Algérie

Les deux heures les plus mystérieuses



Ils se sont rencontrés. Ils se sont vus. Ils se sont parlé. Pendant près de deux heures et en banlieue du sommet arabe, le roi marocain et son homologue algérien se sont longuement entretenus sans que personne sache de quoi. De ces deux heures les plus mystérieuses du sommet de la réconciliation arabe, rien n?a filtré, comme si les deux chefs d?Etat avaient peur que tout ce qu?ils disent puisse être déformé par ce système des fuites organisées qu?ils connaissent si bien. Ces deux heures de discussion entre deux chefs d?Etat opposés ont été si mystérieuses que les presses respectives des deux pays ont cru bon écrire qu?ils n?avaient rien à écrire. Alors, on a disserté de spoliations de biens algériens, des arnaques de sociétés marocaines et de l?intransigeance du royaume du côté algérien, du soutien d?Alger à la rébellion sahraouie, des prisonniers marocains et de l?arrogance algérienne du côté marocain. Comme si, en dehors du roi Mohammed VI et du président Bouteflika I, personne n?avait intérêt à une normalisation, pourtant mot clé du sommet arabe qui a permis cette première rencontre entre les deux hommes. C?est connu, quand les médias n?ont rien à dire, ils disent n?importe quoi et souvent en mal. Les deux chefs d?Etat en sont peut-être conscients et s?ils connaissent tous deux très bien leur entourage qui va de l?homme d?affaires à celui des services, ils auraient pour ces raisons pris leurs précautions. Dans les milieux autorisés, on dit d?ailleurs que la salle était tellement truffée de micros que les deux chefs d?Etat auraient été obligés d?en venir aux mains, c?est-à-dire en adoptant le langage des signes. Pendant ces deux heures de profond mystère, aucun mot n?aurait été échangé et seuls les gestes des deux souverains furent éloquents. Quatre mains, vingt doigts, la paix peut éventuellement passer par là. En silence.


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