milliards de dollars pour une recette en devises en 2018 d'environ 39,5 milliards de dollars dont 38,607 milliards de dollars de recettes pour Sonatrach et ses associés. Car les données d'un excédent commercial pour les deux premiers mois de 2019 de 313 millions de dollars (données des douanes) doivent être maniées avec précaution, ne comptabilisant pas les services, et étant du d'une part à la remontée du cours du pétrole et d'autre part , en tendance annuelle les opérateurs ne se livrent pas à une importation massive les crédits de paiements étant souvent débloqués vers mars /avril de l'année C'est que le dérapage du dinar (la Banque d'Algérie parle de glissement) voile l'importance du déficit budgétaire, biaisant les comptes publics. La raison essentielle est qu'en dévaluant le dinar par rapport au dollar, nous aurons une augmentation artificielle de la fiscalité des hydrocarbures, et la fiscalité ordinaire à travers la taxe des produits importés. Ce dérapage accéléra l'inflation intérieure. Tout cela voile l'efficacité réelle du budget de l'Etat à travers la dépense publique, et avait gonflé par le passé artificiellement le fonds de régulation des recettes calculé en dinars qui s'est épuisé fin 2017. L'inflation étant la résultante, cela renforce la défiance vis-à-vis du dinar où le cours officiel se trouve déconnecté par rapport au cours du marché parallèle traduisant le cours réel du marché. D'une manière générale, la lutte contre la sphère informelle implique, avant tout, l'efficacité des institutions et une moralisation de la pratique des structures de l'Etat elles- mêmes au plus haut niveau de dépenses, en contradiction avec les pratiques sociales malgré des discours moralisateurs, avec cette montée de la paupérisation qui crée une névrose collective .C''est seulement quand l'Etat est droit est qu'il peut devenir un Etat de droit. Quant à l'Etat de droit, ce n'est pas un Etat fonctionnaire qui gère un consensus de conjoncture ou une duplicité provisoire, mais un Etat fonctionnel qui fonde son autorité à partir d'une certaine philosophie du droit d'une part, d'autre part par une assimilation consciente des besoins présents de la communauté et d'une vision future de ses perspectives. Dans ce cadre, la sphère informelle en Algérie est favorisée par l'instabilité juridique et le manque de visibilité de la politique socio-économique. Les entrepreneurs qu'ils soient nationaux ou étrangers demandent seulement à voir clair, du moins ceux qui misent sur le moyen et long terme (investissement inducteurs de valeur ajoutée contrairement à l'importation solution de facilité). Or, ils sont totalement désemparés face aux changements périodiques du cadre juridique, ce qui risque de faire fuir le peu de capitaux surtout en cette période de crise qui montre le rapatriement massif vers les pays d'origine et orienter les nationaux vers la sphère informelle Les lois économiques étant insensibles aux slogans politiques, espérons une nouvelle gouvernance, de la sagesse en dépassant les luttes intestines étroites et privilégiant uniquement les intérêts supérieurs de l'Algérie car la situation économique est grave et le retour au FMI courant 2022 aurait six conséquences : premier impact, une dévaluation du dinar avec comme conséquence la diminution du pouvoir d'achat des revenus fixes ; deuxième impact, dégraissement de la fonction publique notamment diminution des fonctionnaires, réduction du budget défense nationale/services de sécurité dont DGSN ; troisième impact, flexibilité du marché du travail ; quatrième impact, subventions ciblées notamment du carburant et des produits de première nécessité ; cinquième impact, privatisation et démonopolisation
et réduction du secteur d'Etat y compris le secteur financier et liquidation des entreprises déficitaires ; sixième impact, diplomatiques vis-à-vis des prises de position traditionnelles de l'Algérie au niveau international, sans compter d'éventuels impacts géostratégiques. Le dernier rapport De banque mondiale d'avril 2019 note que l'Algérie fonctionne sur la base d'un cours de 95/100 dollars et qu'en cas de tout retournement des tendances mondiales du prix des hydrocarbures cela accroitra les tensions budgétaires avec une aggravation des déficits budgétaire et courant qui devraient atteindre respectivement 8,5 et 8,1% du PIB. L'institution internationale, abaisse ses prévisions de croissance pour l'Algérie en 2018 de 2,5 à 1,5%, et prévoyant, 1,9% en 2019, 1,7 % en 2020 et 1,4 % en 2021, taux inférieur à la croissance démographique donc un taux de chômage croissant. Plus précis le rapport note que les groupes de population affichant les plus forts taux de chômage restent les mêmes : 19,4 % chez les femmes et 29,1 % dans la tranche des 16-24 ans. Car les données d'un excédent commercial pour les deux premiers mois de 2019,sont peu significatifs, ne comptabilisant pas les services, et étant du d'une part à la remontée du cours du pétrole et d'autre part , en tendance annuelle les opérateurs ne se livrent pas à une importation massive les crédits de paiements étant souvent débloqués vers mars /avril de l'année. Professeur des universités, expert international Dr Abderrahmane Mebtoul
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Posté Le : 10/04/2019
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Abderrahmane Mebtoul
Source : www.lnr-dz.com