Algérie

LES DETENUS À L'EPREUVE DU BAC



Ambiance particulière hier à l'établissement pénitentiaire d'El-Harrach. Les candidats détenus y subissaient les épreuves du baccalauréat. Quatre jours durant, ils bénéficieront d'un régime spécial. L'administration pénitentiaire croit en le pouvoir de la réinsertion pour lutter contre la récidive.
Nawal Imès- Alger (Le Soir) - A l'instar des autres candidats, les 93 détenus de la prison d'El-Harrach étaient, dès huit heures du matin, face à leurs copies. Tous vêtus de tabliers blancs, ils devaient plancher sur le sujet de littérature arabe. Installés dans des salles par groupes de quinze, les candidats ont eu droit au même régime que les autres prétendants au sésame pour l'université : des sujets sous enveloppes scellées, des surveillants vigilants et l'incontournable stress lié à l'examen. Mais l'enjeu est souvent plus grand pour les détenus. Beaucoup d'entre eux voient en le diplôme l'unique chance de réinsertion, d'autres rêvent du régime de semi-liberté. Mokhtar Felioun, le directeur général de l'administration pénitentiaire qui donnait hier le coup d'envoi des épreuves, a cependant expliqué que des conditions étaient cependant requises pour espérer en bénéficier. Seuls les détenus purgeant une peine de moins de deux années ont droit au régime de semi-liberté, les autres bénéficieront d'une vacation pédagogique et leur diplôme décroché restera valable après leur sortie de prison, ils pourront néanmoins choisir une autre option : les études à distance. Pour Mokhtar Felioun, la réinsertion passe inexorablement par l'instruction. Les statistiques sont, dit-il, formelles : le taux de récidive des lauréats aux examens est quasi nul. Pour mettre toutes les chances de leur côté, les détenus ont bénéficié d'un régime spécial : ils ont été placés tous ensemble à l'écart des autres détenus et ont pu bénéficier du programme «bac sans stress». Au niveau national, ils étaient 2 301 détenus à tenter de décrocher le bac mais tous n'étaient pas présents le jour J puisque certains ont, entre-temps, quitté les établissements pénitentiaires. Sur l'ensemble de la population carcérale, pas moins de 26 000 détenus bénéficient de l'enseignement général dans le cadre du programme d'humanisation des établissements pénitentiaires. Dès le mois de juillet prochain, le ministère de la Justice devrait réceptionner de nouvelles structures. Il n'est pas exclu, dès la réception de l'ensemble des établissements en cours de réalisation dans les différentes wilayas, de procéder à la fermeture des structures peu adaptées et souvent surpeuplées. La prison d'El-Harrach fait partie de ces structures appelées à avoir une autre vocation.




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