Algérie

«Les diplomates algériens pourraient rejoindre leurs familles dans les heures qui viennent»


«Les diplomates algériens seraient libres et pourraient retrouver leurs familles dans les heures qui viennent après des négociations menées par des notables touaregs de la région de Kidal et des négociateurs proches d'AQMI», nous a annoncé, hier, Hama Ag Sid-Ahmed, porte-parole du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA), sans donner plus de détails.
Selon notre interlocuteur, «les notabilités touaregs de la région travaillent depuis plusieurs jours pour la libération très prochaine des diplomates algériens». Il a ajouté que «des discussions ont bien commencé», et que cette libération est aujourd'hui «imminente».
A notre question relative à la facilité avec laquelle les terroristes du Mouvement pour l'unicité et le djihad en Afrique de l'Ouest (MUJAO), qui a revendiqué le rapt de nos diplomates à Gao, au nord du Mali, ont pu filmer les diplomates algériens après leur enlèvement et la diffusion de la vidéo par la chaîne de télévision qatarie «Al Jazeera», le porte-parole du MNLA nous dira : «Bien entendu, on voit bien qu'ils évoluent et qu'ils ont des complicités et des équipements militaires et financiers importants par rapport
aux Touareg qui ne comptent que sur eux-mêmes». Comment le MNLA s'organise-t-il à la faveur de l'actuelle situation au nord du Mali ' A cette question, Hama Ag Sid-Ahmed nous dira : «Le Mouvement national de Libération se réorganise, sensibilise les populations locales, organise des meetings d'explications à Gao, Kidal et Tombouctou. Il y a eu la semaine dernière des manifestations de solidarité avec le MNLA à Gao et à Kidal. Il y a aussi des rencontres importantes avec les notabilités de Gao, Kidal et Tombouctou».
«Il y a plus de désinformation que d'information fiable»
Les organisations armées, telles que l'AQMI, MUJAO et Ansar Dine continuent-elles de circuler et de gérer à leur guise la situation dans la région' C'est une autre question que nous avons posée au porte-parole du MNLA. «Je pense qu'il y a plus de désinformation que d'information fiable. Il est vrai par ailleurs que les groupes terroristes ont profité de la situation de guerre entre Bamako et le MNLA, comme on s'y attendait, pour pénétrer dans certains quartiers à Gao et à Tombouctou, avec des complicités qui existaient déjà depuis plusieurs années dans ces deux régions pour récupérer le maximum d'armes, instaurer un climat de peur et contrer ainsi l'image du Mouvement.
A Gao, la ville reprend son rythme et le MNLA contrôle la ville, sauf une douzaine de commerçants de la ville de Gao bien connus qui agissent au nom des groupes terroristes», nous répond-il. «Pour parler d'Ansar dine, je dirai qu'il s'agit d'un mouvement qui n'existe pas concrètement aujourd'hui,
mais que les groupes terroristes déjà installés ont voulu certainement utiliser comme une passerelle pour créer plus de confusion dans la région. Les jeunes qui le composent sont en train de se retirer de ce groupe qui ne représente pas leurs revendications politiques et culturelles», selon le porte-parole du MNLA. «Ces jeunes ont compris, après sensibilisation et les réalités culturelles du terrain, que ce mouvement ne les concerne pas», explique-t-il.
«Des notables de la région de Kidal et de Gao se sont entendus pour mettre ''hors d'usage'' Ansar Eddine»
«Des notables de la région de Kidal et de Gao se sont entendus pour mettre ''hors d'usage'' ce slogan. Il y a des avancées importantes», poursuit Hama Ag Sid-Ahmed. Qu'en est-il de la ville de Kidal ' Pour Hama Ag Sid-Ahmed «la ville de Kidal a été maîtrisée dès la fin des hostilités militaires par les notabilités de la région et des responsables du Mouvement». Et pour ce qui est du MUJAO '
«Quant au MUJAO, il n'est plus dans la ville de Gao comme on le laisse entendre dans certains organes de presse ; il ne contrôle rien. Certes, ils ont profité de la situation au moment où les responsables militaires du MNLA étaient très occupés par l'armée malienne pour entrer dans un quartier et enlever les diplomates algériens. Ils contrôlent une vallée qu'ils ont transformée en sanctuaire loin des villes et villages depuis quelques jours», nous répond le porte-parole du MNLA.
«L'AQMI et le MUJAO n'ont aucune assise parmi les populations locales»
«Par ailleurs, un petit groupe appartenant à l'AQMI tente de rester dans les confins de la ville de Tombouctou grâce aux relais qu'ils avaient installés depuis plusieurs années. Il s'agit d'une stratégie d'AQMI comme du Mujao pour trouver le maximum d'armes et de munitions et contrer la présence des Touaregs dans la région pour ensuite se retirer dans leurs sanctuaires. On voit bien qu'ils n'ont aucune assise parmi les populations locales, sinon parmi certains barons de la drogue bien connus qui veulent garder leur zone de trafic chez les Touareg», nous dira Hama Ag Sid- Ahmed.
«L'AQMI et le MUJAO sont en concurrence sur le partage des rançons»
Quelles seraient, selon vous, les motivations du MUJAO en ce qui concerne l'enlèvement ' A cette question, le porte-parole du MNLA nous répond : «Je pense qu'il y a une concurrence entre les deux organisations terroristes, celle qui se réclame du Maghreb et celle qui se réclame de l'Afrique de l'Ouest».
Il ajoute que «le MUJAO qui est devenu un dissident de l'AQMI dont il ne veut pas entendre parler et se réclame de l'Afrique de l'Ouest. Ils ont du mal à partager le même territoire et les mêmes objectifs. Il s'agit d'une querelle qui a commencé sur le partage non équitable des rançons versées après la libération des otages occidentaux en 2011».
Le MNLA a exprimé sa détermination à ne pas laisser les organisations extrémistes, comme l'AQMI, contrôler le Mali et imposer le diktat des terroristes. Que peut le MNLA face aux terroristes de l'AQMI, Ansar Dine et le MUJAO, armés jusqu'aux dents' C'est une autre question que nous avons posée à Hama Ag Sid' Ahmed. «Le MNLA est en train de gagner la confiance des notabilités de la région, de la population, ce qui n'est pas le cas des terroristes. Nous sommes sur le point de gagner la première bataille.
Nous avons encore besoin de quelques semaines pour la réorganisation de notre structure militaire et politique pour stopper tout élément extérieur nuisible à la région et qui remettrait en cause notre lutte pour la dignité. Nous comptons par ailleurs sur la confiance de certains Etats très impliqués dans la lutte contre le terrorisme pour nous aider à détruire toute action dans la région de l'AQMI», nous dira-t-il.
«Le président par intérim du Mali invite le MNLA à faire la paix. Quelle serait votre réponse'» A notre question, le porte-parole du MNLA répond : «Nous attendons d'abord que se terminent les négociations entre eux à Bamako et à Ouagadougou. Pour le moment, la junte et le pouvoir civil n'arrivent pas à s'entendre sur la mise en place de la transition politique. Depuis le mois de décembre 2011, nous avons fait savoir notre disponibilité pour des négociations sérieuses sous les auspices de la communauté internationale qui tiennent compte des souhaits des citoyens de l'Azawad».


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