Cette présente analyse est une synthèse de mes différentes contributions depuis plus d'un trentaine d'années. Ne vendons pas des rêves utopiques à la population algérienne, l'Algérie devant connaître des tensions budgétaires entre 2020/2025 d'où l'importance d'une gouvernance rénovée, un sacrifice partagé et une réorientation urgente de toute la politique socio-économique.Un discours de vérité s'impose autant que le réalisme loin des mesures d'injonctions bureaucratiques du passé. L'Algérie est en 2020 et non plus dans les années 1970. Le bilan 2000/2018 montre une entrée de devises ayant dépassé 1000 milliards de dollars et les sorties de devises plus de 920 milliards de dollars ayant donné un taux de croissance dérisoire n'ayant jamais dépassé 2/3% en moyenne annuelle alors qu'il aurait du être entre 9/10%. La cartographie économique est constituée de 83% de petits commence/services, le secteur industriel représentant moins de 6% du produit intérieur brut ,(97% de PMI/PME peu innovantes), la sphère informelle accaparant plus de 50% de la superficie économique et surtout une non adaptation au nouveau monde étant à l'aube de la quatrième révolution économique 2020/2030. Si l'on prend les données du FMI les réserves de change s'établissent à environ 61/62 milliards de dollars fin 2019 et selon de l'ONS en moyenne pour 2018/2019 , les importations de biens, s'établissent à environ 44/47 milliards de dollars, malgré toutes les restrictions auquel il faut ajouter une moyenne de 9/10 de dollars de sorties de devises pour les services alors que les entrées de devises fluctuent en fonction du cours des hydrocarbures entre 35/37 milliards de dollars, accroissant les tensions au niveau de la balance des paiements , seul document de référence et non la balance commerciale. En ce mois de fin de décembre 2019, Sonatrach sur le plan économique procure directement et indirectement 98% des recettes en devises du pays, avec 33% des recettes provenant du gaz naturel dont le prix a chuté de près de 50%entre 2008/2019,(2/3 dollars le MBTU sur le marché libre) alors que la loi de finances 2020 pour l'équilibre budgétaire nécessite un baril entre 95/100 dollars, alors que les prévisions donnent pour 2020/2021 un baril ne dépassant pas 60/65 dollars. Comme impact de la baisse du cours des hydrocarbures, qui sera de longue durée, les prévisions de croissance pour l'Algérie du FMI et de la Banque mondiale sont inquiétantes, inférieures au taux de croissance démographique ce qui ferait passer le taux de chômage officiel de 11% en 2019 à plus de 13% en 2021. Et, comme je l'ai souligné depuis de longues années (1) l'une des taches qui attend le gouvernement est de mettre sur rail ces réformes, tout en les accompagnant d'un travail pédagogique en direction de la population, ce que j'essais de faire depuis 1974, privilégiant uniquement les intérêts de l'Algérie, à la fois à travers les fonctions occupées et de mes modestes contributions nationales et internationales. La léthargie des secteurs productifs créateur de valeur ajoutée, moins de 15/20% de taux d'intégration tant pour le secteur public que privé, la rente des hydrocarbures irriguant tout le corps social, trouve son essence dans des enjeux importants de pouvoir concernant l'approfondissement ou pas des réformes structurelles tant dans le domaine politique, économique culturel que social. Toutefois évitons toute sinistrose. Si les conditions d'adaptation aux nouvelles mutations mondiales, supposant une stratégie clairement datée dans le temps, fondée sur la bonne gouvernance, la valorisation du savoir, l'Algérie, fortes de ses importantes potentialités peut réaliser une économie diversifiée et devenir un pays pivot , facteur de stabilité de la région méditerranéenne et africaine. Toute déstabilisation de l'Algérie, comme je le soulignais dans trois interviews (2016/2018), deux aux USA, à l'American Herald Tribune et l'autre en France à la Tribune.FR, aurait des répercussions géostratégiques sur toute la région. Dans cette hypothèse, non souhaitable, l'Algérie se trouvera de plus en plus dépendante tant sur le plan géostratégiques, politique qu'économique, ne devant pas être utopique, en ce monde incertain et turbulent n'existant que des intérêts et pas de sentiments, insensibles aux slogans .Le plus important, pour le futur gouvernement sera de faire face à la situation économique et sociale qui devra affronter une crise exceptionnelle avec la chute du cours des hydrocarbures qui sera de longue durée, devant à tout prix approfondir la réforme globale, devant concilier efficacité économique et la nécessaire cohésion sociale à laquelle je suis profondément attaché. C'est la dernière chance pour l'Algérie : où elle réussit des réformes structurelles entre 2020/2022, douloureuses à court terme mais porteuses d'espoir à moyen terme, ou à l'horizon 2022, elle ira inévitablement au FMI avec d'inévitables tensions politiques, sociales et économiques, ce qu'aucun algérien ne souhaite. Pour ma part, je suis persuadé que l'Algérie contrairement à certains qui se livrent à de la sinistrose, recèle d'importantes potentialités pour surmonter la crise multidimensionnelle à laquelle elle est confrontée. Pour dépasser l'entropie actuelle et donc la crise politique et économique actuelle, il convient d'analyser la stratégie des acteurs internes et externes. Un modèle économique non porté par des forces politiques, économiques et sociales n'a aucun sens et aucune portée opérationnelle. Il s'agit en tout premier lieu d'identifier les différents intervenants dans le processus des réformes économiques, qu'ils y soient favorables ou défavorables, qu'ils soient nationaux ou étrangers. Dans une seconde étape, il s'agira de procéder à l'analyse des stratégies qu'ils mettent en ?uvre pour soutenir les réformes, les bloquer ou, à défaut, les ralentir, en évaluant les moyens mis au service de ces stratégies. Quels sont les trois scénarios pour l'Algérie /2020/2022/2025 ' Nous avons le premier scénario où les conditions de l'échec sont réelles et réunies dans l'environnement juridique et économique algérien. La raison est le poids important de la bureaucratie centrale et locale soutenu par les tenants de la rente , renforcées par la faiblesse de visibilité et de cohérence dans la démarche économique et sociale et enfin les fortes pressions pour revenir aux pressions protectionnistes. Le second scénario serait le statu quo. Il préparera les conditions de l'échec en imputant les conditions sociales actuelles (pauvreté et chômage) aux réformes, qui, malgré la stabilisation macro-économique, n'en sont qu'à leurs débuts (réformes microéconomiques et institutionnelles, enjeux des années 2020/2025), ou à des organes techniques alors que l'essence réside dans l'absence de volonté politique (neutralisation des rapports de force). Le troisième scénario concerne la réussite des réformes dont les conditions sont également contenues dans son environnement juridique, économique et politique pour une économie de marché concurrentielle productive à finalité sociale dans le cadre du concert des nations. Une communication active par le devoir de vérité, s'appuyant sur des réseaux crédibles, la bonne gouvernance et la réhabilitation du savoir, ère du XXIe siècle, sont fondamentales pour faire aboutir la réforme globale. Ne nous trompons pas de cibles pour paraphraser le langage militaire. Ce n'est pas une question d'âges pouvant trouver les conservateurs et les réformateurs au niveau de toutes les franges de la société mais d'une volonté politique de changement porté par des forces sociales pour le développement des libertés économiques, sociales et politiques. Dans l'histoire récente de l'Algérie, la question des réformes ? qu'elles soient économiques ou politiques ? a donné lieu, en raison des enjeux qu'elles représentent, à l'élaboration de stratégies antagoniques qui ?uvrent à la défense et à la promotion de ces dernières ou, au contraire, à leur blocage et, à défaut, à leur perversion ou à leur ralentissement. En résumé, le fondement de tout processus de développement comme l'ont démontré tous les prix Nobel de sciences économiques à la lumière des expériences concrètes, repose sur un Etat de droit, la moralisation de la société et sur des institutions crédibles et c'est une Loi universelle. L'Algérie sera avant tout ce que les Algériennes et les Algériens voudront qu'elle soit. Pour le devenir de l'Algérie et donc de nos enfants, en dehors des querelles partisanes, souhaitons au nouveau président de la république qu'il puisse redonner confiance, rassembler les algériens, lutter contre la corruption, par la bonne gouvernance et faire de l'Algérie une économie diversifiée en privilégiant, loin de tout populisme dévastateur, l'efficacité économique combinée avec une profonde justice sociale. Professeur des universités, expert international Dr Abderrahmane Mebtoul
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Posté Le : 22/12/2019
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Abderrahmane Mebtoul
Source : www.lnr-dz.com