Algérie

«Les dépenses dans les travaux publics inversement proportionnelles à la qualité»



«Les dépenses dans les travaux publics inversement proportionnelles à la qualité»

Dans les différents programmes de développement, la part des investissements publics dédiés aux travaux publics et aux infrastructures était importante. Quelle adéquation entre les dépenses et la qualité des réalisations 'En effet, depuis le début de l'année 2000, la part des investissements publics dédiée aux TP et infrastructures de base a été colossale (plus de 220 milliards $), malheureusement les résultats obtenus sur les plans qualité d'exécution, ergonomie et sécurité des ouvrages vis-à-vis des différents aléas sont catastrophiques.Le lancement dans la précipitation tous azimuts de ces projets structurants (autoroute, routes, barrages, etc.), sans aucun repère de vigilance ni respect des principes de précaution et de prudence, a abouti à un état des lieux déliquescent, à savoir une autoroute hors normes gondolée, cabossée, inondée avec des effondrements des corps de chaussée, des affaissements en tous genres, des éboulements, des glissements de grande ampleur, parsemée d'hernies et de bourrelets à tout bout de champ.Les principales raisons de cet échec sont l'absence d'études techniques bien réfléchies, fines et intelligentes au niveau de toutes les phases de l'acte de bâtir. On peut ainsi dire que toutes les dépenses dans ce domaine ont été inversement proportionnelles à la qualité et à la fiabilité escomptées.A chaque fois que les chutes de pluie sont importantes, nos routes deviennent impraticables. Quid justement de l'entretien 'Effectivement, on peut constater que deux gouttes de pluie suffisent pour bloquer tout le réseau routier sur l'ensemble du territoire national.Cette carence majeure réside essentiellement dans le manque de sérieux et l'amateurisme des entreprises de réalisation et des BET en charge du suivi et contrôle.A mon avis, c'est le seul pays au monde où les entreprises étrangères (essentiellement chinoises) et locales peuvent bricoler et bâcler le travail en toute liberté sans rendre des comptes. Il faut par ailleurs dire que ceci n'a été rendu possible que grâce à la complaisance affichée des pouvoirs publics censés jouer le rôle de maître d'ouvrage pour ces projets.La densité du trafic routier, notamment les poids lourds, a entraîné également la dégradation des routes. Les études ont-elles pris en considération ce facteur 'Comme vous le savez, une route est un ouvrage d'art, elle est composée d'une fondation, d'un corps de chaussée et d'une couche de roulement. Ces trois éléments structuraux doivent être sous-tendus par un tracé judicieusement élaboré pour solutionner tous les aléas et la vulnérabilité des sites rencontrés afin de réduire les risques encourus.Donc, le poids et le nombre de véhicules empruntant un corps de chaussée ne doit poser aucun problème d'endommagement si toutes les parties constituant la route ou l'autoroute sont correctement conçues, calculées et projetées.Les cités nouvellement construites, comme celles de l'AADL et certains édifices, à l'image de l'hôpital de Mascara, ont également montré leur vulnérabilité. Ne pensez-vous qu'il y a lieu de bien cibler les choix des entreprises, que ce soit pour les études ou pour la réalisation 'Voilà une question intéressante ; si on doit établir un constat objectif sur l'art et la manière dont ces projets dits «du siècle» AADL, LPP, LSP, social, ont été décidés étudiés, maturés puis lancés, on s'aperçoit que la défaillance est totale à tous les niveaux de l'acte de bâtir.D'abord l'occupation des sols reste très discutable, puisque la décision est prise à l'échelle locale, sans aucune allusion aux risques présents au niveau de la commune : inondabilité du site, présence de failles sismiques, instabilité des sols à bâtir, présence de pipelines, mitoyenneté des installations IRM, etc.Ainsi, nous avons assisté dans 80% des cas à des études de sol très superficielles, simplistes, souvent erronées, ensuite à l'application d'une soi-disant réglementation nationale de construction très succincte (absence de règles pour les corps d'état secondaires et les VRD). Cette réglementation n'est pas fiable, car elle est à la fois mal plagiée et bricolée. Ajouté à cela l'absence d'instruments de réalisation de grande envergure, comme ce fut le cas dans les années 1970.Malheureusement, en Algérie il faut le dire, l'étude d'un projet dure quelques mois et sa réalisation peut durer une décennie ou plus, c'est une carence majeure dans la stratégie de développement du pays. Aussi, on peut dire qu'on est en présence d'ouvrages livrés bruts sans traçabilité dans le cas d'un endommagement préjudiciable engendré par une quelconque catastrophe.Ces dernières semaines, avec une pluviométrie tout à fait normale, nous avons assisté à de graves débordements des oueds, comme celui d'El Harrach (risque majeur pour la grande mosquée), l'inondation de l'hôpital de Mascara, l'autoroute Est-Ouest au niveau d'El Affroun, etc.Quelles prévisions en dégâts matériels et pertes humaines dans le cas d'une catastrophe de grande ampleur 'Vous savez, c'est un exercice assez facile quand vous avez toutes les données et c'est le cas de l'Algérie, à savoir la vulnérabilité du patrimoine existant d'avant 1962 (bâti colonial et infrastructures), plus tous les nouveaux projets érigés sur des sols non aedificandi (non constructibles), plus une urbanisation anarchique et archaïque, plus une surconcentration des populations dans des endroits précis, ces différents paramètres permettent aisément de concevoir et dérouler un scénario catastrophe grandeur nature à l'échelle d'une capitale comme Alger, Oran ou Constantine.Tout a été dit dans ce domaine lors de mes nombreuses interventions depuis la catastrophe de Bab El Oued. Je considère maintenant que cette procédure est du ressort de l'institution en charge de la Sécurité nationale et non d'un quelconque ministère ou organisme. Je termine par dire, au risque de me répéter, que la seule solution est la mise en place d'une véritable politique de prévention, dont les maîtres mots sont: «Comprendre pour prévoir et agir pour prévenir.»




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