Algérie - Recherche scientifique

Les déplacements des enseignants à l'étranger soumis à autorisation : Les universitaires saisissent Harraoubia



Une délégation de quatre enseignants s'est présentée, jeudi dernier, au siège du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique (MESRS) pour remettre en mains propres aux responsables de ce département le texte de la pétition déjà émargée par 160 chercheurs, qui consigne les « protestations de la communauté universitaire contre la circulaire subordonnant le droit de sortie du territoire national des chercheurs et des enseignants de l'université algérienne à l'accord préalable du MESRS ». La délégation, composée de Aïn Seba Nagete (maître de conférences au département d'archéologie de l'université d'Alger), Cherbal Farid (chargé de cours à la faculté des sciences biologiques d'Alger), Djerbal Daho (maître de conférences au département d'histoire de l'université d'Alger) et Goucem Saïd (chargé de cours à l'Institut national d'agronomie d'Alger) a précisé, dans un communiqué rendu public hier, qu'après avoir déposé au niveau du bureau d'ordre central du MESRS une copie de la pétition avec la liste des signataires, celle-ci a été reçue par Saïdani Arezki, directeur de la coopération et des échanges inter-universitaires au MESRS.Lors de cette entrevue, les membres de la délégation ont demandé « l'abrogation pure et simple de la circulaire du 18 mai 2010 et la publication d'un texte officiel signé par le ministre de l'Enseignement supérieur, mettant au clair les engagements du MESRS à respecter les libertés académiques et la liberté de recherche pour éviter, à l'avenir, tout acte arbitraire de l'administration contre les enseignants-chercheurs ». A l'occasion, ils ont expliqué que ce n'était pas la meilleure façon d'encourager le développement de la recherche scientifique, au moment où le pays s'engage dans le lancement d'un ambitieux programme national de recherche (32 programmes nationaux de recherche seront lancés cette année).Les membres de cette délégation ont mentionné, en outre, dans leur communiqué, que conformément à leur engagement, ils ne se sont pas rendus au siège du MESRS pour négocier mais plutôt pour « faire part de l'inquiétude générale des universitaires algériens exerçant en Algérie ou installés à l'étranger quant au contenu et à la portée de la circulaire du 18 mai 2010 ».Cela, disent-ils, en plus de remettre en mains propres à M. Harraoubia ou à un de ses représentants le texte de la pétition. Dans la foulée, les rédacteurs du communiqué ont tenu à rappeler à leur interlocuteur que « le texte de la circulaire prêtait à confusion et qu'il ouvrait la voie à une interprétation restrictive ou répressive de la question des thèmes ayant un caractère sensible pour la politique étrangère de notre pays et pour les intérêts nationaux ». C'est ainsi que la délégation a fait savoir à M. Saïdani que les seules autorités ayant vocation de juger de la pertinence des travaux universitaires sont les instances académiques régulières. Des instances, souligne-t-on, « qui ont jusque-là normalement fonctionné dans le cadre des textes et règlements propres à l'université et à la recherche scientifique ».Devant cet état de fait, la communauté universitaire a exprimé sa « préoccupation » et a fait part de son « inquiétude quant à l'intrusion d'instances non académiques dans l'évaluation du contenu ou du résultat de leurs travaux, de leur pertinence et de leur conformité avec les intérêts nationaux ». Les membres de la délégation n'ont pas manqué de signaler qu'« il y a eu des cas de refus d'autorisation de sortie du territoire à des universitaires algériens et des interdictions de rencontres universitaires (colloques, séminaires, journées d'études) organisées par des collègues algériens en Algérie ». Il a été mentionné également que « des conférences devant être données par des universitaires de renom (algériens ou étrangers) dans des établissements universitaires algériens ont été interdites au dernier moment par des instances ou à des niveaux non déclarés ».


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