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Sur le terrain, si aucune voix ne vient apaiser quelque peu la situation, l'absence de celles des députés est, de loin, la plus regrettable.
Bien qu'élus pour légiférer, les membres de l'Assemblée nationale populaire ont également reçu mandat des citoyens-électeurs pour les représenter et parler en leur nom face au pouvoir exécutif. Ce rôle implique nécessairement une proximité dans l'action de nos élus et bien entendu une écoute permanente de l'ensemble des catégories sociales, avec en prime, un souci constant d'éviter une fracture profonde, susceptible de conduire à l'impasse. Cette définition succincte de la mission du député algérien ne semble pas s'appliquer totalement dans les circonstances qu'imposent les grèves du Cnapeste et du Camra.
Voilà deux mouvement de protestation qui mettent les nerfs de millions d'élèves et leurs parents, ainsi qu'une grande partie des malades du pays, à fleur de peau.
Il faut dire que la sensibilité de ces deux débrayages devrait interpeller l'ensemble des acteurs politiques et sociaux du pays et à leur tête les représentants nationaux du peuple. Or, sur le terrain, si aucune voix ne vient apaiser quelque peu la situation, l'absence de celles des députés est, de loin la plus regrettable.
Force est de constater donc que l'Assemblée populaire nationale fait preuve encore une fois d'indifférence à ce qui secoue la société. En tant qu'institution, l'APN n'a pas jugé utile d'ouvrir un débat sérieux autour de cette question pour proposer une voie médiane entre les propositions des syndicats et celles de leurs ministères de tutelle respectifs. La grève des médecins résidents qui entame son troisième mois consécutif risque d'avoir des conséquences désastreuses sur les citoyens. La situation se complique au fil des jours. Des rendez-vous annulés, des patients refoulés, les établissements fonctionnant au ralenti. L'éducation n'est pas en reste. Le secteur vit au rythme d'une protestation qui ne semble pas en finir.
L'absence d'une réaction «officielle» qui pourrait se concevoir, ne peut expliquer la grande timidité dont font montre les membres de l'Institution législative. Les quelques gestes enregistrés viennent de quelques élus de l'opposition qui s'étaient donné la mission d'informateurs pour leurs partis respectifs. Il n'y a eu aucune suite à ces prises de contact sans lendemain. Le témoignage de l'un des responsables du Camra est édifiant. «Nous avons été approchés par trois ou quatre députés membres de la commission de la santé pour comprendre le fond du problème», a révélé Taileb, membre du mouvement Camra. Aux dires du syndicaliste, cette démarche n'avait aucune ambition de médiation. C'était donc juste pour savoir, presque par curiosité, dirions-nous.
Pis encore, la Commission parlementaire se contente ces dernières semaines d'examiner le projet de loi sur la santé, vivement contesté par les médecins résidents, sans pour autant prendre l'initiative d'apaiser la tension. «Ce n'est pas normal pour une Assemblée élue de rester indifférente devant une telle situation», a soutenu l'élue du PT, Nadia Chouitem. Contacté par nos soins, ce membre de la commission de la santé affirme avoir proposé à son président d'engager une action pour tenter au moins d'apaiser la tension, mais en vain. «Nous sommes minoritaires au sein de l'APN, nous ne pouvons pas engager une action pour interpeller le gouvernement à prendre en charge ce problème», a-t-elle affirmé en déplorant l'absence d'une solidarité politique au sein de l'Assemblée. Il reste que la préoccupation de la députée ne concerne pas l'autre grève, celle des enseignants du Cnapeste. Cela pour dire que la vision demeure étroite, même lorsque l'élu tente quelque chose.
Pourtant, c'est l'occasion ou jamais pour les représentants du peuple de rétablir la crédibilité de l'institution en investissant le terrain, porteurs d'une parole sage. Au lieu de cela, le Parlement reste dans le rôle de spectateur, comptant les points dans la «bagarre» que se livrent quelques têtes d'affiche en cette année préélectorale.
L'initiative lancée par le député Bahaa Edinne Tliba était le centre d'intérêt des élus. Ce n'est pas tout. La députée et présidente du Parti de l'équité et de la proclamation, Naïma Salhi n'a pas trouvé mieux que de s'attaquer à la langue amazighe en remettant en cause une décision du président de la République qui a été consacrée par la Constitution. Au lieu d'appeler à l'ouverture d'un sérieux débat sur les problèmes qui minent la santé et l'éducation, deux piliers de la société, Naïma Salhi a versé ouvertement dans une polémique stérile. Tliba et Salhi ont fait le show. C'est ce que semblent retenir leurs collègues de l'APN.
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Posté Le : 12/02/2018
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Nadia BENAKLI
Source : www.lexpressiondz.com