Le secteur du bâtiment est, à Souk-Ahras, le maillon faible du circuit économique et demeure une zone de non-droit pour les centaines de personnes qu'il emploie, souvent dans l'informel.Les responsables reprochent aux jeunes demandeurs d'emploi sans diplôme le refus de travailler et ces derniers ont leurs raisons qui sont, on ne peut plus convaincantes. «J'ai trimé une année chez un particulier qui m'a remis après réception du projet la somme de dix mille dinars sans plus», fulmine Salah Drabssi, un maçon spécialisé, qui n'a ni les moyens ni le temps de s'impliquer dans les méandres du circuit judiciaire. H. Gouasmia est un man?uvre qui se charge en plus de ses tâches quotidiennes de plusieurs autres besognes, telles que le gardiennage et le nettoyage des lieux.Son salaire distillé chaque mois à dose homéopathique est aujourd'hui remplacé par des objets hétéroclites. «En guise de paie, mon employeur m'offre des fripes et des matériaux de construction que je dois vendre au marché pour pouvoir subsister», a-t-il dénoncé.Les six autres témoignages que nous avons réussi à collecter chez ces travailleurs vulnérables portent sur le refus de déclaration au niveau des assurances, la privation du congé et des jours fériés, le non-respect des mesures d'hygiène et de sécurité et les salaires impayés. Le constructeur d'un imposant édifice public a trouvé mieux : il emploie des dizaines de manutentionnaires et de maçons qu'il renvoie en fin d'échéance de paiement pour ensuite recruter d'autres. Ceux qui désirent réclamer leur dû sont aussitôt corrigés à coups de gourdin par des repris de justice recrutés comme videurs.Les commissions mixtes créées dans le sillage d'une politique d'organisation du marché de l'emploi et de coordination entre instances de contrôle, à savoir, entre autres les services de la CNAS et ceux de l'inspection du travail, n'ont pu donner que des résultats sveltes à en juger les situations litigieuses.L'été dernier, la firme chinoise Syno-hydro, pour ne citer que celle-ci, proposait, selon les chiffres officiels de l'AWEM (Agence wilayale de l'emploi) 10 000 postes d'emploi dans le secteur du bâtiment. Une offre qui n'a jamais été satisfaite à cause des appréhensions des jeunes demandeurs d'emploi, victimes déjà des agissements des entrepreneurs locaux.
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Posté Le : 09/12/2015
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Abderrahmane Djafri
Source : www.elwatan.com