Algérie

Les déficits jumeaux dépasseraient 10% du PIB



Outre l'aggravation des déficits budgétaire et courant, le Crédit Agricole prévoit une chute des réserves en devises et une hausse de la dette publique en Algérie.Les conséquences de la crise du coronavirus dans la région Mena (Moyen-Orient et Afrique du Nord) se précisent peu à peu, au fur et à mesure que l'ampleur de l'épidémie est connue dans les Etats de la région et que les mesures de lutte contre la contagion dessinent plus précisément les conséquences économiques sur chaque pays, relève le groupe bancaire français Crédit Agricole SA, dans sa dernière publication Perspectives. "L'activité s'effondre" et "des récessions se seraient déjà matérialisées en mars", relève le groupe bancaire français.
"Cette récession va avoir plusieurs conséquences macroéconomiques déjà identifiées : un large dérapage des déficits budgétaires et parfois courants, une chute probable des réserves en devises, des hausses de dettes publiques et externes et des tensions sur les changes pour les monnaies les plus fragilisées", lit-on dans les dernières Perspectives du Crédit Agricole SA. Pour l'Algérie, le groupe bancaire français évoque des déficits jumeaux supérieurs à 10% du produit intérieur (PIB). Il prévoit une chute des réserves en devises et une hausse de la dette publique.
Les impacts microéconomiques sur le tissu des entreprises, quelle que soit leur taille, vont aussi être très élevés et ont déjà été pris en compte par les décalages de paiement des échéances bancaires dans la plupart des pays de la région. "Au total et en fonction de l'évolution de la crise sanitaire, la région devrait être très affaiblie par une crise qui touche le c?ur de ses activités rentières", estime le Crédit Agricole.
Le groupe bancaire français dit apercevoir "un peu plus de visibilité sur le marché du pétrole après l'accord entre l'Arabie saoudite et la Russie sur une baisse de production historique de 10 millions de barils par jour, afin de contenir l'effondrement des prix sur les marchés". Mais, souligne l'établissement bancaire français, "sur une offre totale de 95 millions avant la crise, cette baisse reste encore insuffisante pour répondre à celle de la demande engendrée par la crise Covid qui retirerait 15 à 20 millions de barils par jour". Depuis l'accord, constate le Crédit Agricole, le prix du Brent fluctue entre 28 et 33 dollars par baril, une chute supérieure à 50% par rapport à l'année dernière.
"La chute simultanée des prix et des volumes va donc fortement affecter les PIB pétroliers des pays producteurs qui entreront en récession. Ceux-ci essaient d'ailleurs d'atténuer leur effondrement par des mesures de soutien public contra-cyclique, grâce aux gros moyens financiers dont certains d'entre eux disposent, notamment dans les pays du Golfe", relève le groupe bancaire.
"Au total, c'est donc bien la quasi-totalité des activités rentières de la région qui est affectée par cette crise : production d'hydrocarbures, productions minérales ou de métaux, transport et tourisme, et plus marginalement les activités financières", lit-on dans la même note. Le tourisme devrait accuser un manque à gagner de 40 milliards de dollars, tandis que les compagnies aériennes de la région seraient en perte de 14 milliards de dollars.
L'arrêt des activités est accentué par l'effondrement de la demande des pays développés d'Europe et d'Amérique du Nord. Rappelant les prévisions du FMI, le Crédit Agricole indique que la récession régionale moyenne s'établit à -3,3% (et -6,2% au Maghreb). "Des chiffres pour l'instant peu commentés, mais pas démentis et parfois confirmés par les différents gouvernements", relève le groupe bancaire français.
En Algérie la récession devrait s'établir à -5,2%. "À part quelques exceptions, les pays qui vont souffrir des plus fortes récessions sont aussi ceux qui disposent de moins de ressources financières dans leurs fonds souverains pour soutenir l'ensemble des activités et des entreprises en difficulté", estime le groupe bancaire français.


Meziane Rabhi


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