Les dérapages du Coach national Quand Halilhodzic casse du local !

Cela fait partie du personnage : des critiques à tout bout de champ, de la mauvaise humeur, des coups de gueule et un franc-parler aux frontières de l'insolence et du politiquement incorrect. à cela, Vahid Halilhodzic avait habitué tout son monde partout où il a posé ses valises et sa conception rigide du football de haut niveau.
Lors de sa dernière sortie médiatique, le sélectionneur national a cependant poussé le bouchon de l'audace langagière un peu plus loin que d'habitude, en a rajouté une couche, pas vraiment la plus brillante de toutes, en s'en prenant d'une peu originale façon aux joueurs locaux en affirmant qu'ils n'étaient pas vraiment bien préparés physiquement et qu'ils avaient du mal à tenir les quatre-vingt-dix minutes que dure une rencontre. 'Je constate que physiquement, ça ne va pas du tout. Il n'y a pas un seul joueur local qui soit en mesure de jouer et de tenir les quatre-vingt-dix minutes d'un match international', avait-il, en effet, asséné lors de sa récente conférence de presse, en marge du regroupement réservé strictement aux locaux.
Le fait 'qu'aucun joueur évoluant dans le championnat professionnel algérien ne puisse tenir 90 minutes que dure une rencontre de football' constitue même, selon l'orateur, 'l'un des aspects' qui le 'fatiguent le plus et qui pourrait même l'obliger à partir et à quitter le poste de sélectionneur national'. Bien au-delà du côté provocateur, du reste connu et reconnu du technicien bosniaque, c'est là une flèche envoyée non seulement en direction des joueurs du championnat algérien mais aussi et surtout une sorte de réprimande à peine voilée à destination des entraîneur locaux, puisque c'est à eux qu'incombe la mission de préparer le joueur en club, en perspective de la compétition officielle et, éventuellement, d'une échéance avec la sélection nationale.
On pourrait penser que cette violence langagière délibérée de Halilhodzic aurait comme finalité, en premier lieu, de provoquer une réaction d'orgueil chez les joueurs locaux, de les toucher dans leur amour-propre afin de voir ensuite leur réaction. Mais pas que ça. Déjà, lors du premier regroupement à Marcoussis, au lendemain de sa prise en main officielle de l'EN, l'ancien coach de Lille et du PSG n'y est pas allé avec le dos de la cuillère pour indiquer que ce qu'il 'avait vu' l'avait 'presque poussé à jeter l'éponge et à partir', surtout après avoir 'constaté' ce qu'il 'avait entre les mains'. Des critiques acerbes que beaucoup avaient qualifiées de justifiées à propos d'une équipe mondialiste qui venait de rater le train de la CAN 2012, après une rouste mémorable à Marrakech, mais qui tendent, du moment qu'elles se répètent, à devenir lassantes, voire prévisibles et sans aucun effet, si ce n'est d'incommoder et de le rendre un tantinet insupportable aux yeux de ceux qui croient ' et ils sont nombreux ' que le football algérien vaut beaucoup mieux que ces flèches empoisonnées.
Ces mêmes Algériens l'avaient battu au physique en 2010
Cela d'autant plus que, décryptées, ces paroles balancées par Halilhodzic ne remettent pas seulement en cause le niveau et la valeur intrinsèque du joueur évoluant au pays, mais semblent aussi et surtout mal cacher une volonté délibérée de 'casser du local' en s'en prenant également avec des termes à peines voilés aux entraîneurs algériens exerçant en Ligue 1, puisque leur méthode 'qui ne permet à aucun joueur local de tenir les quatre-vingt-dix minutes d'une rencontre internationale' est remise en cause et décrédibilisée. Après avoir critiqué et tiré, tour à tour, sur 'la mentalité du joueur algérien, qui rechigne à l'effort, qui ne sait pas man'uvrer offensivement, qui manque de culture tactique', voilà que Coach Vahid s'attaque cette fois-ci ouvertement au côté scientifique du sport-roi algérien dans une diatribe visant, apparemment, à minimiser tout ce qui se fait en Algérie, y compris la préparation physique !
Serait-ce, cependant, une volonté délibérée de préparer l'opinion publique à un retour au tout-professionnel et à larguer l'option des joueurs locaux qui aurait poussé Halilhodzic à agir de la sorte et à tenir un tel langage si décourageant et tellement rabaissant ' Surtout que ce n'est certainement pas son patron hiérarchique, le président de la FAF Mohamed Raouraoua en l'occurrence, qui l'exhortera, l'incitera encore moins à promulguer le contraire, lui qui ne passe assurément pas pour être l'un des défenseurs les plus acharnés de la cause locale et qui a déjà, dans un passé récent, eu à critiquer tout aussi ouvertement le niveau du championnat algérien.
C'est du moins ce qu'en pense l'ancien capitaine des Verts, Haddou Moulay, pour lequel 'l'Algérie, au contraire, a toujours eu des joueurs alliant puissance physique et virtuosité technique'. 'Avant de faire de telles déclarations, Vahid Halilhodzic ferait mieux de venir voir le travail quotidien qui se fait dans chaque club. Il ne suffit pas de voir un ou deux bouts de matches pour dire ensuite que le footballeur algérien est incapable de tenir quatre-vingt-dix minutes ! Ce n'est pas crédible, voyons ! L'actuel sélectionneur serait donc mieux inspiré à vérifier par lui-même ce qui se fait aux quatre coins de l'Algérie, en matière de travail physique et technico-tactique, avant de faire dans la critique gratuite.
Ce n'est pas aujourd'hui qu'on va nous faire croire que l'Algérie est incapable de produire des joueurs qui peuvent tenir le rythme sur le circuit international ! Si c'est le cas, comment a-t-on fait dans le passé pour disputer les coupes d'Afrique des nations, les coupes du monde et les compétitions interclubs ' Ce n'était certainement pas grâce à Vahid, non ' Alors, je pense que cette hypothèse ne tient aucunement la route. Peut-être que c'est une manière comme une autre du sélectionneur national de baliser le terrain au retour à l'option du tout-professionnel venant de l'étranger. Sinon, rien n'explique une telle théorie, du reste assez risible', estimait l'ancien international et actuel manager général du Mouloudia d'Oran.
R. B.