Algérie

"Les déclarations d'Ouyahia justifient la répression"




Les accusations portées par Ahmed Ouyahia dans un entretien publié, hier, sur El Khabar, contre les mouvements autonomistes de Kabylie et du M'zab, évoquant des liens supposés qu'ils entretiendraient avec "des cercles en France et au Maroc" n'ont pas laissé de marbre les avocats des détenus de Ghardaïa. Ainsi, Me Salah Dabouz, membre du collectif de la défense du Dr Fekhar et ses codétenus, n'y est pas allé de main morte pour répliquer à celui qu'il qualifie de "commis du régime". Me Dabouz a souligné que les déclarations d'Ouyahia sur le sujet ont pour but de "justifier la répression" et sont orientées "plus vers la consommation interne" que vers "une réelle quête de vérité".L'avocat rappelle que ce n'est pas la première fois qu'Ouyahia fait "des déclarations surprenantes" sans être, pour autant, "inquiété" par "la justice" ou "rappelé à l'ordre par sa hiérarchie". Il s'est interrogé sur le rôle "des services de sécurité et de renseignements" qui n'ont pas, estime-t-il, "pu prévenir l'existence d'une telle manipulation étrangère". Pour Me Dabouz, "ces services étaient probablement occupés à surveiller des activistes et des militants, laissant en rade la sécurité nationale". Me Dabouz ne comprend pas pourquoi le pouvoir évoque, sempiternellement, la main étrangère, alors que "de simples candidats à la présidentielle française et même des maires de l'Hexagone sont accueillis par le chef de l'Etat".Il a ajouté, dans le même ordre d'idées, qu'il est "tout de même incompréhensible que les tenants du régime évoquent la manipulation étrangère contre tout mouvement interne, au moment où ces mêmes responsables se soignent là-bas, vivent là-bas pour certains, pendant que leurs enfants suivent leurs études là-bas...". "Que fait la diplomatie algérienne dans ce cas de figure '", s'interroge encore l'avocat pour relever "ce manque de réaction officielle contre des tentatives de déstabilisation du pays par des pays étrangers". Concernant une autre déclaration d'Ouyahia, avouant qu'il se mettrait à la disposition de la justice si cette dernière le convoquait pour l'entendre sur ses déclarations à propos des événements de Ghardaïa, l'avocat a souligné qu'à travers cette déclaration, "Ouyahia tente de dégager sa responsabilité de n'avoir pas saisi la justice pour lui communiquer des informations qu'il détiendrait sur les événements meurtriers de Ghardaïa", ajoutant qu'il appartient désormais à la justice de le convoquer ou d'assumer la responsabilité de sa non-convocation.Pour rappel, Ouyahia avait accusé des commanditaires qui payaient des jeunes 50 000 DA/jour pour mettre le feu aux poudres dans la région de Ghardaïa. Car, rappelle Me Dabouz, quand un citoyen détient des informations sur un sujet aussi sensible que la sécurité nationale, "il doit les mettre à la disposition de la justice". Ce qui n'est pas le cas d'Ahmed Ouyahia dont les déclarations sont, estime l'avocat, "incorrectes" et relèvent d'un "chantage". Il considère que les réactions d'Ouyahia sur le sujet "ressemblent plus à des man?uvres" qu'à "des éclairages sur des événements qui n'ont pas livré, encore, tous leurs secrets".Mohamed Mouloudj


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