Algérie

Les dirigeants de l'ex-FIS sont-ils de retour'



Les dirigeants de l'ex-FIS sont-ils de retour'
L'apparition et le discours de Ali Benhadj à l'occasion de la rencontre organisée par le MSP, jeudi dernier, à la salle pour dénoncer le crime israélien à Ghaza ont, semble-il, étonné plus d'un.En effet, lorsqu'on rappelle que l'ex-dirigeant du FIS dissous est toujours sous le coup de l'article 26 de la Charte pour la paix et la Réconciliation nationale, qui lui interdit toute action politique, on ne peut que s'étonner de le voir face à une assistance inespérée, debout devant un micro, lui qui reste pourtant assis durant l'hymne national.Mais si l'on tente de dépasser la surprise que cause généralement l'apparition de tous types de fantômes et que l'on s'interroge plutôt comment est-ce que cela avait été rendu possible, on s'aperçoit alors que les questions devraient être posées ailleurs et autrement.Ne nous trompons pas, si le MSP a pu organiser cette manifestation «politique», c'est qu'il a obtenu, au préalable, l'autorisation des autorités compétentes. Or, les choses étant ce qu'elles sont, la demande d'autorisation pour la tenue d'un tel meeting devrait être accompagnée, en principe et au minimum, d'une liste des intervenants. Si tel avait été le cas, et nous supposons qu'il y a beaucoup de chance pour que cela se soit passé ainsi, auquel cas cette apparition d'Ali Benhadj était connue et permise par l'Etat.Est-il possible que le MSP n'ait pas donné tous les noms des intervenants et que, volontairement ou non, il aurait omis celui de l'ex-dirigeant de l'ex-FIS' Le parti de Makri n'est pas connu pour dribbler sur la touche, comprendre par-là que c'est un parti qui a toujours agi conformément à la loi et que son respect pour la légalité, qui est tout à son honneur d'ailleurs, ne lui aurait pas permis d'agir de manière aussi insidieuse avec les autorités car cela lui aurait causé beaucoup de problèmes dont il se passerait volontiers, surtout en ces temps où ce parti ne brille point.De là, on peut donc émettre l'hypothèse selon laquelle l'Etat était au courant de la présence et de l'intervention de Belhadj et c'est donc, probablement, l'Etat qui lui aurait permis ce retour devant la scène.Ceci n'est pas sans rappeler une certaine démarche entreprise par le parti de Nahnah en vue de faire revenir les dirigeants du parti dissous, l'ex-FIS. En effet, la presse nationale avait rapporté et largement commenté le fait que «lors de la réunion nationale des cadres qui s'est tenue (le 9 mai 2014) à Alger, en présence de Bouguerra Soltani, Djilali Soufiane, Ahmed Benbitour ainsi que Mohcine Belabbès, M.Makri a déclaré avoir rencontré des dirigeants de l'ex-FIS dont Ali Djedi et Kamel Guemmazi» en prévision de la conférence nationale prévue par la Coordination pour les libertés et la transition démocratique. (1)Quelques jours plus tard, ceci avait fait sortir Mokrane Aït Larbi de sa réserve pour avertir sur le retour des islamistes en mentionnant que «les dirigeants du FIS dissous tentent de camper sur l'initiative de l'opposition pour revenir sur la scène politique(2)» à travers la conférence nationale prévue par la Coordination pour les libertés et la transition démocratique.A cette alerte sur un éventuel retour des responsables de l'ex-FIS, l'ancien chef de gouvernement, ministre d'Etat et directeur de cabinet de la présidence de la République, Ahmed Ouyahia, avait réagi pourtant sans équivoque en déclarant le 20 juin 2014: «Je vous confirme qu'il n'y aura pas de retour du FIS dissous» (3) ce qui va, d'ailleurs, dans le sens des déclarations de l'actuel chef de gouvernement.Par ailleurs, et parce qu'elle ne peut passer inaperçue, cette apparition «presque officielle» d'Ali Benhadj ne doit certainement pas découler d'une erreur quelconque mais plutôt d'une action volontaire, bien pensée. Il ne s'agirait pas, finalement, de faire revenir le parti dissous, mais de réintégrer les hommes qui le dirigeaient. Une différence existe entre les deux démarches.S'agit-il du fruit d'une négociation du pouvoir avec une certaine opposition qui, profitant de la conjoncture internationale actuelle, veut sauter sur l'occasion de charmer un certain électorat en vue de ratisser large lors des prochaines élections' Ou bien s'agit-il plutôt d'un accord tacite entre toutes les parties pour permettre la réintégration dans l'arène politique des exclus depuis les événements de la décennie noire' Difficile à dire.Si l'on prend la première possibilité, cela signifie que le MSP chercherait à chasser dans le terrain du parti dissous mais si l'on considère la seconde éventualité, ce serait le pouvoir qui chercherait à «normaliser» la chose politique en mettant fin à une exclusion d'un pan de la classe politique avec l'espoir que cela améliorerait son image sur le plan international.Si l'on tient compte de la nécessité tentante de revenir à une situation «normale» d'avant les événements des années 1990, il est tout aussi nécessaire de se demander s'il n'est pas trop tôt pour une telle démarche' Les souvenirs de la période maudite sont encore assez vifs et la peur des Algériens d'un retour à la case départ est tellement grande, à juste titre d'ailleurs.C'est dans ce sens que la réapparition «consentie» d'Ali Benhadj ne peut que susciter questions et inquiétudes.Mais, d'un autre côté, un retour des choses à la normale ne peut que réjouir à condition, toutefois, que soient prises les précautions pour que le monstre ne se réveille pas. Pour qu'il ne se réveille plus jamais.Malheureusement, ce n'est pas en prononçant des discours comme celui qu'il avait prononcé à la salle Harcha qu'Ali Benhadj aiderait à un retour progressif des choses à la situation d'avant les affreux évènements et que nous avons tous encore en mémoire.Si le comportement des uns doit changer pour aider à une réconciliation des Algériens avec eux-mêmes, il est tout aussi nécessaire que le discours d'Ali Benhadj et de ses compagnons change aussi. Il ne s'agit pas de renoncer à ses idées ou à ses idéaux mais de renoncer à cette envie de vouloir mettre le pays à feu et à sang.1. http://www.lexpressiondz.com/actualite/194432-le-msp-rencontre-les-anciens-du-fis-dissous.html, Voir aussi http://www.lesoirdalgerie.com/ articles/2014/05/10/article.php'sid=163259&cid=2,2. L'Expression du 14 juin 20143. http://www.algerie1.com/actualite/ ouyahia-pas-de-retour-du-fis-dissous-pas-damnistie-generale/




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