Algérie

Les députés débattent le programme du gouvernement



Les chiffres de Belkhadem contestés Hier, près de 100 députés sont intervenus pour « commenter » le programme du gouvernement présenté samedi par Abdelaziz Belkhadem. Les interrogations des élus ont été axées essentiellement sur la « misère » qui frappe plus de la moitié de la population algérienne, le taux de chômage « trop élevé », l?absence de politique réelle de lutte contre la corruption. Par ailleurs, les intervenants ont exigé plus de prérogatives pour les élus et non pas pour les walis. Sur le dossier de la corruption, Mohcine Belabès du RCD a relevé que le projet de programme du gouvernement aborde le dossier de la corruption de façon « frileuse par des slogans creux ». Lors de sa présentation du programme, M. Belkhadem a cité les facteurs qui favorisent ce phénomène, notamment l?ouverture du marché, la libéralisation de l?économie, la mondialisation et la complexité technologique. Cette approche, selon le représentant du RCD, renseigne sur le manque de conviction du gouvernement dans l?impératif de la lutte contre la corruption. Le parlement algérien, a souligné l?intervenant, devra choisir entre la responsabilité et la démagogie. « La démagogie, les phrases sans contenu, la fanfaronnade et le mensonge affirmé à bon escient sont largement présents dans l?avant-projet de programme, mais tout cela devrait être remplacé par beaucoup plus de responsabilité, d?une vision claire et surtout d?honnêteté », dira-t-il. Pour le député du RCD, il est urgent d?organiser un audit national afin d?évaluer le coût de la corruption au contribuable dans les organismes publics et parapublics. Sans tergiversation, il dira que la corruption est installée en Algérie : abus de biens sociaux, détournement de fonds, enrichissement personnel, emplois fictifs, trafic d?influence. Cependant, pour le parti de Saïd Sadi, la mère de toutes les corruptions reste la fraude électorale et celle-ci implique, de son point de vue, des institutions dénuées de toute crédibilité et de toute autorité et par là des lois sans force. « L?omniprésence de l?Etat et son renforcement programmé dans ce projet à travers le renforcement des prérogatives des walis et chefs de daïra accentuera le recours à des moyens détournés pour accomplir les choses et fera que la corruption sera généralisée si elle ne l?est pas déjà. Mais l?objectif inavoué est justement ??tous pourris, tous pareils??. » Pour le RCD, la lutte contre la corruption ne peut se résumer seulement à des mesures répressives, mais il faut surtout des mesures préventives. Pour sa part, M. Abdelhamid du MSP a suggéré la levée des interdictions pour ce qui est de la création d?associations et de délivrer par là même des agréments aux partis politiques et a insisté surtout sur la levée de l?état d?urgence. Un fait de son avis qui permettra au citoyen de souffler et de reconquérir sa liberté. Sur un autre chapitre, des députés du RND, du PT, du MSP ont enregistré, de leur côté, des contradictions sur les chiffres présentés dans le projet par rapport à la réalité, notamment en ce qui concerne le taux de chômage. Quant à M. Boutouiga du RND, il a contesté vivement les chiffres avancés par le chef du gouvernement en réclamant des explications. « M. Belkhadem, nous voulons savoir d?où vous tenez le chiffre de 12% du taux de chômage en Algérie. Ce chiffre est complètement erroné. A Tiaret, le taux de chômage dépasse les 20%. Cessons donc de mentir à la population », dira l?orateur qui ne comprend pas pourquoi, jusqu?à l?heure, le gouvernement est dans l?incapacité de réguler le marché des fruits et légumes. « Le peuple veut comprendre pourquoi la pomme de terre coûte excessivement cher et pourquoi le sachet de lait est indispensable. Ce sont ces questions qui préoccupent le peuple », a souligné M. Boutouiga qui remet en cause non pas le programme du gouvernement, mais plutôt la gestion des ministres. « Certains ministres ne sont pas à leur place », tonnera-t-il. Abondant presque dans le même sens, Abderezzak Achouri du MSP s?est déclaré d?accord avec le gouvernement lorsqu?il a annoncé que 70% des chômeurs sont des jeunes, d?où la nécessité de réviser la politique du travail. Il a, en outre, émis le v?u de voir le gouvernement élargir les prérogatives des élus locaux afin de ne pas rééditer le scénario du 17 mai où l?abstention était de rigueur. M. Achouri s?est dit outré de constater qu?en 2007 la femme au foyer touche une pension de 400 DA. Dans ce sillage, l?intervenant a demandé sa révision à la hausse pour atteindre les 5000 DA. Quant à Mme Houaria Bousmaha, du PT, elle a appelé le gouvernement à « revaloriser le secteur public et à mettre un terme à la privatisation » qui permettra, a-t-elle dit, de lutter contre le chômage. Selon l?intervenante, l?application du plan structurel et l?accord d?association avec l?Union européenne et la privatisation de certaines entreprises ont eu un effet direct sur l?augmentation du taux de chômage, exhortant le gouvernement à poursuivre la nationalisation des hydrocarbures. Un avis partagé par un député du PRA, M. Chadad, qui a mis en évidence l?importance de revoir les prérogatives des élus locaux. Après avoir appelé à une « négociation nationale » autour du projet de société, Bouzid Barkani, représentant du RND, a appelé le gouvernement à « se pencher davantage » sur les préoccupations des citoyens, notamment dans les domaines de l?habitat, du foncier et de l?agriculture. A propos de ce secteur, des parlementaires se sont prononcés pour la mise en ?uvre de « véritables » mécanismes de soutien aux agriculteurs et de préservation du foncier agricole. Des députés ont également relevé, lors des débats, le rôle du gouvernement, notamment dans l?incitation des banques publiques à aider davantage les projets de développement, l?encouragement du secteur du tourisme et l?agrément de partis et d?associations « en suspens » depuis des années. A mentionner par ailleurs que d?autres élus ont pris la parole juste pour remercier le premier magistrat du pays du fait qu?il a renouvelé sa confiance au staff de M. Belkhadem.


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