Algérie

Les distributeurs de lait ripostent



Revoilà les queues...
L'office ne veut pas dire la vérité, celle d'avoir revu à la baisse, depuis quelques mois, les quotas de poudre de lait qu'il livre mensuellement aux centrales laitières des secteurs public et privé.
Accusé par le directeur de l'Office national interprofessionnel du lait (Onil) d'être responsable de la rareté du lait pasteurisé en sachet (LPS) sur les étals des points de vente au détail, les distributeurs de LPS ne se sont pas fait attendre pour riposter en mettant en avant que l'Onil «ne veut pas dire la vérité, celle d'avoir revu à la baisse, depuis quelques mois, les quotas de poudre de lait qu'il livre mensuellement aux centrales laitières du secteur public et privé». C'est ce dont nous ont fait part à l'unanimité des distributeurs venus assister aux Assises nationales de leur profession qui devaient se tenir hier au siège de l'Union générale de commerçants et artisans algériens (Ugcca) sis à Alger mais reportées au 26 mars prochain pour cause de quorum non atteint. Selon Soufiane Yahiaoui, représentant des distributeurs de LPS de la wilaya d'Alger, la laiterie de Birkhadem (Colaital) qui relève du groupe industriel des productions laitières (Giplait) «a non seulement décidé de nous livrer que six jours sur sept, mais en sus elle a réduit le volume livrable aux détaillants». «Aussi, en plus du maigre bénéfice que nous tirons de notre activité, 0,90 DA par sachet de lait vendu, vient s'ajouter la réduction du volume de LPS réceptionné auprès de Colaital Birkhadem», nous a confié ce dernier. Et de nous avouer que «si le volume réceptionné n'augmente pas, nous serons nombreux à cesser toute activité». Même inquiétude du côté de certains distributeurs des wilayas de Tizi Ouzou, Boumerdès, Bouira et Béjaïa qui s'approvionnent à partir de la SPA Laiterie de Draâ Ben Khedda. D'après l'un d'eux, ils sont 94 distributeurs qui approvisionnent 103 réseaux de distribution. «Depuis quelques semaines le quota de poudre de lait attribué par l'Onil à la laiterie qui les fournit, correspond à une production de 266 990litres par jour, soit 2617 litres par réseau de distribution. Un volume tout à fait dérisoire en comparaison à la demande locale», nous a expliqué notre interlocuteur. Mais selon ce dernier, ce qui est inquiétant, «c'est d'apprendre que la laiterie compte introduire un nouveau programme de livraison, à savoir cinq jours sur sept et des volumes encore en baisse». Pour notre interlocuteur, «si cela venait à être appliqué à la lettre, il ne nous restera plus qu'à déposer la clé sous le paillasson». Un distributeur de la wilaya de Tizi Ouzou nous a informés que «la laiterie de Draâ Ben Khedda ne cesse, ces dernières semaines, de recevoir des requêtes de la part des APC, des comités de villages et des consommateurs pour disposer en quantité suffisante de LPS et ainsi atténuer les tensions sur ce produit de large consommation». Et de poursuivre dans ce sens «Pour ce faire, la laiterie en question doit au moins produire 350 000 litres par jour, ce qui revient donc à dire qu'elle (la laiterie) doit recevoir une quantité de poudre de lait plus importante que celle qu'elle reçoit actuellement». C'est le point de vue de notre interlocuteur mais qui semble plutôt aller à contresens des dernières déclarations du premier responsable de l'Onil qui s'est toujours défendu en affirmant qu'en aucun moment son office avait revu à la baisse les quotas de poudre de lait attribués aux 130 laiteries que compte le pays et qui ne sauraient se passer de cette matière première, pour deux raisons évidentes: son prix subventionné et la facilité de produire du lait à partir de la poudre en lieu et place du lait cru qui a ses conditions propres de conditionnement, non sans parler de son prix au détail (pas moins de 75DA le litre) auquel ne sauraient s'accommoder de nombreux ménages. Devant cette situation de crise du LPS qui faut-il le rappeler, est devenu récurrente depuis quelques années, le consommateur est en droit de se demander quelle en est la (ou les) véritable(s) cause(s), car jusqu'ici chacun des acteurs dans le circuit de la production et de la distribution du LPS rend l'autre responsable de cette situation de crise.
En effet, pour les responsables de l'Onil, les distributeurs sont l'origine de ces perturbations. Ils soutiennent mordicus, que la situation ne découle pas d'une réduction de quotas d'importation de la poudre de lait par l'Etat. De leur côté les distributeurs s'en lavent les mains et assurent que cette pénurie est la conséquence de la stratégie mise en place par les pouvoirs publics, afin d'atténuer les effets de la crise, en réduisant la facture des importations, notamment celle de la poudre de lait, puisque cela a été annoncé, et que l'objectif était de la réduire de 400 millions de dollars, soit 40% de moins. D'autres sources proches du dossier, avancent même et de façon catégorique «la tension sur le LPA tire sa raison du fait que des volumes importants de poudre de lait, destinés à l'origine uniquement à la production exclusive du LPS se retrouvent détournés de leur vocation, autrement dits transformés en produits dérivés du lait comme par exemple les fromages et les yaourts».
Donc pour ces derniers «si l'on veut que le LPS ne soit plus l'objet de tension, il faudra tout simplement abandonner la subvention de l'Etat sur la poudre de lait ou tout au moins produire localement de la poudre de lait». Une option sur laquelle devraient se pencher plus sérieusement les pouvoirs publics, dès lors que des pistes de réflexion dans ce sens existent. Et c'est d'ailleurs tout à fait recommandé, au vu de notre facture d'importation, faramineuse en la matière, qui se chiffre par centaines de millions de dollars.


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