Algérie

Les deux côtés du cordon



D?un côté, les autorités. En visite ou au bureau, en voiture blindée ou à pied. De l?autre, les Algériens, généralement à pied, fatigués, toujours groupés en masse, les mêmes qui sortent accueillir le Président, les mêmes qui font la queue le matin pour un sachet de lait. Entre les deux types d?Algériens, un cordon de sécurité. Etanche et hermétique, constitué d?une foule d?appareils brouilleurs de téléphone, de jeunes videurs en lunettes noires et oreillettes, et d?agents de protection déguisés en civils de base. Les terroristes avaient essayé d?atteindre le chef du gouvernement le 11 avril, sans succès. Ils ont tenté de tuer le chef de l?Etat le 6 septembre. Sans succès toujours. A chaque fois, ce sont des Algériens anonymes qui meurent, pris dans le piège de l?affrontement, morts d?avoir été au mauvais moment au mauvais endroit. A chaque fois, le cordon de sécurité qui fait barrière entre la foule et les autorités joue pleinement son rôle, repoussant les dégâts de l?explosion vers la foule qui a vu naître son auteur. A chaque fois, dans ces mécanismes d?autorégulation malthusiens, c?est la foule qui tue la foule. A chaque fois, comme dans un couple qui divorce avec fracas, puisque c?est le cas de cette relation conservatisme-islamisme qui a mal tourné, ce sont les enfants qui payent, des enfants qui n?ont pas demandé à naître, encore moins de servir de monnaie d?échange pour des négociations par la terreur. Si évidemment il n?est pas question de briser ce cordon de sécurité, il faut bien constater que les autorités sont hors d?atteinte. Pour parler à un Président, un chef du gouvernement ou à un simple président d?APC, il faut l?attendre sur le trottoir, enserré dans la masse, et espérer qu?il s?arrête quelques secondes pour écouter. Il faut attendre debout, dehors, de jour, avec ce risque de mourir et de ne plus pouvoir parler à personne.


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