Algérie

Les dernières violences



Les dernières violences
La fin de l'année est en train de se présenter sous forme d'une série d'interrogations lancinantes, d'inquiétudes sur l'évolution des événements, pas seulement au sujet des cours du pétrole dont la chute brutale est le cauchemar permanent en Algérie depuis plusieurs décennies. Aucun chantier politique, économique ou culturel n'est près d'être achevé.Même un débat aussi simple à appréhender que l'abolition de la peine de mort, lorsque l'on se réclame de la modernité et de la promotion des droits de l'homme, n'a pu être tranché à l'issue d'un séminaire international organisé cette semaine à Alger. Deux jours de débats pour aboutir à une proposition de moratoire, à la formule antinomique d'«abolition graduelle».En vérité, le pouvoir actuel et ses dépendances sont loin de nourrir la propension à participer à un débat d'ordre civilisationnel, à un moment où ce même pouvoir n'est guère effleuré par l'idée d'abandonner l'usage des balles réelles dans la répression des manifestations populaires. Jusqu'à la semaine dernière, il est arrivé que la peine de mort soit administrée sans jugement contre des jeunes manifestants et que le lendemain, toutes les autorités s'en lavaient les mains comme s'il s'agissait d'une catastrophe naturelle.«Le wali revoit à la hausse le bilan des affrontements», a-t-on rapporté dans la presse après les événements de Touggourt, où il n'était pourtant pas question d'inondations meurtrières ou d'effondrement d'immeubles. Nous sommes bien installés dans un système où les autorités ne répondent pas des errements des structures de l'Etat mais se contentent de livrer l'étendue des dégâts physiques ou socioéconomiques infligés à la collectivité. Ils sont légion les walis qui invitent la presse à des réunions pour annoncer que nombre de communes de leur circonscription ont consommé 0% des crédits de paiement.Des bilans désastreux qui n'engagent aucune autorité mais qui annoncent des descentes de la population dans la rue avec les formes de répression que l'on sait. Il n'y a pas que les anonymes et les populations du pays profond qui subissent la violence institutionnalisée accompagnant la paupérisation «graduelle», comme diraient nos représentants officiels des droits humains. Des managers et des opérateurs économiques que nous envient les grandes puissances du monde sont en train de faire leur percée à l'étranger après avoir été copieusement servis, intra muros, par la vindicte de notre administration.Le domaine politique reste le lieu de prédilection où s'exerce la violence d'un système qui a remplacé dans son programme le mot démocratie par «survie». L'opinion publique est catastrophée de voir le chef d'un parti historique, qui avait mené la guerre contre le colonialisme, réduit aujourd'hui à lancer de viles attaques contre les partisans de la démocratie et de la liberté de la presse.Alors que le pouvoir actuel s'était rendu célèbre, à son installation en 1999, en dénonçant l'interruption du processus électoral de 1992, assimilée à la «première violence» qui aurait engendré celle des islamistes, il est à craindre, si le refus de toute ouverture politique demeure, que la fin de règne soit lourde de violences aux conséquences imprévisibles.




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