Algérie

Les députés partagés entre le boycott et le «oui» sous conditions



C'est une première dans les annales de l'Algérie post-indépendance, le Parlement réunit ses deux Chambres au Palais des nations pour officialiser la vacance du poste de président de la République.Il s'agit, certes, d'une simple formalité, à savoir d'une démarche constitutionnelle qui intervient une semaine après l'annonce, le 2 avril dernier, de la démission, sous la pression conjuguée de l'armée et de la rue, du président Abdelaziz Bouteflika, au pouvoir depuis 20 ans. Cette session qui aura lieu demain ne fait pas, toutefois, l'unanimité chez les parlementaires. Pourquoi ' Demain, Abdelkader Bensalah présidera la réunion et devrait assurer l'intérim durant une période de 90 jours maximum.
Si les députés du FLN et du RND, dans leur majorité, ne comptent pas boycotter cette session, ceux de l'opposition et les indépendants sont partagés entre le boycott et la participation avec comme condition le départ de Bensalah. Le FFS prend les devants et dénonce la convocation des deux Chambres du Parlement «illégitime» et «impopulaire» par un pouvoir «autiste» qui n'entend pas la voix du peuple. Le recours au Parlement est qualifié par le FFS d'une vaine tentative afin de reconduire les responsables du régime, dans l'unique but de le pérenniser, de le renforcer et de le consolider.
Pour la direction du FFS, le peuple, dans toutes ses composantes et sur tout le territoire national, exige un changement radical du système, en rejetant ses deux béquilles institutionnelles (APN et Sénat). «Depuis le 22 février, le peuple exige un changement du système et non un changement dans le système. Et il appartient à ce peuple de reconstruire l'Etat et ses institutions d'une manière souveraine et démocratique, après 57 ans d'un régime autoritaire qui a empêché toute alternance démocratique», affirme Hakim Belahcel, premier secrétaire du parti.
Le RCD ne prendra pas part à cette session, alors que le MSP, qui réunit aujourd'hui son bureau pour trancher cette question, ne perd pas l'espoir de voir Bensalah remettre sa démission du poste de deuxième homme de l'Etat avant la tenue de cette réunion. «Bensalah n'est pas toléré par le mouvement citoyen, ceux qui décident doivent répondre favorablement et il faut qu'ils fassent un effort pour trouver une solution juste à cette crise et aller de l'avant», indique Abderrazak Makri, qui laisse entendre que son parti assistera à la rencontre qui signera définitivement la fin du règne de Bouteflika, à condition que Bensalah jette l'éponge.
Mieux, le président du MSP pense que la solution la plus appropriée est la démission d'abord de Tayeb Belaïz du Conseil constitutionnel, suivie de celle de Bensalah et la désignation d'une personnalité dont le nom n'est pas associé à la corruption. La même attitude est adoptée par les députés indépendants qui tiendront aujourd'hui une réunion de concertation pour arrêter la démarche à suivre. Les indépendants, par la voix de leur président du groupe parlementaire, Lamine Osmani, demeurent persuadés que Bensalah va démissionner de son poste dans les prochaines heures.
Par contre, certains députés de la majorité défendent l'option Bensalah et pensent qu'il est le personnage le plus indiqué pour mener la transition et éviter surtout au pays de sortir de la Constitution. «Bensalah est une personnalité neutre et il va gérer une transition limitée dans le temps. Si l'on rejette cette option, le pays risque de sortir de la Constitution. Certes, le pays passe par une crise et la solution à cette situation est politique, mais aussi constitutionnelle», fait remarquer un sénateur du tiers présidentiel.
A la question de savoir s'il est toujours possible de désigner un nouveau président du Sénat parmi les membres du tiers présidentiel, des parlementaires n'écartent pas cette éventualité. C'est d'ailleurs la seule alternative pour éviter de rentrer dans l'anticonstitutionnel. Hier, la commission paritaire s'est réunie pour mettre au point les dernières retouches pour la réussite de cette réunion !


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