Les indignés espagnols ont été bastonnés par la police antiémeute vendredi. Le gouvernement Zapatero est dans l''il du cyclone et appelle à des élections anticipées.
Une guerre psychologique est en gestation entre les dirigeants politiques, les marchés financiers et les populations. Les médias ne sont pas étrangers à la prise de conscience des populations sur ce qui se trame dans les coulisses des états-majors. La classe ouvrière a aujourd'hui comme alliée une classe moyenne cultivée, ainsi que de jeunes universitaires qui se sont retrouvés face à un marché du travail asséché. Les chefs d'Etat et de gouvernements font semblant de trouver des solutions, qu'ils savent inacceptables pour les créanciers ne se référant qu'aux implacables dieux des chiffres astronomiques des débiteurs. Les peuples dans cette crise de la dette souveraine sont déboussolés, patibulaires, appauvris, en un mot, les indignés majoritairement sont dépossédés du rêve américain. U ne époque, celle des empires occidentaux, s'achèvera peut-être dans une ou deux décennies ; une autre ère se dessine, celle des peuples qui jusque-là avaient fait l'essentiel de la croissance des puissances militaires qui ont bâti des puissances économiques. Des progrès insoupçonnés ont été réalisés par la recherche, et les innovations technologiques dans tous les domaines grâce à l'argent des dépossédés et de la classe ouvrière de la période pré-industrielle. Les deux grandes guerres et les conflits armés avaient permis aux USA de développer un tissu industriel exceptionnellement performant ; la vague migratoire avait apporté depuis deux siècles en son giron non seulement une population cosmopolite prête à tout pour oublier la misère qui les avait poussés à l'exil, mais également une gent lettrée qui a très tôt fait de distancer en matière d'innovation la vieille Europe sclérosée dans les conflits armées. Le rêve américain permettait aux dépossédés européens représentant l'essentiel des vagues migratoires d'accéder à la propriété sans l'acheter et aux exploitations des richesses naturelles sans aucune contrainte étatique. Le premier venu était le premier servi, quitte à s'adonner à des massacres collectifs des populations autochtones qui avaient été parquées par la suite dans des réserves. Dans les années 80, suite à l'apogée industrielle construite sur la base de la société de consommation et de l'extension de la croissance, a rapidement saturé les besoins de la consommation intérieure, d'où l'idée de la conquête des marchés extérieurs. Dans cette logique a été créé le Gatt pour l'Organisation internationale du commerce, puis l'OMC pour régenter ou éliminer les barrières douanières. Cette mondialisation des échanges internationaux devait théoriquement apporter la richesse à un maximum de personnes, relever le niveau de vie, donner accès à une égalité de chances aux humains par une meilleure redistribution des richesses créées. L'OMC est entrée droit dans le mur en n'arrivant pas à éliminer les subventions aux producteurs notamment agricoles. L'Uruguay round ou cycles des négociations apporta un démenti cinglant aux humanistes. Les puissances occidentales pour écouler leurs excédents de production exigèrent comme préalable la levée des restrictions quantitatives, et l'abaissement des taxes douanières ; en face, les pays en voie de développement n'avaient que peu de choses à exporter, et quand il y avait de quoi, il manquait de l'argent pour subventionner la productivité, les productions et se heurtaient aux barrières de standardisation allant jusqu'à la confection des matériaux d'emballage, ce qui annihilait toutes velléités aux pays pauvres de traiter d'égal à égal. En quête de croissance pour maintenir des normes de vie conformes à la société de consommation, les politiciens sont allés chercher cet accroissement des excédents de la balance des paiements dans l'ouverture des marchés extérieurs représentant 5 milliards de potentiels nouveaux consommateurs. Avec l'arrivée des pays émergents comme la Chine, l'Inde, le Brésil, le Mexique, l'Afrique du Sud, la Corée du Sud, la Russie, et aujourd'hui la Turquie, la croissance attendue par les USA et l'Europe ne dépasse pas les 3% pour les Etats-Unis, et peine à dépasser 1,2% pour les Européens en moyenne, dans le même temps que les nouvelles forces économiques réalisent des croissances à deux chiffres. Depuis de longues années, le crédit fait fonctionner les moteurs de l'économie occidentale. Le hic, c'est qu'ils s'accumulent de manière irresponsable, au point où la dette est devenue insupportable et toxique pour les salaires, et les petits épargnants. Le portefeuille des ménages est semblable à une peau de chagrin s'amenuisant d'année en année. Une dette trop importante, égale ou supérieure au PIB, efface rationnellement les fruits de la croissance, donc, il n'y aura de possibilités de relance économique étant donné que les taux d'intérêts grimperont inexorablement. Les coupes budgétaires, les licenciements massifs, les prolongements de la durée du travail, les réductions de salaires ne contribueront qu'à aggraver la crise économique, et à accentuer la précarité sociale, au risque de voir les dépossédés déstabiliser les institutions politiques. Pour trouver une solution à la crise durable, soit les investisseurs obligataires qui ont déjà perdu 20% selon le New York Times et se préparent à perdre davantage pour sauver les fondamentaux du capitalisme ; soit les Etats surendettés déclarent faillite, se mettent collectivement en défaut de paiement et s'arrangent pour trouver des financements en dehors des marchés financiers classiques ; pourquoi pas, auprès des pays émergents possédant des surliquidités dont ils ne savent quoi faire.
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Posté Le : 27/09/2011
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Amar Khelifi
Source : www.lnr-dz.com