Algérie

Les directives non encore appliquées



Le Conseil national de l'ordre des pharmaciens déplore un système de santé publique «non performant». Pour lui, il n'est ni organisé, ni évalué, ni budgétisé. La non-application de la vente en pharmacie de certains médicaments du cancer destinés pour soulager la douleur, depuis 2013, en est la preuve.Rym Nasri - Alger (Le Soir) - Le Dr Lotfi Benbahmed reconnaît que le système de santé publique enregistre des carences. «Les résultats attendus ne sont pas à la hauteur d'où la nécessité de mettre en place une stratégie du secteur de la santé en fonction des moyens disponibles», dit-il hier, lors de son intervention sur les ondes de la radio chaine 3.
Pour le président du Conseil national de l'ordre des pharmaciens, ce même système n'est ni performant, ni organisé, ni évalué, ni budgétisé. «Depuis des années, nous sommes restés sur des axes de développement à l'exemple du plan cancer et du développement de l'industrie pharmaceutique, et ce, sans évaluation, sans réel plan stratégique et sans budgétisation. Il faut rationaliser les choses pour pouvoir évaluer et corriger», explique-t-il.
Il estime ainsi qu'il ne suffit pas de mettre en place des textes réglementaires mais qu'il faut que leur application soit soumise à une organisation et une évaluation, qu'elle soit accompagnée d'une volonté politique et d'une prise de conscience de l'ensemble des acteurs du secteur.
L'invité de la radio chaine 3 revient sur la directive du premier ministère autorisant la vente en pharmacie de certains médicaments du cancer comme la morphine afin de soulager la douleur.
«Les analgésiques et les morphiniques font partie de l'arsenal thérapeutique pour soulager les malades cancéreux. Prise lors d'un conseil interministériel en octobre 2012, une mesure stipule que ces produits pris par voie orale, devraient être disponibles dans les officines afin de permettre une meilleure prise en charge de nos malades», rappelle-t-il.
Aujourd'hui, pour soulager leur douleur poursuit-il, «nos malades doivent se déplacer à l'hôpital, passer par une fiche navette qui va à la pharmacie hospitalière et c'est très compliqué. De cette façon, beaucoup de malades ne sont pas pris en charge pour soulager leur douleur».
Pourtant regrette-t-il, la décision a été prise et les DSP (directeurs de santé publique) de toutes les wilayas ont été instruits à recueillir les pharmaciens intéressés et les enregistrer. Un travail que l'ordre des pharmaciens et le syndicat avaient justement effectué. «Techniquement, ça devait être mis en place en janvier 2013», dit-il.
Il évoque à cet effet, la problématique du financement de la sécurité sociale. «La problématique de cancer, celle du médicament a trait à l'organisation globale du secteur et à une stratégie qu'on doit mettre en place pour le secteur». Pour le Dr Benbahmed, le déséquilibre financier que connaît la Cnas (Caisse nationale des assurances sociales) est dû à une mesure gouvernementale qui a permis à près d'un million et demi de travailleurs à prendre une retraite anticipée. «C'est ce qui a crée un trou de près de 600 milliards de dinars chaque année, à la caisse de retraite sachant que la Cnas est solidaire de la caisse de retraite».
D'ailleurs, ajoute-t-il, «la planche à billets servait aussi à financer ce trou. Il assure que la Cnas n'est pas déficitaire sur la prestation qu'elle assure elle-même en termes de remboursement de médicaments mais par rapport à la prise en charge de ce déficit qui existe à la Caisse de retraite.
Le président du Conseil national de l'Ordre des pharmaciens souligne que les instruments mis en place pour la prise en charge des cancéreux, tardent à être concrétisés sur le terrain. «Il y a toute une restructuration du système de santé et du système de sécurité sociale qui doit se faire pour être à même de prendre en charge l'ensemble de ces problématiques», dit-il encore.
Ry. N.
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