Algérie

Les deux types d'analphabètes


Les deux types d'analphabètes
Il recule et c'est bien! A l'indépendance, le taux d'analphabètes dans notre pays était estimé à 85%. C'est-à-dire que 15% seulement savaient lire, écrire et compter. Ce pourcentage comprenait ceux et celles qui savaient lire et écrire en langue arabe et en langue française. Aujourd'hui et 52 ans après, les chiffres sont inversés. Les analphabètes ne forment plus que 15% de la population. C'est-à-dire que 85% des Algériens et Algériennes savent lire, écrire et compter. La précision du masculin et du féminin est importante car et malgré l'absence de chiffres, la femme est la plus touchée par l'analphabétisme. Surtout en milieu rural. L'analphabétisme a bien reculé dans notre pays et c'est bien! Il n'empêche que 15% de la population, c'est tout de même près de 5 millions de personnes. Ce taux a été annoncé par la ministre de l'Education dans sa dernière conférence de presse, lundi dernier, qui coïncidait avec la Journée internationale de l'alphabétisation. Nous sommes à deux années de l'échéance tracée par le plan lancé en 2006 par le président de la République et qui prévoyait en 2016, l'éradication de ce fléau. L'Etat y a mis des moyens considérables. Pourtant, il n'est pas certain d'atteindre cet objectif à cette date. Les raisons sont multiples. Parmi elles, la condition de la femme et le poids des mentalités à l'intérieur du pays. De plus, il aurait fallu plus que le double des 600 associations locales (chiffre donné par la ministre) pour espérer une notable avancée. C'est moins de la moitié des 1 541 communes que compte le pays. L'important est de ne pas baisser les bras et continuer à oeuvrer pour alphabétiser le plus grand nombre, même au-delà de 2016. A bien voir et malgré ce retard, notre pays s'en sort plutôt bien. Des pays voisins qui n'ont pas connu l'aliénation culturelle programmée par la colonisation, ont aujourd'hui un taux d'analphabètes bien supérieur au nôtre. L'intention n'est pas d'en faire un alibi, mais de dire que nous avons mieux réussi l'alphabétisation telle qu'elle est comprise aujourd'hui. Il y en a une autre vers laquelle nous allons inévitablement, si nous n'y prenons pas garde. En effet, personne ne parle de cette nouvelle catégorie «d'analphabètes», induite par l'ère des nouvelles technologies et de la révolution numérique. On parle beaucoup aujourd'hui de la e-administration à la faveur de la simplification dans la délivrance des documents d'état civil. L'ordinateur remplace à pas de géant le stylo. Pour une réservation d'avion, d'hôtel, pour la déclaration fiscale ou la simulation des calculs de l'imposition, pour un «avoir» du CCP, etc. Aucune étude n'a été faite sur le nombre d'Algériens jouissant de l'autonomie dans ce nouveau type de fonctionnement de la société. Un simple constat nous indique que plus nous grimpons dans la pyramide des âges et plus le taux des nouveaux «analphabètes» augmente. Et là, toutes les catégories sociales sont touchées. Femmes, hommes, avocats, médecins, cadres dirigeants, commerçants, etc. Surtout parmi les trentenaires et plus. Il fut un temps où l'on reconnaissait un analphabète. C'était celui qui, devant un guichet de l'administration cherchait l'âme charitable pour lui remplir son imprimé. On en voit de moins en moins. Preuve que l'analphabétisme classique a reculé. Par contre, il est de plus en plus fréquent d'attendre l'aide de nos enfants pour nos besoins en relation avec les Ntic. Une forme d'exclusion qui prend de l'ampleur mais que personne n'évoque. Par orgueil. Par inconscience. Le fameux projet «Ousratic» a été abandonné, faute de n'avoir pas été bien pensé. Il est urgent d'enrichir le projet, en y incluant et du contenu et de la formation. Sinon, dans très peu d'années, le taux de ces nouveaux «analphabètes» sera préoccupant. Plus préoccupant que les 15% qui ne savent pas lire aujourd'hui!


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