Algérie

"Les discriminations et les agressions restent leur quotidien"




La question des violences faites aux femmes s'est invitée, hier, au Palais de la culture, à Alger. Initiée par la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'Homme (Cncppdh), plus particulièrement par son Comité national de suivi de la mise en ?uvre de la Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes (CNSME-Cedaw), la journée d'information et de sensibilisation a été consacrée à la loi 15-19 du 30 décembre 2015, modifiant le code pénal et portant sur la lutte contre les violences faites aux femmes. Dans son intervention, Baya Zitoune, responsable du CNSME-Cedaw, a rappelé que le comité, installé en juin 2014, est composé d'un membre de la CNCPPDH (elle-même) et de représentants des ministères, du Parlement, du Cread, de la société civile et de la presse. Son rôle, expliquera-t-elle, est d'"assurer le suivi de la mise en ?uvre des recommandations et des observations du comité des experts de la Cedaw". Cela se traduit, sur le terrain, par l'organisation de journées d'information/sensibilisation, de séminaires et de formations, l'établissement d'analyses du niveau de prise en charge et de rapports.Encore imprégnée de la diffusion des extraits du film-documentaire de la chaîne TV Echourouk et des avis des citoyens, dont certains ne connaissent même pas le contenu de la loi 15-19, la responsable a terminé son intervention, en déclarant : "Il y a du travail à faire avec le citoyen lambda." D'autres intervenants se sont également exprimés sur la problématique de la violence et les moyens mis en ?uvre pour combattre ce fléau. "Les différentes formes de violences sont aujourd'hui connues et incriminées", a affirmé la féministe Soumia Salhi, non sans signaler "l'apport" de la société civile et "les réponses" de l'Etat dans la lutte contre les violences faites aux femmes.Faisant écho aux positions défendues par les associations des droits de la femme et de l'enfant sur le sujet, Mme Salhi a dénoncé "en tant que mouvement associatif, les réserves de l'Algérie concernant la Cedaw", avant de conclure : "Si aujourd'hui, les femmes jouissent de droits qui, hier, étaient interdits, les discriminations et les violences restent leur quotidien." En marge des travaux, Dalila Lamarène du Réseau Wassila s'est félicitée de la promulgation de la loi du 30 décembre, en s'interrogeant sur son application. "Il faut des mesures concrètes pour la rendre accessible aux femmes et pour les protéger, quand elles sont jetées à la rue, sans toit ni travail", a-t-elle soutenu. Par ailleurs, cette dernière a noté que "la grande contrainte" est le code de la famille qui, au lieu de s'aligner sur la Constitution et sur les autres lois égalitaires, "institue la hiérarchie des sexes". Mme Lamarène s'est aussi demandé "comment ratifier la Cedaw en faisant des réserves qui la vident de son sens", citant "l'inégalité" dans l'héritage, le mariage, le divorce et par rapport aux enfants. Un avis que partage Nadia Aït-Zaï, la présidente de la nouvelle Fondation pour l'égalité entre les femmes et les hommes. Pour cette dernière, l'application de la loi est du ressort des pouvoirs publics, qui doivent "lever les obstacles". Elle a aussi alerté sur un autre obstacle, celui des "comportements" des magistrats qui, sciemment, "ignorent l'égalité dans les textes".Hafida Ameyar




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