Algérie

Les dernières salves du Ramadhan



Les dernières salves du Ramadhan
En cette dernière dizaine du mois de Ramadhan, les points de vente grouillent de monde. On se bouscule au portillon et la nuit est animée très tard. A la faveur de l'ouverture tardive des magasins qui le reste de l'année baissent rideau dès 18 h. Une fâcheuse habitude qui subsiste de la décennie noire où les commerçants baissaient rideau dès l'entame de l'après-midi. Pourtant, à cette époque-là, au temps du gouvernorat d'Alger, il a été exigé des propriétaires des boutiques et autres magasins du centre-ville de garder les lumières allumées même si les vitrines étaient closes pour donner une certaine animation aux grandes artères. Cela aura duré le temps des roses. Cette action s'est renouvelée quelques années après, sans succès, vite abandonnée par les pouvoirs publics. Une situation que déplorent les citoyens et remarquée par les Algériens qui résident à l'étranger en vacances en Algérie. A l'image de ce père de famille, qui a décidé de faire un grand tour en ville ces jours de Ramadhan qu'il est venu passer avec ses parents, qui s'est heurté avec ses enfants à des devantures closes à 17 h à peine ! Et c'est le soir que tout s'anime, surtout à la veille des fêtes de l'Aïd. Tout se vend, tout s'achète. Les cartons sont déballés dans l'après-midi à même les trottoirs par ces commerçants. C'est l'image qu'offre ce samedi 19 juillet la rue marchande Ali-Boumendjel. Les articles sortis de leur emballage, la chaussée s'en trouve encombrée de papier, de sacs et de cartons, jetés en vrac en attendant l'hypothétique passage des camions de la ville d'Alger qui assurent, selon Netcom, plusieurs rotations jour, sans parvenir en ce mois de ramadhan à charger tous les déchets managers et autres qui s'accumulent toute la journée au soleil, livrés aux rongeurs qui poursuivent cette opération de déballage pour éparpiller partout les restes des sacs à ordures. Et en jour de vents et de chaleur, comme la canicule du week-end dernier, un décor des plus repoussants est planté. Et alors qu'aux alentours du centre d'Alger, les aménagements courent la cité. Un coup d'épée dans l'eau. Il est bien loin mais pourtant si proche le temps où la ville était à l'aube naissante nettoyée d'eau de mer par des camions qui assuraient des passages quotidiens dans les grandes rues et artères d'Alger. Aujourd'hui, ce ne sont pas les hommes tout de vert phosphorescent vêtus qui manquent. Ils se suivent presque de leur chariot- poubelle dans les rues, en donnant des coups de balai sporadiques et nonchalants, à la poursuite des ordures les plus voyantes, histoire d'enlever le gros, en laissant au passage cadavres de bouteilles, sacs plastiques, papiers... pour ne ramasser que le plus voyant. Sion, on pousse les déchets sous les véhicules stationnés sur chaussées et trottoirs, empêchant ainsi le travail de nettoiement de se faire dans les règles de l'art, si ce n'est, bien sûr, pas un prétexte tout trouvé pour travailler le moins possible. Il y a même cet effort fait par les services de nettoiement qui font dérouler les brosses d'une voiturette qui lèchent les abords de quelques artères de la ville en pleine journée, entre piétons et automobilistes. De la volonté partie vite en fumée devant également l'absence de civisme des citoyens qui contribuent énormément à ce mal-être dont pâtit l'esthétique de la cité. Des ordures qui atterrissent à n'importe quelle heure, les poubelles chargées à ras bord, des sacs de pain accrochés aux branches d'arbres, des sacs posés partout, devant chaque pâté d'immeubles, à quelques mètres les uns des autres. Même les placettes, places et jardins publics n'échappent pas à ces dépôts sauvages. L'exemple type de la placette située sur le littoral ouest, qui entoure le quartier de Bologhine et où les bancs publics sont investis par les sans abris et autres malades mentaux.Jusqu'au bout de la nuitAilleurs, ce sont les baby-foots qui parsèment en nombre les coins des cités populaires. Un loisir qui fait des émules en ces soirées de Ramadhan. Des parties opposent les jeunes jusqu'à une heure tardive de la nuit. Ramadhan tire à sa fin. Les soirées estivales, elles, s'étirent. Les veillées aussi. Avec le tapage nocturne qui habite déjà les cités en ce mois sacré et qui se fait le propre de l'été. Des jeunes dés'uvrés, insomniaques, qui crient à tue-tête, piquent de violents colères qui se terminent généralement par des bagarres, qui tapent dans des instruments de percussions à décibels déployés n'en ont cure du sommeil des riverains... D'autres temps, d'autres m'urs. Là aussi, il est loin le temps où le voisin pouvait intervenir pour remettre de l'ordre sans que cela n'offusque l'incriminé et ne fasse effet boule de neige dans la famille, le respect d'autrui et des adultes étant de mise. Carte blanche étant donnée aux voisins entre eux pour apporter de l'ordre quand le besoin s'en faisait ressentir. Aujourd'hui, on a beau appeler les numéros verts des services de sécurité inscrits le long des routes sur des panneaux de signalisation invitant à des gestes de civisme, rien n'y fait. Aux abonnés absents. Et quand le mal s'étend à des vendettas entre jeunes rivaux de quartiers, à coups d'épées et de couteaux, s'en prenant au passage aux véhicules, avec des zébrures sur la tôle, sur les pare-brise et des coupures aux pneus, il y a de quoi se barricader chez soi avec cette insécurité qui habite les murs de la cité. Qui n'épargne pas non plus les nouvelles cités AADL, même les sites les plus tranquilles. L'oisiveté étant mère de tous les vices, y a à craindre. Et quand les vacances sont synonymes de sédentarité, faute d'un mieux, tous les coups sont permis. Comme s'en prendre aux appartements vidés de leurs locataires en déplacement pour la période des congés annuels. Même les portes les plus blindées n'arrêtent pas les vols. Là également, il est loin le temps où les entreprises employaient de jeunes vacanciers contre un pécule de poche. Comme il est bien loin le temps où les parents cherchaient à caser leur progéniture, faisant d'une pierre deux coups, dans des camps de toile pour colons ou en formation chez le pâtissier, le menuisier ou le cordonnier du coin. Hamid est un de ces bels exemples. Il est aujourd'hui pâtissier de gâteaux orientaux à la commande alors que son métier est cordonnier. Son défunt père l'a placé ici et là pendant les grandes vacances scolaires. Des formations sur le tas qui lui ont valu d'être pratiquées une fois sa scolarité écourtée pour aider au budget de la famille amoindri après la sortie à la retraite du père. Ce qui ne va pas empêcher Hamid, encore adolescent, de suivre une formation de comptabilité. En bon prévoyant, il empoche son diplôme pour les jours sans. Il n'est point de sot métier, résume-t-il. Une goutte dans l'océan que ce modèle de vie auquel parents et enfants adhéraient il n'y a pas si longtemps de cela, à peine une vingtaine d'années. Du labeur et de la discipline perdus dans les méandres d'une société encline à être plus de consommation que de production.Les aoûtiens ne sont pas tous des nantisMaintenant que les dépenses du Ramadhan ont dépouillé les ménages comme si le jeûne et la vie en dépendaient, voici venir le temps des vacances qui n'en épargnent pas d'autres. Y compris pour ceux qui n'y ont pas pensé. Car les allers et retours aux plages des environs s'avèrent coûteux. En essence, en location du nécessaire d'une journée en bord de mer, en mangeaille. Quitte à se faire des dettes qui viennent s'arc-bouter bon an mal an sur d'autres frais qui attendent d'être honorés la rentrée scolaire venue. Plus que quelques jours avant la grande évasion. Août est le mois de prédilection des Algériens. Qui pour accomplir des aménagements dans son intérieur, qui pour refaire la peinture de sa maison, qui encore pour laver murs et couvertures, ou préparer la fête qui va faire travailler les salles qui ont chômé un mois durant et encore. N'étaient les plus lotis qui ont choisi ce lieu pour célébrer le baccalauréat en soirée. Un mois à rattraper du côté des complexes touristiques, qui affichent depuis le début de l'été complet, même les locations se trouvent difficilement. Les plus nantis d'entre les aoûtiens auront pris les devants en réservant à l'avance sur la côté pour un séjour qui n'est pas toujours des plus reluisants côté prestation de service. Chaque année, on se jure de ne plus se laisser faire, on se laisse quand même prendre devant le choix de l'embarras. Des frais énormes sont engagés contre un accueil loin de répondre aux normes requises, que cela soit par l'hygiène des infrastructures, la restauration ou l'animation. On se borne alors à faire la navette à la plage avec ce seul privilège, la proximité puisque généralement le site a les pieds dans l'eau. L'essentiel, c'est un peu de cette évasion, ce dépaysement presque qui change de la cité dortoir. Les plus exigeants mais non moins, plus à même de dépenser plus, optent pour l'étranger. Pour l'instant, Ramadhan est encore là, et de son ambiance unique, on profite à satiété. Au prochain, inch'Allah !




Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)