Le précédent ministre de l'Intérieur français, Brice Hortefeux, a été
condamné par la justice pour propos raciste. son successeur, Claude Guéant,
proche parmi les proches du président Nicolas Sarkozy, est sur la même voie. Un
discours obsessionnel sur l'islam et les musulmans et une forte démangeaison
raciste dans un contexte de déconfiture électorale annoncée.
La dernière sortie du ministre français de l'Intérieur ne prête à aucune
équivoque : il y a trop de musulmans en France. Sans surprise, à droite, on crie
à la «déformation» des propos. Pourtant tout est dit : «En 1905, il y avait
très peu de musulmans en France, aujourd'hui, il y en a entre 5 et 6 millions.
Cet accroissement du nombre de fidèles et un certain nombre de comportements
posent problème. Il est clair que les prières dans les rues choquent un certain
nombre de concitoyens. Et les responsables des grandes religions ont bien
conscience que ce type de pratique leur porte préjudice». L'amalgame raciste
est total. Le ministre de l'Intérieur mélange le «nombre» des musulmans, jugés
à ses yeux excessifs, avec la tendance d'une infime partie de pratiquants qui,
à défaut de trouver des places dans les mosquées, prient dans la rue. M. Guéant
n'ignore absolument pas que dans des pays arabes, les autorités interdisent les
prières dans les rues. Cela énerve parfois, mais cela se fait sans vague car il
existe en général d'autres mosquées comme alternative. Les autorités françaises
disposent des lois ordinaires pour empêcher que des rues soient encombrées, elles
n'ont pas besoin de se lancer dans un discours fangeux qui doit faire pâmer
d'aise les lepénistes de France.
Volonté de nuire
M. Guéant aurait pu de manière très civilisée faire intervenir la force
publique pour veiller à ce que la rue ne soit pas encombrée tout en
réfléchissant à la possibilité pour les musulmans d'avoir des lieux de culte.
Il a préféré en rajouter une louche raciste à la veille d'un débat controversé
– et disons-le, immonde – sur l'Islam, initié par le parti de Nicolas Sarkozy.
Il y a clairement une volonté de nuire. Il faut préciser aussi – même si cela
n'est pas un argument – que M. Guéant ne parle pas d'étrangers mais de
Français. Aucun ministre français ne se permettrait de dire – et c'est tout à
fait normal – qu'il y a trop de juifs, de protestants ou de bouddhistes en
France. Le responsable français – qui est également ministre du Culte – pense
qu'il peut se permettre de mettre en cause les musulmans et juger qu'ils sont
trop nombreux. Bien entendu, la droite s'empresse de dénoncer une déformation
des propos. Et dans le cas d'espèce, le Premier ministre français, François
Fillon, qui s'est «accroché» avec le chef de l'UMP, Jean-François Copé, au
sujet du débat sur «la laïcité», s'est empressé d'apporter son soutien à son
ministre de l'Intérieur. Mais c'est un jeu connu. M. Guéant lâche les mots qui
choquent – et dont l'objet est de racoler dans l'électorat lepéniste –, et les
autres se chargent d'assurer sa défense. La droite française, qui cherche par
tous les moyens à redresser la barre pour un Nicolas Sarkozy en perte de
vitesse dans les sondages, est dans une infecte démarche d'escalade
islamophobe. Les «basanés» de France, qui, aux yeux de la droite, sont tous des
«musulmans», qu'ils pratiquent la prière ou non, risquent d'en voir de toutes
les couleurs d'ici aux élections présidentielles françaises. Car il est clair
que cette droite qui a échoué sur tous les registres (pouvoir d'achat, emploi…)
fera tout pour les mettre au centre du débat.
Les démangeaisons d'aujourd'hui vont devenir plus purulentes, les
politiques français dont le niveau se dégrade à vue d'Å“il montrent qu'ils ne
s'embarrassent pas de scrupules pour des objectifs électoraux. Cette mise à
l'index permanente des musulmans – qui ne sont pourtant pas organisés et ne
font pas jouer leur force électorale potentielle – est dangereuse.
Un discours vindicatif
Ce discours vindicatif est porté jusqu'au bout de sa logique par des
courants d'extrême-droite qui n'hésitent plus à évoquer de renvoyer ces
Français vers des pays musulmans. A croire que la fonction de ministre de
l'Intérieur sous Nicolas Sarkozy est de courir constamment derrière les
racistes… À la mi-mars, Claude Guéant avait déjà flatté la bête en affirmant
que les Français «ont parfois le sentiment de ne plus être chez eux à cause de
l'immigration». Jusqu'où ira-t-il ? Les propos sur le «nombre» des musulmans
suscitent une grande indignation. SOS Racisme estime que le ministre de
l'Intérieur a franchi aujourd'hui un cap indigne d'un représentant de la
République» et envisage une action en justice. Le Mrap (Mouvement contre le
racisme et pour l'égalité entre les peuples) a d'ores et déjà annoncé sa
décision de porter plainte contre le ministre. «Ces propos démontrent une fois
de plus que les garde-fous qui séparaient la droite républicaine de
l'extrême-droite ont sauté et que le gouvernement français intègre désormais la
parole raciste dans son discours officiel», estime le Mrap qui accuse l'UMP de
choisir «une politique de la haine» qui «ne peut que conduire au pire». «A
chaque fois que Claude Guéant s'exprime depuis qu'il est ministre de
l'Intérieur, il y a polémique», «son obsession, c'est de parler des musulmans»,
a relevé François Hollande, candidat à la primaire socialiste. «Nous sommes
dans un tournant délirant», a estimé le député PS de Paris Jean-Christophe
Cambadélis. «Ils sont français en premier lieu et musulmans en second lieu et
ne revendiquent pas les lois de l'islam pour pratiquer leur religion», a
insisté Lhaj Thami Breze, responsable du Conseil régional du culte musulman
pour l'Ile-de-France. Apparemment, M. Guéant ne les considère toujours pas
comme des Français.
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Posté Le : 06/04/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Salem Ferdi
Source : www.lequotidien-oran.com